Wendy Noel (w.noel@agmedias.fr)Dimanche 10 octobre 2021

Un projet pour connaître et protéger les cétacés de nos eaux

dd – D.R. 

Le projet « Ti Whale an nou », mené par l’association Caribbean Cetacean Society, touche à sa fin. Une étude qui aura permis de couvrir toute la zone des Petites Antilles afin de répertorier les cétacés qui y vivent et d’en savoir plus sur les populations de ce mammifère marin, encore trop méconnu. 

Débuté en mai, le projet « Ti Whale an nou » a pris fin la semaine dernière. Au cours de six missions de 15 jours et d’une mission d’un mois, les équipes de la Caribbean Cetacean Society (CCS) ont écumé à la voile les eaux de la Caraïbe, d’Anguilla au Nord à Grenade au Sud. « Nous avons fait deux fois l’archipel des Petites Antilles », précise Jeffrey Bernus, président et co-fondateur de la CCS. 
Une association née en 2020 dans le but d’améliorer la conservation des cétacés à travers toute la région Caraïbe. Et pas seulement dans les îles françaises comme cela existe déjà à travers le sanctuaire Agoa, une aire marine destinée à protéger les mammifères marins en Guadeloupe, à la Martinique ou encore à Saint-Barthélemy et à Saint-Martin. « Cela n’a pas vraiment de sens d’étudier les baleines seulement au large des îles françaises, et pas en Dominique, par exemple, alors que les mêmes bancs se déplacent d’un archipel à un autre. On a voulu étendre le projet », explique Jeffrey Bernus.
 33 espèces de cétacés dans la Caraïbe

Ce projet consistait à étudier et collecter des données permettant d’évaluer l’état de santé des populations locales pour ensuite mettre en place les mesures adaptées. Il vise également à perpétuer une étude qui avait déjà été réalisée pendant deux ans par une université canadienne et qui s’intéressait principalement aux cachalots entre Saint-Kitts et Grenade. « On a décidé de pérenniser leurs travaux pour avoir une troisième année d’étude et ainsi compléter un doctorat qui est en cours », indique Jeffrey Bernus, qui s’entoure, au cours de chaque mission, d’un équipage de 6 personnes. Grâce à un micro qui a enregistré nuits et jours les sons émis par les cétacés, plus de quatre mois de données acoustiques vont être analysées grâce à une intelligence artificielle, à l’université de Toulon. « Aujourd’hui, à part pour les cachalots pour lesquels on a des premiers résultats, dont on sait que leur population diminue et qu’il y a trois clans qui parlent trois langages différents, on ne sait rien sur les autres espèces… » 

Mardi dernier, différents partenaires de l’opération sont montés à bord du catamaran affrété par le partenaire Corail Caraïbes. Une journée au cours de laquelle ils ont pu apprendre, entre autres, à utiliser un hydrophone, qui permet de détecter les sons émis par les cétacés, à repérer les mammifères au loin, à plusieurs centaines de mètres de l’embarcation, ou encore à la photo-identification des individus. Puis jeudi, des représentants de la CTM sont également allés découvrir les missions de la CCS. Un moyen de « leur faire prendre conscience de la réalité du terrain et du manque de connaissance concernant ces espèces », espère Jeffrey Bernus. Lequel tient à préciser que la Caraïbe est un « hotspot » pour les mammifères marins, puisqu’on y dénombre 33 espèces sur les 90 qui existent à travers le monde. « C’est énorme », assure-t-il, en ajoutant que l’ensemble des baleines et dauphins stocke quatre fois plus de carbone que la forêt amazonienne, d’où la nécessité de les protéger. 
 La Martinique, le territoire le plus étudié

Spécialiste de la mégafaune marine, Jeffrey Bernus travaillait principalement sur les requins et les tortues, et ne se doutait pas du manque de connaissances concernant les cétacés. « Il y avait tellement à faire que je me suis lancé pour essayer de combler le manque de données. C’est là où je peux apporter le plus d’impact pour protéger notre patrimoine naturel. » En lançant des opérations d’inclusion, comme celle de mardi dernier, il espère faire monter en compétence chaque territoire des Caraïbes afin de protéger ensuite ces espèces. Pour sensibiliser la population, la CCS souhaite diffuser des films, réalisés avec un de ses partenaires, mettant en lumière les menaces pour ces animaux, comme le bruit des bateaux, ou représentant des faits exceptionnels, à l’instar de la baleine à bec qui peut plonger jusqu’à 3 000 mètres de fond. 

Toutes les expéditions étant parties du Marin, Jeffrey Bernus estime que la Martinique sera le territoire le plus étudié. Parmi les espèces observées au large de notre île : des bancs pouvant aller jusqu’à 150 dauphins à long bec, des baleines à bec, des cachalots nains, et même des orques. « Ce sont des observations très rares », signale le président de l’association, qui assure que cette découverte fait partie des plus belles expériences de ce programme : « Les orques sont passés à l’arrière de la coque du bateau et ont montré leur ventre, ce qui, pour un cétacé, consiste à exposer son point faible ». 

Alors que le projet « Ti Whale an nou » touche à sa fin, de nouvelles expéditions sont prévues dans les mois à venir. Notamment en novembre et décembre pour étudier la chasse à la baleine à Saint-Vincent, « pour inclure les chasseurs et les faire participer à la recherche », ou encore à partir de mars prochain, pour étudier pendant trois à quatre mois les baleines à bosse.rrr – D.R.yy – D.R

Partager.

Laissez votre commentaireAnnuler la réponse.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Exit mobile version