L’Organisation mondiale de la santé a constitué une liste de virus à potentiel pandémique. Comment les gouvernements et les scientifiques se préparent-ils face à cette menace sanitaire ?


Source : atlantico.fr – Par Antoine Flahault


Antoine Flahault : Cette liste de 2017, qui désormais contient le SARS-COV-2, est en cours de mise à jour. Mais elle contient déjà l’essentiel des menaces identifiées en termes de risque infectieux pour l’humanité. Il n’y figure aucune bactérie, ni aucun parasite, mais uniquement des virus contre la plupart desquels nous n’avons pas encore beaucoup d’armes aujourd’hui. Ce sont le plus souvent des virus responsables de fièvres hémorragiques gravissimes comme ceux d’Ebola, de Marbourg, de Lassa, de Crimée-Congo, de la Fièvre de la Vallée du Rift. On y trouve aussi le virus Zika, le virus Nipah, le Henipavirus. Parmi les coronavirus, bien représentés, on retrouve outre le SARS-CoV-2, le SARS-CoV (virus du SRAS qui a disparu des radars depuis 2004) et le MERS-CoV. Prudente, l’OMS a proposé d’inscrire en plus l’agent responsable de la “maladie X”, c’est-à-dire tout agent pathogène encore inconnu qui émergerait d’on ne sait où. Quelque part, c’est ce qui s’est produit en 2019 avec l’émergence du SARS-CoV-2 inconnu jusqu’à là et qui allait déclencher la pandémie de Covid-19.

Quels seraient les potentiels risques liés à une propagation de ces maladies / bactéries ?

Ces virus ont été placés sur cette liste parce qu’ils représentent tous des menaces pandémiques potentielles. L’on pourrait objecter que le virus Ebola n’a jamais provoqué de pandémie et pourtant il a causé régulièrement des foyers épidémiques en Afrique. C’est exact, mais personne n’avait prédit non plus que le virus Zika, originaire d’Afrique centrale, allait se répandre comme une traînée de poudre en Océanie (notamment en Polynésie Française) puis en Amérique du Sud (notamment au Brésil). Les virus des fièvres hémorragiques n’ont rien de sympathique. Ils n’entraînent pas de vagues syndromes grippaux. Ils peuvent tuer une grande proportion des personnes, provoquer des atteintes polyviscérales gravissimes, c’est-à-dire des atteintes de plusieurs organes. Le virus de la Fièvre de la Vallée du Rift est transmis par un moustique. Le virus touche le cheptel et les hommes. Il est presque plus redoutable encore qu’Ebola puisqu’il s’attaque non seulement aux personnes mais aussi aux maigres ressources que ces personnes ont dans cette partie de la Corne d’Afrique. Mais comme Zika, il pourrait un jour, à la faveur du réchauffement climatique et de la mobilité des personnes quitter sa région d’origine et en frapper d’autres.

Comment se préparent les gouvernements et les scientifiques face aux risques de cette liste ? Accordons-nous assez d’importance à cette liste ?

L’objectif de l’OMS en publiant cette liste, et en cherchant à la mettre à jour régulièrement, est double. L’OMS voudrait sensibiliser les gouvernements à ces menaces potentielles, mais aussi permettre de renforcer la surveillance et la recherche visant à prévenir l’impact que pourrait causer l’émergence de ces agents pathogènes n’importe où dans le monde. On a beaucoup profité, dans la lutte contre la pandémie de Covid, des avancées de plusieurs décennies de recherche sur l’ARN messager. De même, investir aujourd’hui dans la recherche sur les diagnostics, les vaccins et les traitements contre ces agents pathogènes de la liste de l’OMS permettrait de gagner un temps précieux au cas où l’un d’eux émergerait de manière incontrôlable à l’avenir. Pour le moment, comme il n’y a le plus souvent pas de perspective de marché rentable pour la plupart des diagnostics, vaccins ou traitements contre ces virus, c’est bien à la puissance publique qu’il revient d’investir pour mieux se préparer. Dans certains cas, des partenariats public-privés peuvent envisager de couvrir une partie des risques industriels et commerciaux autour des efforts de recherche et développement concernant ces “armes“ qui nous permettraient de riposter efficacement contre l’une de ces menaces.

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