Pastiche du texte de Fred Vargas, façon antillaise

Voilà nous y sommes !

Nous y sommes au point de rupture annoncé depuis des décennies par les consciences éclairées, au point de rupture provoqué par le modèle économique insoutenable que nous avons imaginé, le bord du gouffre est à nos pieds…

Il y a pourtant eu des signes et des malheurs collectifs qui auraient dû nous alerter, nous retenir dans cette course folle vers le profit à tout prix, le bien-être à tout prix, le plaisir à tout prix, l’argent à tout prix…

Oui, des signes de mauvais augure que les sages et les anciens ont vus : Crash d’avion au Venezuela et son cortège de corbillards dans les bourgs endeuillés – quelle image !  Conflits sociaux majeurs, longue et douloureuse grève générale – rouge sang ; recrudescence de crimes et de violences -sombres heures ; et puis dans la Nature, arrivée massive de ces sargasses brunes étouffant le bord de mer ; disparition des espèces, les oursins, les lambis, les oiseaux ; maladie presque incurable des coquelicots qui nous soignaient, des agrumes, d’arbres cathédrales massacrés pour élargir les routes…

Mais pendant ce temps-là, on en profitait bien, on riait, on zoukait, on flambait, on bouffonnait gros, on bouffait gras… 

Nous les premiers consommateurs de champagne au monde, nous mangions des huîtres de là-bas pour Noël, et des fraises fraîches…

Nous, fabricants du meilleur rhum-feu du monde, nous peuple rempli d’énergie vitale, nous avons cédé aux rythmes effrénés de la consommation de masse et aux sirènes du travailler plus pour gagner plus…Tout en laissant sur le bord de la route, une masse toujours grossissante d’exclus du système, exsangues.

Nous avons bétonné les mangroves et les savanes pour installer les temples de l’avidité.

Nous avons empoisonné nos sols luxuriants, nos rivières limpides et la beauté de la mer, avec les armes chimiques de l’agro-industrie pour produire toujours plus sur notre petit espace insulaire parfait, où l’harmonie naturelle faisait chanter nos sourires et remplissait nos jardins créoles d’abondances.

Nous avons abandonné nos maisons qui vivaient en intelligence avec le vent et nos savoirs ancestraux pour installer la climatisation, symbole suprême du luxe avec le 4X4 tout neuf, jeté en masse sur les routes dans un embouteillage endémique…

Nous avons abandonné nos aînés dans la jungle de l’intelligence artificielle, les laissant démunis de tout, eux les passeurs d’histoire et d’amour.

Nous y avons abandonné aussi nos enfants, les petits flambeaux du futur, pas le temps, plus le temps pour leur raconter la vie, alors gavage d’images, gavage de malbouffe, pour les faire tenir tranquilles, ronronnant, assis dans une obésité annoncée.

Alors maintenant, que nous y sommes, maintenant que nos sourires, nos rires, notre gentillesse, et notre beauté se sont laissés emporter par la grisaille et la laideur de ce temps qui n’a plus le temps, murs gris sombres des villas modernes, voitures SUV uniformes…

Maintenant, que les madras, dentelles blanches et chapeaux bakoua ont été remplacés par la mode grise uniforme et sans histoire, fabriquée par les petites mains nues d’un autre bout du monde…

Maintenant que la mine fâchée, stressée, pressée,  a remplacé le temps de vivre et finalement l’art de vivre antillais…

Maintenant, que faisons-nous pour nous réparer ensemble, pour réparer notre si précieux Pays et notre Terre-mère nourricière, pour imaginer en coup de main un futur plus réjouissant, un futur qui nous ressemble, qui nous rassemble sous le même soleil ?   

Que la beauté revienne et avec elle le chant des sissis, qu’il couvre les bruits des machines infernales, que les rimèd razié nous enseignent et nous soignent, que le caca bèf fertilise nos plantations à nouveau, que le partage et l’entraide retissent nos solidarités humaines…

Oui retrouvons le cœur de nous-mêmes, ce cœur métisse riche de tant d’histoires et de tant de filiations. La guerre et la violence sociale qui nous menacent aujourd’hui, naissent d’abord dans nos petites inimitiés quotidiennes.

Alors aimons-nous vraiment, pardonnons-nous, respectons-nous, recréons-nous et la Terre redeviendra un jardin et la Martinique l’île aux fleurs.

Car l’abondance et le progrès que nous avons avidement recherché ne passeront plus par un saccage, mais par l’intelligence collective, l’union, et la conscience que nous sommes toutes et tous en connivence les uns avec les autres, interreliés à toute vie sur terre, interreliés à notre pays : Martinique.

Nous n’avons plus le choix, la Nature a dit STOP.

Dès lors, cultivons nos jardins en conscience, cultivons nos amitiés naturelles, nos richesses et nos beautés…économisons, protégeons… développons en toute intelligence.

Chaque geste compte maintenant, chaque territoire a SA solution.

VALORA 2023 :

Nous avons encore tant à faire… il faut s’y mettre maintenant !

Nathalie Laulé & Philippe Pied

N’hésitez-pas à nous contacter afin d’en savoir plus :

Mail : philippepied@gmail.com

Phone : 0696 73 26 26

 

 

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