Ces images envahissent désormais les reportages : Femmes, enfants, hommes, vieillards, étudiants, écoliers, « biens portants » comme handicapés, tous bloqués ça et là, unis dans la même misère, attendant « leur car ». Ils sont plantés là, et depuis des heures, et depuis des semaines, et depuis des mois, mais l’hypothétique véhicule reste toujours absent…

Le seul tort des « victimes » : ne pas avoir assez de sous pour acheter « sa » voiture perso… Chacun se renvoie la baballe (sic), mais sans aucun résultat : Maire(s,) Président(s) de ceci ou de cela, Chef(s) d’une des nombreuses structures ou Groupements qui sont en charge du secteur, Responsables syndicaux. Tous demeurent impuissants. Rien donc n’y fait… Chacun étale son discours avec sa voix triste, comme si, au fond d’eux, resurgissait comme un vieux remord… Et toujours les mêmes attentes, les mêmes énervements, les mêmes impuissances… Le même recommencement perpétuel…

Et à vrai dire, chacun des protagonistes du ou des blocages, a ses raisons particulières et reste inattaquable dans sa logique en béton.

Le « Droit » est invoqué pour celui-ci ou celui là, pour justifier ces scénarios tristes… Et ce qui s’exprime là, est saisissant de « l’appropriation » des luttes, réussie par certains et de « l’expropriation » par les autres, des bénéfices conquis, MAIS PAR TOUS !

Ce qui est plus « drôle », en effet, est que ceux qui souffrent et ceux qui font souffrir sont du même bord. Ils sont parfois tellement voisins d’ailleurs, qu’ils comparent peut-être leurs coqs de combat ou se dépannent des œufs de la poule de la maison d’à côté… Ils viennent souvent des mêmes rues, des mêmes quartiers, des mêmes « enbords » des communes, des mêmes campagnes et ont connu les mêmes souffrances et les mêmes misères que les actions des uns et des autres, en fait de nous tous, ont réussi à lézarder, au fil des ans, combat après combat…

QUELLE ABSURDE DÉMONSTRATION !

Parfois, conscients du piège, et pour donner l’illusion d’une solution, on en « appelle » au… Préfet, ou… au juge, ou à une de ces autorités externes, que l’on feint par habitude de désigner comme symbole de «l’oppression» ou de je ne sais quel djob de domination…

Mais rien n’y fait. Les voilà tous, et nous avec, pris au piège : nous sommes, magnifiquement, en train de « gérer nos propres affaires » Hé oui : GÉRER NOS PROPRES AFFAIRES !

Quel aveu ! Quelle démonstration d’incapacité !

Quel drôle d’aboutissement pour tant de luttes, tant de combats, « pour notre peuple », au nom desquels, tant de «combattants», politiques comme syndicaux, se sont succédés depuis si longtemps !

Je revois Victor Lamon, je revois Marc Pulvar… Parce que, sauf erreur, c’était là l’objet de leur combat : le « bien-être » de tous. Et, en tous cas, une question presque absurde, mais dont l’injonction s’impose dans ces quotidiens brumeux des files d’attente :

  • Est-ce pour cela que « nous » nous sommes battus ?
  • Est-ce que ce pays que nous prétendions « accoucher » se dérivera en droite ligne de ce qu’on voit au bord des rues et des routes où souffrent tous ceux qui attendent, ici et là, dans les hangars branlants, mal équipés, mal orientés, mal ventilés, et parfois malfamés, qui leur servent de lieux d’attente, et qui y ont cru, et quI se sont pressés, dans les bureaux de vote, parfois ou si souvent, en masse, pour faire passer telle ou telle idée de « nous gérer nous-mêmes » ???

Henri PIED – 2 Mai 2019

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