quelles facultés cognitives disposent nos chiens ? Si les données sont consistantes concernant les adultes, on en sait moins concernant les chiots. Une nouvelle étude australienne permet d’y voir plus clair à ce sujet.

Des données qui faisaient défaut

Cette étude d’envergure a fait passer des batteries de tests à 168 chiots, âgés de 8 à 10 semaines. Elle avait pour objectif de mesurer la réaction des chiots à différentes expériences afin d’en déduire la présence ou l’absence de certaines facultés cognitives à un très jeune âge, chez des chiots qui n’ont pas encore été familiarisés au contact humain : « Cette étude présente un grand avantage en comparaison à d’autres études dans le domaine : elle évalue beaucoup de sujets et beaucoup d’aspects de la cognition », précise Florence Gaunet. Les chercheurs ont pu mettre en exergue différentes aptitudes cognitives des jeunes chiots comme le fait de comprendre des gestes directionnels ou encore de faire appel à leur mémoire de travail. Florence Gaunet se réjouit des résultats de cette expérience : « Des données descriptives sur la cognition des chiots nous manquaient et aucune étude à ma connaissance n’avait encore été réalisée à ce sujet. C’est donc une aubaine que de disposer de tels résultats ».

Test expérimental de la réaction à un geste directionnel chez le chiot. © Emily Bray

L’ontogénie des chiots, encore un mystère à élucider

Pourtant, dans leur article, les chercheurs vont un peu plus loin que la simple description. Ils suggèrent que leurs résultats viennent animer le débat concernant le développement cognitif des chiots. Sur ce point, Florence Gaunet est sceptique : « Premièrement, il n’y a pas de groupe contrôle dans cette étude. Il est difficile de tirer des conclusions robustes en matière de développement sans plusieurs groupes contrôles où l’on ferait varier des facteurs de confusion susceptibles de biaiser les résultats ». La spécialiste poursuit dans sa critique : « La fenêtre temporelle qu’ils ont choisie est trop courte pour pouvoir conclure quoi que ce soit concernant l’ontogénie des chiots. Aussi, ce sont des chiots issus de conditions d’élevages spécifiques, destinés à être de futurs chiens d’assistance. Cela ne peut donc pas nous informer sur le développement cognitif naturel des chiots en général ».

Test expérimental visant à évaluer la présence de la mémoire de travail chez le chiot. © Emily Bray

Des expériences à mener

Alors, quelles expériences faudrait-il mener pour résoudre le grand débat des capacités cognitives innées ou acquises des chiots ? Florence Gaunet a son idée sur la question : « Il faudrait suivre pendant longtemps des groupes de différents âges, élevés au même endroit. On pourrait alors faire varier des facteurs comme l’exposition aux humains, les interactions avec la mère, la race des chiots, etc. et conclure plus fermement sur ce débat ». La chercheuse suggère qu’il existe des résultats robustes qui vont pour l’instant dans le sens d’un effet majeur de l’apprentissage : « Il y a eu des expériences réalisées sur des loups élevés contre des chiens non élevés et, à l’âge adulte, ces résultats tendent plutôt à montrer que les capacités cognitives sont principalement médiées par l’apprentissage auprès de l’humain », conclut  la chercheuse.

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