Dans le labyrinthe des archives de l’usine d’aviation de Bouguenais, 2023 représente une année particulière à double titre. L’Office franco-allemand pour la Jeunesse (OFAJ) a soufflé ses 60 bougies en présence de plus de 500 invités. Parallèlement, une exposition exceptionnelle célèbre les 80 ans du Petit Prince de Saint-Exupéry au château l’Hospitalet à Narbonne. Comment relier ces deux dates anniversaires pour vivre l’engagement et construire l’avenir ? 

Le 3 juillet dernier, les deux ministres chargées de l’Europe, Laurence Boone et Anna Lührmann se sont rendues au Lab’ du futur franco-germano-ukrainien qui s’est déroulé à Berlin. Soixante jeunes de France, d’Allemagne et d’Ukraine ont présenté leurs projets dédiés au climat, à la guerre et aux mutations de la société. Le soir, le président allemand Frank-Walter Steinmeier a reçu les participantes et participants du Lab’ du futur lors d’un banquet dans les jardins du château de Bellevue, en présence des deux ministres en charge de l’Europe. Une soirée inoubliable !

De multiples facettes d’engagement et de construction de l’avenir se dessinent à l’horizon de moments de rencontre inédits. Trois grands artistes contemporains qui ont chacun apporté leur propre vision de l’univers du Petit Prince, au château l’Hospitalet de Narbonne. Il est possible par exemple de découvrir les toiles récentes aux couleurs vibrantes de Cyril Phan alias Kongo ainsi qu’une pièce inouïe : un Nord 1000 ! Cet avion datant de 1934 était le concurrent des avions Caudron Simoun avec lesquels Antoine de Saint Exupéry participa aux grands raids aériens Paris-Saïgon (1935) et New York-Terre de Feu (1938). Le Nord 1000 peint par Kongo rend hommage à l’ensemble de l’œuvre littéraire de l’auteur à travers les titres de ses romans qui sont inscrits par l’artiste sur la carlingue de l’aéronef, comme une invitation à s’imprégner de sa pensée humaniste, philosophique et visionnaire.

L’entreprise régénérative de demain fera-t-elle appel aux qualités d’un réinventeur, d’un transformateur ou d’un optimiseur? Le cas des industries Probiomer est très intéressant à examiner car sa doctrine philosophique d’investissement s’est nourrie des réflexions de la Vérité des Orangers de Saint-Exupéry. L’histoire du Petit Prince, la « Vérité des Orangers », la parabole de l’enfant prodigue ont guidé des découvertes pour mieux comprendre l’intérêt du calcium issu de coquillages par rapport à la chaux de carrière pour la fumure des sols, la consolidation des coquilles d’œuf et l’apport en calcium dans le lait des vaches. Développé par Théophile Lognoné, l’emploi du lithothamne pour le traitement des sols est relativement peu connu. Celui-ci a trouvé un autre débouché aujourd’hui : il est couramment utilisé pour la fabrication de cosmétique, pour son action sur la reminéralisation des ligaments et des os, également pour soulager, grâce à son PH 8 l’acidité gastrique, les brûlures d’estomac, les ulcères…

L’usine d’aviation de Bouguenais laisse derrière elle de nombreuses clés pour revivre l’engagement et construire l’avenir. Fantassin à 19 ans pendant la première guerre mondiale, Théophile Lognoné connut l’enfer de Verdun. Il fut prisonnier à Douaumont, le 4 mars 1916, après avoir brûlé ses dernières cartouches. En 1940, bien qu’exempté de toutes obligations militaires, en raison de ses charges de famille, Théophile Lognoné fut volontaire à l’usine d’aviation de Bouguenais, en qualité de mécanicien de précision, ce qui lui rappela sa première profession, celle d’horloger exercée à Dol-de-Bretagne, cité fièrement campée sur l’ancien rivage du Mont-Saint-Michel aujourd’hui séparée par un marais. En quête de nouveaux défis, il avait choisi à la fin de sa vie de reconvertir une usine de nutrition et d’engrais, à base de produits marins, devenue : les industries Probiomer.

Pour rappel historique, l‘usine Airbus de Nantes Bouguenais remonte à 1936, de la volonté de Louis Breguet, petit-fils d’horloger et de physicien. Devenu l’un des pionniers de la construction aéronautique française, il développa avec succès la construction d’avions sur la région nantaise. Actif pendant six décennies, « Breguet Aviation » fut absorbée par plusieurs sociétés et donneurs d’ordre dont Dassault en 1971, puis Airbus.

Pour tenter de tracer le passage de Théophile Lognoné à l’usine d’aviation de Bouguenais, les archives départementales de Loire Atlantique ont recommandé de se rapprocher des Archives nationales du monde du travail qui conservent le fonds de la Société nationale des constructions aéronautiques de l’Ouest (SNCAO), coté 99 AQ. En effet, cette usine appartenait à la Société anonyme des ateliers d’aviation Louis Bréguet, société ayant fusionné avec d’autres pour former la Société nationale des constructions aéronautiques de l’Ouest (SNCAO) en 1936 puis la Société nationale des constructions aéronautiques du Sud-Ouest (SNCASO) en 1941 ; en 1957, elle deviendra Sud-Aviation.

Les archives restantes de la Société nationale des constructions aéronautiques de l’Ouest ont toutes été déposées en 1960 aux Archives nationales du monde du travail. L’introduction de l’inventaire précise par ailleurs que le fonds « est malheureusement très incomplet, des pertes importantes ayant été éprouvées, d’une façon générale, par les archives des sociétés de l’industrie aéronautique ». Cependant, il semble que la société, à force de diverses fusions et reprises aurait partiellement survécu et ferait partie aujourd’hui du groupe Airbus. Cette entreprise existant toujours, les Archives départementales de Haute-Garonne ont été sollicitées pour savoir s’ils ont conservé des documents provenant de la SNCAO.

Malheureusement, celles-ci ne conservent uniquement les archives des sociétés toulousaines SNCAM et SNCASE. Il reste à poursuivre cette recherche en s’adressant à Airitage : https://airitage.fr/ , association de sauvegarde du patrimoine des usines aéronautiques. Peut-être disposent-ils de documents complémentaires à ceux déposés aux Archives Nationales du monde du travail.

Dans ce labyrinthe des archives de l’usine d’aviation de Bouguenais, 2023 inspire une halte à (re)vivre l’engagement et construire l’avenir.

Kevin LOGNONÉ

 

 

 

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