De bas en haut et de gauche à droite, Letizia Galloni, sujet, Guillaume Diop, Awa Joannais, Isaac Lopes Gomes et Jack Gasztowtt, quadrilles. KARIM SADLI POUR « M LE MAGAZINE DU MONDE » 
Par  Elise Karlin

 

Repéré sur Le Monde

Maquillage inadapté, représentations coloniales dans le répertoire, danseurs grimés ou plafond de verre dans le recrutement… Dans le sillage de Black Lives Matter, des salariés métis et noirs de l’Opéra de Paris ont publié cet été un manifeste qui s’interroge sur la prise en compte de la diversité dans leur institution.

 

Ce soir-là, le grand jeune homme porte un costume noir. Il se tient en haut de l’escalier du Palais Garnier et il attend ses invités. La soirée ne va pas tarder à commencer, une foule de gens élégants montent les marches en discutant. Soudain, passant devant ce grand jeune homme en costume noir, une spectatrice ouvre machinalement son sac et le lui présente. Le grand jeune homme se raidit mais reste absolument souriant : « Madame, vous faites erreur. Je ne suis pas la sécurité. » Déjà, son interlocutrice s’éloigne, à peine ennuyée. Pourquoi s’est-elle trompée ? Parce que le grand jeune homme en costume noir a la peau foncée. Dans l’inconscient du public de l’Opéra de Paris, si vous n’êtes pas blanc vous n’êtes pas de la maison.

 

L’expérience du racisme ordinaire

 

Et pourtant. Binkady-Emman-uel Hié n’est pas agent de sécurité, il est chef de projet événementiel à l’AROP, l’Association pour le rayonnement de l’Opéra de Paris, l’un des soutiens les plus actifs d’une institution tricentenaire qui compte deux salles de spectacle – l’une au Palais Garnier et l’autre place de la Bastille –, une académie et une école de danse. L’Opéra de Paris, c’est plus de 93,9 millions d’euros de subventions publiques en 2020, pour 230 millions de budget annuel – presque la moitié des ressources de cette entreprise durement frappée par une grève de plusieurs mois en 2019, puis par la pandémie de Covid-19. Alors que les aides de l’État ne cessent de diminuer, le mécénat culturel est une nécessité.

 

Donc, être cadre à l’AROP, c’est œuvrer à la survie de l’Opéra de Paris. Ancien avocat au barreau de Paris, Binkady-Emmanuel Hié s’est reconverti en avril 2017. Présent, très investi, il n’est cependant pas surpris le jour où il entend : « Tiens, un Noir qui veut faire sa place à l’Opéra… » Sans compter la question systématique : « Vous venez d’où ? »Comme s’il était impensable qu’il soit bordelais, né d’une femme blanche et aux cheveux roux. « Le pays de mon père, le Burkina Faso, j’y ai mis les pieds une fois. » Le trentenaire raconte ainsi le racisme ordinaire de son environnement professionnel, les clichés, les plaisanteries déplacées lancées sans réfléchir, et lui qui se tait. Il parle aussi de son enfance de premier de la classe, bien élevé, toujours gentil, soucieux de ne pas se faire remarquer. Plus tard, la classe prépa puis l’école des avocats, et toujours la même obsession : se fondre dans un décor presque exclusivement blanc. « Je ne voulais surtout pas me retrouver avec l’étiquette “militant” collée dans le dos. »

 

Le tournant du 25 mai

 

Jusqu’au 25 mai 2020. Jusqu’à ce qu’il voie la vidéo d’un homme noir en train de mourir étouffé sous le genou d’un policier blanc dans une rue de Minneapolis. Les images de l’agonie de George Floyd, ses cris désespérés, « I can’t breathe ! », embrasent les États-Unis et les réseaux sociaux. « Black Lives Matter ! », scandent des manifestants un peu partout dans le monde. Pour la première fois, dit Binkady-Emmanuel Hié, il s’interroge sur son identité, sur la couleur de sa peau, sur ces remarques qu’il encaisse sans broncher depuis des années.

