PROPOS LIMINAIRE

Mes chers collègues, depuis le déboulonnage des statues de Victor Schœlcher, une poignée d’individus se posent en détenteurs de LA vérité et ont décidé de faire LEUR loi en Martinique, au mépris des vérités historiques et sociales, aux mépris des combats antérieurs de nos compatriotes, figures emblématiques ou anonymes qui ont permis à notre île de se construire et de progresser sur bien des plans. Avec l’enchaînement du Maire de Fort-de-France, bousculé et harangué sans le moindre respect, au mépris de la fonction qu’il représente, un nouveau pallier a été franchi alors qu’il s’est présenté devant eux dans une volonté manifeste de dialogue.

 

Au-delà de l’indignation, je suis très inquiet de l’immobilisme des représentants de l’autorité mais aussi de notre classe politique, dont certains se montrent complaisants, car il nourrit depuis le sentiment d’impunité de quelques personnes, qui entendent imposer au plus grand nombre LEUR vision de la Martinique. Je me pose donc la question : Sommes-nous toujours dans un Etat de droit ?

 

Nous connaissons les dysfonctionnements de notre territoire qui nourrissent la colère qui se distille actuellement, au titre premiers desquels le niveau de chômage et la persistance d’inégalités criantes. En tant que politique, je me suis toujours battu, au niveau des responsabilités qui m’ont été confiées, pour alerter les autorités nationales sur le fait que notre appartenance à l’espace français justifiait la prise de positions et de décisions qui s’attaquent énergiquement à ces deux problèmes principaux, bien plus marqués ici que dans l’Hexagone. C’était l’objet de la lettre ouverte au Président de la République que notre groupe, Ba Péyi-a An Chans, lui a adressé le 12 mars 2018. Par ailleurs, je suis l’un de ceux qui, en dépit des mécontentements que cela a pu susciter, lui a demandé publiquement par une lettre du 1er décembre 2019 une vraie décision de justice dans le scandale du Chlordécone, véritable détonateur de la situation actuelle, car sans justice, il n’y a pas de paix possible. Mes pires craintes se trouvent aujourd’hui confirmées.

 

Pour autant pouvons-nous accepter de remplacer un système dysfonctionnel par un système totalitaire où seule une dizaine de personnes décideraient pour l’ensemble de ce qui est bien ou pas en Martinique ? De ce qui peut se faire ou non ? De qui est légitime ou pas ? De la réécriture de l’histoire selon leurs seuls termes ? Quelques initiatives ont déjà été prises par des communes pour libérer la parole, encourager le dialogue et la confrontation des visions. En ce qui me concerne, j’ai encore du mal à identifier quelles sont les propositions portées par les acteurs de ces destructions pour construire la Martinique de demain et je ne demande qu’à les connaître. Sans doute y a-t-il la nécessité d’être plus ambitieux et de penser un espace d’échange qui permette une fois pour toute de confronter les vérités et de travailler à une réconciliation de toutes les composantes de notre île. Je nous appelle donc, une fois de plus, à faire corps pour bâtir cet espace d’échange.
C’est dans ce cadre que je propose une motion de soutien au Maire de FDF et pour la défense de l’expression démocratique.

Projet de MOTION

Motion de soutien au Maire de Fort-de-France, pour la défense de l’expression démocratique

Ce 17 juillet 2020, le Maire de Fort-de-France, M. Didier LAGUERRE a été violemment pris à parti, bousculé, harangué et enchaîné par quelques individus au mépris élémentaire de la fonction qu’il représente, alors même qu’il était venu à la rencontre de ces manifestants dans une volonté évidente de dialogue.

 

Cette énième provocation dessert la « cause » de ceux qui déclarent se battre pour obtenir le respect de leurs convictions, car aucun respect ne s’obtient par la contrainte, l’intimidation ou la violence si l’on ne s’astreint soi-même au respect de l’autre. C’est la règle élémentaire d’un Etat de droit pour éviter de nourrir un cycle de violence.

 

Nous, élus de l’Assemblée de Martinique, affirmons notre soutien plein et entier au Maire de Fort-de-France, car au-delà de l’homme, c’est la fonction qui a été bafouée et la représentativité de milliers de Martiniquaises et Martiniquais foulée au pied. Il n’est pas acceptable de laisser se développer le sentiment d’impunité de quelques-uns, ouvrant la porte à l’anarchie sans proposer de solutions positives pour le rebond de notre île au risque de dresser des Martiniquaises et Martiniquais les uns contre les autres.

 

Nous, élus de l’Assemblée de Martinique, proposons qu’en complément des commissions mémorielles qui se mettent en place dans plusieurs communes de Martinique, nous travaillions au niveau territorial à instaurer un espace d’échange entre les élus et la société civile pour rétablir dans un cadre plus apaisé et constructif le dialogue, confronter les vérités et unir les membres de notre société autour d’objectifs communs pour construire ensemble la Martinique demain.

 

 

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