N, présidente de « Martinique Bio- sphère » qui porte la candidature de la Martinique au titre prestigieux de « Ré- serve de Biosphère » de l’UNESCO nous dit tout ce qu’il faut savoir sur cette démarche prometteuse pour notre pays.

Vous êtes Présidente de l’association Martinique Biosphère. Quel est son objet ?

L’association a été constituée le 28 juin 2017 pour bâtir le dossier de can- didature de la Martinique au titre de « Réserve de Biosphère » de l’UNESCO.


Qui sont les créateurs de cette association ?

Elle rassemble 18 membres fonda- teurs, parmi lesquels 5 associations et institutions (l’ASSOCIATION des MAIRES représentée par Maurice BONTÉ, le CARBET des SCIENCES re- présenté par Lionel REYNAL, CONTACT-ENTREPRISES représenté par Lucie MANUEL, le CODERUM re- présenté par Charles LARCHER et TROPIQUES ATRIUM représenté par Bernard LAGIER) et 13 personnes physiques dont Monseigneur David MACAIRE, Coralie BALMY, Michel FAYAD, Jean-Raphaël GROS-DESOR- MEAUX, Mireille JARDIN, Jean-Paul JOUANELLE, Nathalie de POMPI- GNAN, Emmanuel LISE, Emmanuel NOSSIN, Karine ROY-CAMILLE, Dr Ruddy VALENTINO, Emmanuel de REYNAL, Christophe YVON.

C’est la première fois dans l’histoire des candidatures à ce titre qu’une as- sociation apolitique rassem- blant une société civile aussi diverse porte une telle candidature. L’UNESCO suit donc cette initiative avec beaucoup d’attention.

Pouvez-vous nous rappeler ce qu’est l’UNESCO ?

L’UNESCO est l’Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture. C’est une institution spécialisée de l’Organisation des Nations Unies. Elle a été créée le 16 novembre 1945 à la suite des dégâts et des massacres de la seconde guerre mondiale. Elle compte 195 membres et 8 membres associés. Son siège est à Paris. Sa mission est de contribuer à la construction d’une culture de la paix, à l’éradication de la pauvreté, au développement durable et au dialogue interculturel par l’éducation, les sciences, la culture, la communication et l’information. Elle poursuit cet objectif par la mise en place de différents programmes.

Que sont les réserves de biosphère ?

Ce sont des sites qui ont reçu un titre mondial décerné par l’UNESCO dans le cadre de son programme sur l’Homme et la Biosphère pour promou-voir un développement durable.

Ce programme rassemble les territoires engagés dans une démarche de développement économique et social durable, tout en préservant leurs richesses naturelles et culturelles. C’est un des plus anciens de l’UNESCO. Il constitue depuis 1970 un réseau mondial qui compte en 2020 701 réserves de biosphère dans 122 pays. La Caraïbe compte 14 réserves de biosphère dans 8 pays de la Caraïbe. La France compte également 14 réserves de biosphère sur son territoire dont celles de Guadeloupe et de Polynésie.

Les territoires ainsi distingués se sont engagés dans une triple démarche : conserver et valoriser leurs richesses naturelles et culturelles, promouvoir et valoriser leurs savoir- faire, produits et services dans le cadre d’un développement durable et valoriser la recherche scientifique et l’éducation environnementale.

Il importe de noter que contrairement à ce que peut faire penser le terme de « réserve » une « réserve de Biosphère » n’est pas une catégorie d’aire protégée. Elle n’impose aucune règlementation et n’a aucun pouvoir règlementaire. Elle émane d’une volonté locale et non de l’Etat. D’ailleurs, celui-ci n’intervient pas dans le processus de validation de la candidature auprès de l’UNESCO. Au niveau français, le Programme « Homme et Bio- sphère » relève du Comité MAB (Man and the Biosphere) France. C’est ce Comité qui l’anime, le met en œuvre  à l’échelle nationale et assure les liens entre les 14 territoires Réserves de Biosphère. C’est aussi le Comité qui va- lide les candidatures avant leur transmission à l’UNESCO.

Pourquoi cette démarche de candidature ?

La Martinique a des richesses extra- ordinaires. Elle est une des plus belles îles des Caraïbes et possède des atouts considérables terrestres (le Diamant, la Montagne Pelée) et marins (3 grands écosystèmes tropicaux), culturels et humains (musique, artisanat, patrimoine architectural, tradi- tions, évènement sportif unique, ambassadeur que le monde entier nous envie : le rhum).

Ces atouts symbolisent le logo de « Martinique Biosphère ».

Mais les défis du territoire sont très importants : réalité économique et sociale difficile, démographie en perte de vitesse, exil de la jeunesse, milieux naturels qui se dégradent et pollutions aux graves conséquences. A tous ces défis est venu s’ajouter celui de la COVID qui vient complexifier encore une situation déjà inquiétante.

Or, à l’échelle internationale, existent des outils qui s’attachent à relever ces défis.

Le titre de « Réserve de Biosphère » en est un. Alors pourquoi s’en priver ?

Il existe deux autres démarches martiniquaises en direction de l’UNESCO pour l’obtention de titres mondiaux. Est-ce que ces différentes candidatures sont compatibles entre elles ?

En effet deux autres démarches martiniquaises de labellisation mondiale sont en cours auprès de l’UNESCO. Trois démarches martiniquaises de la- bellisation mondiale sont effectivement en cours auprès de l’UNESCO.