Il en parle avec des amis dans la même situation que lui, des danseurs du corps de ballet de l’Opéra de Paris, Letizia Galloni, Awa Joannais, Isaac Lopes Gomes, Guillaume Diop et Jack Gasztowtt. La première est sujet, le grade intermédiaire dans la hiérarchie des danseurs, après premier danseur et étoile, qui offre quelques solos sur scène. Les suivants sont quadrilles, le cinquième échelon, et sont donc dans le corps du ballet.

 

Ils sont tous métis, français nés d’un père ou d’une mère d’origine africaine. Ils ont tous l’expérience de la singularité dans une compagnie où ils sont les seuls, sur 154 danseurs, à ne pas avoir la peau claire des danseurs blancs européens ou asiatiques ; les seuls dont les cheveux crépus sont plus difficiles à coiffer ; les seuls à qui les traditionnels collants chair font les jambes grises ; le satin rose des chaussons pointes tranche à leurs pieds, et les fonds de teint pour « type européen » ne sont pas adaptés à leur carnation. Jusqu’ici, ils n’ont jamais rien dit.

 

Des histoires qui se ressemblent

 

Leurs histoires se ressemblent. Et leur histoire les rassemble. Une même volonté de se faire oublier, de rester à sa place, de ne jamais se mettre en avant. Les mêmes remarques, à l’école de danse : « Elle ne sera jamais prise à l’Opéra, elle est noire ! », murmurent les petites ; « Moins cambrée ! Ne te tiens pas comme une négresse », lance un professeur. Ensuite, après la réussite au concours, viennent l’angoisse de déparer dans un ballet dont l’homogénéité fait la fierté, l’appréhension du regard des autres, la crainte de la rumeur qui laisserait entendre que vous avez obtenu un rôle à cause de votre différence, et non grâce à vos compétences. Très longtemps, pour ceux-là, garder le silence a été la seule réponse. Sous une coupole hiérarchisée à l’extrême où il est mal vu de se distinguer, ils ne voulaient donner à personne une raison de les écarter.

 

 

« Du jour où je suis entrée dans la compagnie de l’Opéra de Paris, je me suis définie uniquement comme une danseuse, point. Ma maman n’a jamais rien dit, alors que ça a dû être douloureux pour elle de sentir sa culture reniée. La mort de George Floyd m’a poussée à agir. » Awa Joannais, quadrille

 

Le premier confinement est un choc. « Obligée de m’arrêter de travailler, j’ai pris du recul. Ça ne m’était pas arrivé depuis neuf ans, résume Awa Joannais, quadrille. J’ai commencé à réfléchir à ma différence, à mes origines. Je me suis rendu compte que j’avais complètement effacé le Mali, le pays de ma mère. Du jour où je suis entrée dans la compagnie de l’Opéra de Paris, je me suis ­définie uniquement comme une danseuse, point. Ma maman n’a jamais rien dit, alors que ça a dû être douloureux pour elle de sentir sa culture reniée. La mort de George Floyd m’a poussée à agir. 

 

Guillaume Diop, quadrille, souligne d’abord qu’il a beaucoup regretté l’absence de réaction officielle du Ballet de l’Opéra national de Paris, quand une compagnie aussi prestigieuse, le New York City Ballet, a soutenu publiquement le mouvement en affichant sur son compte Instagram le 31 mai : « New York City Ballet stands with you #BalletRelevesForBlackLives. » Début juin, ils sont donc quelques-uns, à Paris, qui discutent et s’indignent de l’indifférence de leur ballet, quand ceux de New York et de Londres ont déjà mis en place des groupes de travail ou proposé des conférences pour discuter des problèmes liés à la représentation des minorités.

