Le pesticide chlordécone utilisé en Martinique dans la banane pendant de trop longues années (de 1972 jusqu’à 1998) est classé cancérigène possible et reconnu par la communauté scientifique comme un puissant perturbateur endocrinien. Son usage massif à des fins financières a donc des conséquences extrêmement graves pour la santé des humains, des animaux et pour l’environnement, sans compter tous les effets inconnus à ce jour.

Nos sols (les terres), les eaux de rivières, la mer sont durablement pollués et les professions agricoles et la pêche sont fortement impactées. Depuis 2008 l’État a mis en place trois Plans d’action chlordécone qui se sont tous révélés inefficaces ; de grandes ambitions mais peu de résultats. Comment comprendre que la cartographie des sols pollués et des masses d’eau, éléments indispensables pour garantir une production alimentaire saine, n’est toujours pas achevée ? Comment comprendre qu’il n’y a aucun dispositif mis en œuvre pour la surveillance médicale des travailleurs de la banane et des anciens travailleurs, qui sont encore très fortement exposés à la chlordécone et à d’autres pesticides ? A quand l’inscription du cancer de la prostate au tableau des maladies professionnelles ? Et qu’en est-il de l’aide à la reconversion des agriculteurs et des pêcheurs ?
Alors que Le troisième plan s’achève, le nouveau le Plan Chlordécone 4 pour lutter contre la pollution par le chlordécone et ses effets a été présenté par le préfet. Ce plan comme celui qui le précédait c’est-à-dire le Plan 3 Chlordécone, rassemble des actions juxtaposées, peu détaillées, autour de six axes dits stratégiques. On constate encore une fois qu’il n’y aucun calendrier pour ces actions : les niveaux de priorité ne sont pas définis. Quels seront les indicateurs de suivi et les outils d’évaluation ? Pour le moment il y a peu d’informations. Par ailleurs les financements pour les actions prévues sont faibles et incertains, et proviendront pour un tiers par le PITE (Programme des Interventions Territoriales de l’État). Rappelons que le PITE est alimenté par des crédits des ministères de l’agriculture, de l’économie et des finances, de la transition écologique, de la santé, de la recherche et des Outre-mer.
Le montant du PITE reste faible et variable selon les années, entre 2 et 4 Millions d’euros, et pour ce nouveau plan environ 4,5 Millions d’euros. Des « miettes » comme l’a déjà dit notre député Serge Letchimy dans une interview à la presse. En effet à titre de comparaison, ce sont annuellement près de 130 Millions d’euros
qui sont alloués aux seuls acteurs de la filière banane antillaise au titre du Programme d’options spécifiques pour l’éloignement et l’insularité (POSEI). Les financements mobilisés ne sont pas à la hauteur de l’ampleur du désastre sanitaire, socio-économique, environnemental ni des enjeux (sanitaire, socio-économique, de dépollution). C’est une honte !!
Une loi d’orientation et de programmation permettrait de sécuriser les financements nécessaires à la lutte contre les conséquences de la pollution par le chlordécone et surtout à long terme. C’est une revendication forte de notre parti, et nous continuerons à l’exiger de l’Etat, sans relâche.
Une consultation publique a été lancée sur internet et dans les mairies depuis le …. pour recueillir l’assentiment, les remarques et les propositions de la population martiniquaise et guadeloupéenne. On doit s’interroger sur la méthode choisie et les intentions. Ce mode de consultation est en effet inadapté pour une majorité des citoyens, surtout pour ceux qui sont concernés directement comme les agriculteurs et les pécheurs. Des débats publics sur tout le territoire avec la participation des citoyens et les associations impliquées dans la lutte contre les conséquences de la pollution à la chlordécone auraient été l’occasion d’échanger, de co-construire avec la population et afin de rétablir la confiance. L’appel à donner son avis sur les différentes stratégies proposées par l’État ne doit pas faire illusion ; en particulier il n’est pas fait mention des responsables de l’empoisonnement de nos sols et de nos concitoyens et les modalités de la réparation et de la prise en charge des personnes affectées ne sont pas nettement abordées.
La lutte pour faire aboutir nos revendications concernant les conséquences funestes de l’utilisation du chlordécone en Guadeloupe et en Martinique concerne tous nos compatriotes. C’est pourquoi il faut l’intensifier et la rendre visible dans tout le pays, dans toutes les communes, du nord au sud, de l’est à l’ouest. Nous savons que l’État usera de tous les moyens pour se dérober.
Mobilisons-nous le 12 Décembre à Trinité, pour exiger justice et réparation pour les préjudices subis par la pollution au chlordécone en Martinique et en Guadeloupe.
Lydie LUCE-VERONIQUE /BRUSSET Membre du bureau politique du PPM

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