L’une portée par le Parc Naturel Régional de la Martinique, au titre du Patri- moine Mondial Naturel pour 2 sites de notre territoire : les volcans et forêts de la Montagne Pelée et des Pitons du Nord. Il s’agit, dans ce cadre, d’assu- rer ou de renforcer la protection d’un bien dont la valeur universelle et ex- ceptionnelle est reconnue.

L’autre, potée par le Comité de Pilotage de la Yole de Martinique, au titre de Patrimoine Culturel Immatériel, pour la yole. Il s’agit de sauvegarder ici des savoir-faire particuliers en vue de reconnaitre une pratique culturelle immatérielle spécifique.

La troisième enfin est portée par notre association pour le titre de « Réserve de Biosphère » et concerne tout le ter- ritoire. D’ailleurs, un site du Patrimoine mondial est souvent intégré dans une Réserve de Biosphère. Dans la Caraïbe, c’est le cas, entre autres, de Cuba, la République dominicaine et Saint Kitts et Nevis.

Ces trois candidatures prestigieuses servent des objectifs différents mais complémentaires. Elles s’enrichissent, se complètent et se renforcent mutuellement pour servir le développement et l’attractivité de la Martinique. Elles permettent de braquer sur elle les puissants projecteurs de l’UNESCO. Des projecteurs mondiaux.

Martinique Biosphère appuie et soutient très vivement les démarches du Parc Naturel Régional et de la Yole ronde. Cette triple démarche de la Martinique vers une reconnaissance mondiale est une chance à saisir pour la Martinique, et nous pouvons que nous en réjouir.

Quelles ont été les étapes de la démarche au titre de « Réserve de biosphère » ?

La première phase a duré 13 mois. Entre septembre 2018 et octobre 2019, nous avons organisé 34 réunions dans les 34 communes de Martinique. Plus de 3500 personnes ont participé à ces réunions d’information et de co-construction.

Cette phase a permis l’engagement des 34 communes, donc de l’intégralité du territoire, dans la démarche de candidature.

Chacune de ces rencontres a fait l’objet d’un compte rendu dont on peut prendre connaissance en allant sur le site de « Martinique Biosphère » : www.martinique-biosphere.fr. Et ces 34 comptes-rendus ont été intégrés dans le dossier de candidature.

La seconde phase a consisté dans la présentation aux représentants des communes, du monde socio-économique, académique, scientifique et religieux de la synthèse des atouts mis en avant et principaux enjeux du territoire qui ont été identifiés par les participants aux réunions territoriales.

Enfin la troisième et dernière phase a vu la constitution du dossier de candidature par une équipe dédiée. Nous avons transmis ce dossier le 7 mai dernier au Comité français du Programme Homme et Biosphère-MAB ( Man and the Biosphere) .

Deux experts nationaux ont alors étudié le dossier de candidature de la Martinique et m’ont auditionnée en juin dernier. Ce dossier a été validé en septembre puis transmis officiellement à l’UNESCO par le Comité français.

Quelle a été l’attitude des différents élus devant votre initiative ?

Notre initiative a été très largement saluée et ceci dès le départ. Le Président du Conseil Exécutif de la CTM, Monsieur Alfred MARIE-JEANNE, le Président de l’assemblée de Martinique Monsieur Claude LISE et le Président de l’Association des maires, Monsieur Maurice BONTE qui sont les premiers élus auxquels nous avons présenté notre projet nous ont tous les trois encouragés et appuyés. Ensuite, au fur et à mesure que nous présentions cette candidature, nous avons recueilli les appuis des 34 maires de Martinique.

Quelles sont les prochaines étapes de votre dossier de candidature ?

Ce sont maintenant les experts internationaux du Comité International du Programme Homme et Biosphère de l’UNESCO qui vont étudier notre dossier. Si l’avis du comité international d’experts est favorable, l’UNESCO pourrait valider la candidature de la Martinique lors de la réunion annuelle du Conseil International de coordination du MAB prévue le 28 juin 2021 à Lagos au Nigeria, à condition que les problématiques liées au covid-19 ne retardent pas ce délai.

Nous avons très bon espoir d’obtenir ce titre mondial et que la Martinique puisse intégrer l’important réseau inter- national des territoires « Réserves de Biosphère » en 2021 !

Qu’est-ce que cela apportera à la Martinique ?

Mondialement reconnu, le titre de Réserve de Biosphère est un instrument fort d’attractivité, de reconnaissance et de valorisation de nos atouts à l’échelle du monde. Il nous donnera une visibilité internationale.

Il sera un outil de communication puissant pour la Martinique, en particulier pour les savoir-faire, les produits locaux, le tourisme, et les produits agricoles traditionnels.

Il sera un levier de développement économique et social pour le territoire en donnant accès à des réseaux de coopération, à des institutions interna- tionales avec lesquelles travailler et à des financements internationaux.

Il sera enfin forcément créateur d’emplois puisqu’il faudra accueillir dans de bonnes conditions tous les touristes supplémentaires qui viendront visiter la Martinique grâce au titre UNESCO « réserve de biosphère ».

Enfin, et ce n’est pas le moindre apport, cette reconnaissance mondiale permettra d’encoura- ger la jeunesse, de renforcer la confiance en l’avenir et la fierté d’être Martiniquais.

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