 

Un vrai débat

 

Ils évoquent leurs propres expériences. Ils s’enflamment. Décident d’écrire un manifeste, dont ils souhaitent simplement une diffusion interne, pour que l’absence de diversité au sein de l’Opéra cesse d’être taboue. Dans leur texte, « De la question raciale à l’Opéra national de Paris », ils réclament un vrai débat sur les attitudes, les habitudes, le répertoire – sur ce qui dévalorise ou stigmatise. Le « blackface » pour les personnages noirs, le yellowface pour les Asiatiques, des pratiques qu’ils décrivent comme « destinées à exagérer et tourner en dérision, avec condescendance, les traits des individus racisés », mais aussi les « actes blancs », les propos blessants…

 

De gauche à droire, les barytons des choeurs de l’opéra Florent Mbia (à gauche) et Christian Rodrigue Moungoungou et Binkady-Emmanuel Hié, chargé d’événementiel à l’Association pour le rayonnement de l’Opéra de Paris. KARIM SADLI POUR « M LE MAGAZINE DU MONDE ».

Il faut parler de tout, et avec tout le monde. Binkady-Emmanuel Hié contacte Christian Moungoungou et Florent Mbia, les deux barytons africains des chœurs de l’Opéra, pour montrer que l’absence de diversité concerne toute la maison, du ballet au lyrique. Il leur demande de s’associer à ce texte qu’ils veulent clair et sans polémique : non, l’Opéra n’est pas une institution raciste, mais, oui, certains salariés souffrent de se sentir discriminés, qu’il s’agisse de la couleur de leur peau ou de leur façon de manier la langue française, notamment pour certains artistes venus d’Asie. Cela doit changer.

L’arrivée anticipée du nouveau directeur de l’Opéra de Paris va faci­liter le dialogue. Alexander Neef débarque de Toronto, où il a dirigé la Canadian Opera Company ; au Canada, comme dans toute l’Amérique du Nord, la question de la représentation des minorités est un sujet majeur. Ainsi des pratiques du « blackface » et du « yellowface », abandonné(e)s par le New York City Ballet et le Royal Ballet de Londres en 2014 et 2015, où, à défaut de foncer des visages blancs, il est fait appel à des artistes réellement métis ou noir.

 

Un directeur à l’écoute

 

Avant même son premier rendez-vous avec les auteurs du manifeste, en juin, Alexander Neef a évoqué avec le directeur général adjoint de l’Opéra de Paris, Martin Ajdari, l’idée de confier à des personnalités extérieures une réflexion sur l’état des lieux. « J’étais très étonné, se souvient-il, qu’on parle principalement de l’égalité entre les hommes et les femmes et si peu de la diversité. Dans une mission de service public, si on prend les choses au sérieux, c’est un sujet qu’on ne peut pas ignorer. »

 

Constance Rivière, secrétaire générale du Défenseur des droits, ancienne collaboratrice de François Hollande à l’Élysée, et l’historien Pap Ndiaye, professeur à Sciences Po, spécialiste des minorités, sont mandatés pour apporter des réponses aux problèmes structurels, notamment l’accès des danseurs de couleur aux rôles emblématiques du répertoire classique, et aux questions conjoncturelles, comme les conditions de représentation des œuvres où des rôles stéréotypés comme Abderam, le chef des Sarrasins dans Raymonda, ou les Indiens dans La Bayadère caricaturent l’indigène, vestige des plus belles heures du colonialisme. À l’intérieur de l’institution, la direction rencontre les auteurs du manifeste : « C’est d’abord leur attachement à la maison qui m’a impressionné, dit Alexander Neef. Aux États-Unis, la contestation l’emporte souvent sur la concertation. Là, il était clair qu’ils cherchaient l’échange, pas l’ouverture des hostilités. »

« C’est d’abord leur attachement à la maison qui m’a impressionné. Aux États-Unis, la contestation l’emporte souvent sur la concertation. Là, il était clair qu’ils cherchaient l’échange, pas l’ouverture des hostilités. » Alexander Neef, directeur 

