Cinq secteurs stratégiques ont été définis : la santé, l’électronique, l’industrie agroalimentaire, les intrants essentiels à l’industrie et les applications de la 5G.
@Bercy
Site Novethic

La relance verte passe par la relocalisation d’usines sur le sol français pour réduire la part de nos émissions de CO2 importées – qui ont presque doublé entre 1995 et 2018. L’enjeu est de créer des emplois sur notre territoire en s’appuyant sur cinq secteurs stratégiques comme la santé, l’électronique ou l’agroalimentaire. Des secteurs qui ne sont cependant pas les plus émetteurs de CO2.

Cette fois, c’est décidé. Le plan de relance doit s’accompagner d’une vague de relocalisation d’usines en France. Rupture des chaînes d’approvisionnement mondiales, forte dépendance à l’Asie, empreinte carbone trop élevée : la crise du Covid-19 a remis le “made in France” sur le devant de la scène. Agnès Pannier-Runacher, la secrétaire d’État à l’industrie, déclare ainsi que “le plan France Relance vise à bâtir une France indépendante, qui maîtrise son empreinte environnementale sur les territoires”.

Depuis vingt ans, les émissions de gaz à effet de serre de l’industrie ont baissé de 40 % en France, celles de l’activité globale de 20 %, tandis que l’empreinte carbone du pays continuait à augmenter (+17 %), en raison des importations de produits fortement carbonés. Ainsi, les émissions importées représentent désormais 57 % de l’empreinte carbone des Français et ont quasiment doublé entre 1995 et 2018, selon les dernières statistiques publiées en début d’année par le ministère de la Transition écologique (1).

Équation complexe

Rapatrier la production devrait en toute logique réduire la part d’émissions importées, d’autant que le gouvernement double son mouvement de relocalisation d’une stratégie de décarbonation de l’industrie, avec une enveloppe de 1,2 milliard d’euros consacrée à l’efficacité énergétique des processus de production. “Il ne s’agit pas de tout fabriquer en France”, prévient néanmoins Agnès Pannier-Runacher. “Mais il est important de pouvoir maîtriser des éléments critiques sur certaines chaînes de valeur stratégiques”, explique-t-elle. Cinq secteurs candidats aux relocalisations ont été identifiés : la santé, l’industrie agroalimentaire, l’électronique, les intrants essentiels à l’industrie (chimie, métaux, matière première), et les applications de la 5G.

L’équation se complexifie toutefois lorsqu’on décortique les données sur les émissions importées. On s’aperçoit alors que le poste le plus lourd est occupé par la cokéfaction et le raffinage des produits pétroliers. Un secteur difficile à rapatrier… Il représente 90 millions de tonnes de CO2 équivalent par an. Loin derrière, arrivent les services publics avec 39 millions tonnes de CO2, les services marchands avec 34 millions de tonnes et la construction avec 31,5 millions de tonnes.

Parmi les secteurs à relocaliser en priorité, l’industrie agro-alimentaire représente 37,5 millions de tonnes, tandis que la chimie et la pharmacie et les équipements électriques et électroniques ne pèsent “que” 28 millions tonnes de CO2 à eux deux, et les métaux importés 3,6 millions de tonnes de CO2. Au total, cela pourrait représenter 69 millions de tonnes de CO2 chaque année, à supposer que ces secteurs sont entièrement relocalisés, ce qui semble peu probable.

Un écart difficile à combler

Or pour être sur la trajectoire de neutralité carbone établie par la Stratégie nationale bas carbone, la France devrait respecter un budget carbone de 398 millions de tonnes de CO2 par an, entre 2019 et 2023. Un budget qu’elle a largement dépassé en 2019 avec 749 millions de tonnes de CO2 émises. La relocalisation de certains secteurs, qui en outre ne concerne pas les plus émetteurs, ne semble donc pas suffisante pour combler l’écart.

Côté emploi en revanche, les promesses semblent plus à même d’être tenues. Une étude de PwC et du Conseil national des achats montre en effet un fort potentiel de création d’emplois liée à la relocalisation. Sur cinq secteurs proches de ceux du plan de relance (santé, agroalimentaire, électronique, industriel d’assemblage), l’étude estime à 75 000 le potentiel de création d’emplois directs auxquels s’ajoutent 200 000 emplois indirects.

Arnaud Dumas @ADumas5 et Concepcion Alvarez @conce1

(1) Voir les statistiques du Ministère de la Transition écologique

Partager.

Laissez votre commentaireAnnuler la réponse.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Exit mobile version