Dans l’Agglomération Guingamp Paimpol, une question suscite débat et curiosité : faut-il nommer le futur amphithéâtre en l’honneur de Lawrence d’Arabie, le célèbre colonel britannique et aventurier hors norme ? Cette interrogation trouve ses racines dans le lien peu connu mais significatif entre Thomas Edward Lawrence, plus connu sous le nom de Lawrence d’Arabie, et la Bretagne. Renommé pour son rôle clé dans la Grande Révolte arabe, Lawrence d’Arabie a également foulé le sol breton, explorant son patrimoine et ses mystères durant ses années d’étudiant en archéologie à l’Université d’Oxford. Entre l’Armor et l’Argoat, de Lannion à Lanvollon, son périple breton reste une facette méconnue de sa vie, riche d’enseignements sur son intérêt pour l’architecture et l’histoire médiévales. Alors que la Bretagne a été le théâtre de ses explorations juvéniles, reflétant sa passion pour les édifices circulaires et les fortifications des croisades, la proposition de lui dédier un amphithéâtre ouvre un débat captivant sur la mémoire et l’héritage culturel. Ce choix soulèverait des questions fascinantes sur l’impact local et international d’une figure historique emblématique, dont le lien avec la Bretagne mérite d’être revisité et célébré.


De l’Armor à l’Argoat, faut-il un amphi nommé en l’honneur de Lawrence d’Arabie ?

Auriez-vous des idées de personnalités dont le nom pourrait être attribué au futur amphi de l’Agglomération Guingamp Paimpol ? Il existe bel et bien un circuit Lawrence d’Arabie sur la côte d’Emeraude à Dinard, en souvenir des séjours d’enfance du jeune aventurier. Mais Lawrence d’Arabie est aussi passé pendant la période 1907-1908 à Lannion, Tonquédec, Guingamp, Lanleff et Lanvollon lorsqu’il était étudiant en archéologie à l’université d’Oxford.

Originaire de Tremadoc au nord du pays de Galles, Thomas Edward Lawrence, dit Lawrence d’Arabie (1888-1935) est un célèbre colonel connu pour son engagement dans la grande révolte arabe entre 1916 et 1918. Son périple en Bretagne n’a l’objet d’aucune étude régionale, à la différence d’autres territoires comme l’Occitanie ou la Nouvelle Aquitaine.

Il reste à pouvoir recomposer le puzzle breton de ce jeune aventurier depuis ses études en archéologie à l’université d’Oxford où il s’était intéressé à deux sujets distincts : l’influence de l’architecture défensive des croisades entre Orient et Occident et la poterie médiévale vitrifiée au plomb. En quoi la Bretagne aurait pu constituer pour lui un laboratoire de recherche à ciel ouvert ?

Dans son mémoire sur L’Influence des croisades sur l’architecture militaire européenne à la fin du XIIe siècle, Lawrence d’Arabie établit que les croisés ont implanté dans les défenses castrales de leurs États le donjon roman à quatre faces conçu en Europe avec des modifications. Ils n’ont pas ajouté de contreforts comme c’était souvent le cas en France durant le XIIe siècle, mais ont placé ce que l’on appelle des pierres à bossage (demi-sphères en saillie destinées à dévier les projectiles et quartiers de roc projetés par les mangonneaux). Lawrence montre que la différence principale vient de la rareté du bois au Levant, qui a obligé les constructeurs à séparer les étages par des plafonds en pierre, alors qu’en Occident on établissait encore des planchers en bois.

Pour aboutir à ces observations, Lawrence d’Arabie a-t-il visité l’église abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé ?

L’église abbatiale, Sainte-Croix de Quimperlé construite à la fin du XIe siècle, est un exemple rare d’église romane de plan centré ; en Bretagne, le seul autre cas est la rotonde de Lanleff. Ces plans s’inspirent de la rotonde du Saint-Sépulcre de Jérusalem.

Le temple de Lanleff est aujourd’hui un monument en ruines, en grès rose. Ce plan circulaire, peu fréquent dans la région, a suscité chez les premiers archéologues de nombreuses hypothèses « quant à son origine et son utilisation : temple romain ou gaulois, baptistère mérovingien ou encore église des Templiers (qui explique le nom populaire donné à l’édifice, bien que leur présence ici n’ait jamais été attestée) ». C’est en fait une ancienne église romane, construite sur un plan circulaire, comme, plus tard l’église abbatiale Sainte Croix-de-Quimperlé. Si sa forme fait référence à celle du Saint Sépulcre de Jérusalem, il s’agit ici « d’une rotonde mariale dont le nombre est grand en Europe à l’époque romane».

Le passage de Lawrence d’Arabie au temple de Lanleff est bien documenté. Toutefois, il reste beaucoup de mystère quant à savoir si le jeune Lawrence a visité l’église abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé.

L’architecture de la circularité a visiblement beaucoup passionné Lawrence d’Arabie lors de la suite de ses aventures au Proche-Orient.

Kevin LOGNONÉ

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