Surtout, ne pas braquer. Dans l’esprit des auteurs du manifeste, ce qu’ils considèrent comme « l’erreur de Benjamin Millepied » tient lieu de garde-fou : directeur de la danse pendant un peu plus d’un an, entre novembre 2014 et février 2016, Millepied a soulevé contre lui une grande partie des salariés en refusant, pour la première fois, de grimer de jeunes danseurs dans un tableau de La Bayadère, ballet romantique dont l’action se situe en Inde. A ceux qui s’indignent de cette rupture avec la tradition esthétique maison et exigent une discussion préalable, il oppose un refus ferme et définitif de perpétuer ses pratiques qu’il juge d’un autre temps. Dans le même esprit, il modifie sans concertation le nom du tableau incriminé : fini la « Danse des négrillons ». Ce sera désormais la « Danse des enfants ». Dans les couloirs, on fustige son tropisme « américain », on s’inquiète d’un premier pas vers une « ségrégation positive ».

Les tentatives malheureuses de Benjamin Millepied

La presse n’est pas moins irritée lorsque Millepied, en 2013, avant même d’entrer en fonction, s’émeut dans le magazine Têtu de « l’absence de danseurs de couleur » au sein de la compagnie : « Cette déclaration fracassante, tendant à faire croire aux bonnes âmes que la danse classique serait raciste, est aussi sotte, quoique plus politiquement correcte, que le fait de regretter qu’il y ait trop de joueurs noirs dans l’équipe de France de football », écrit le journaliste Olivier Bellamy sur le site du Huffington Post« La compagnie ne pratique aucun ostracisme envers les danseurs de couleur », rétablit Ariane Bavelier dans Le Figaro, citant l’Eurasien Charles Jude, l’étoile d’origine berbère Kader Belarbi, Jean-Marie Didière, d’origine africaine, ou encore Raphaëlle Delaunay, d’origine antillaise.

« C’était trop tôt, je n’étais pas prête. J’ai eu peur, peur qu’on me résume à la couleur de ma peau. » Letizia Galloni

« Le ballet est donc bel et bien à l’image de la France, et la réflexion de Millepied plus conforme à l’esprit américain qu’à la réalité du Ballet de l’Opéra », conclut la journaliste. L’heure n’est pas à la révolution et la liberté du directeur de la danse heurte les conservatismes. Son choix de confier le premier rôle à une  jeune métisse, Letizia Galloni, dans La Fille mal gardée, lui vaut de nouvelles critiques. Presque personne ne le soutient, pas même la danseuse : « C’était trop tôt, je n’étais pas prête, se souvient-elle. J’ai eu peur, peur qu’on me résume à la couleur de ma peau. »

La fronde disparaît avec le départ de Benjamin Millepied, début 2016. La vie reprend comme avant. Aurélie Dupont, nouvelle directrice de la danse, suggère quand même d’aller chercher dans les quartiers défavorisés de jeunes danseurs pour les encourager à passer le concours de l’école de danse de l’Opéra de Paris, alors que 95 % du corps de ballet vient de l’école. Élisabeth Platel, la directrice de l’école, s’y oppose : elle refuse, explique-t-elle aujourd’hui, de donner de l’espoir à des gens qui pourraient, s’ils échouaient à intégrer le ballet de Garnier, lui reprocher d’être venue les chercher. Le directeur de l’époque, Stéphane Lissner, ne retient pas la proposition d’Aurélie

Une vraie révolution

En 2017, il présente aux mécènes un court-métrage réalisé par l’artiste Clément Cogito ré dans lequel des jeunes de toutes les origines et de toutes les morphologies, en sweat-shirt-bombers-baskets, dansent du krump, une sorte de hip-hop, sur le plateau de l’Opéra Bastille au son de Rameau et des Indes Galantes. Six minutes stupéfiantes plébiscitées par le public, nommées aux Césars, mais huées par un certain nombre de donateurs furieux. La direction ne réagit pas.

Pas plus qu’elle n’intervient, en avril 2017, au courrier d’un artiste du chœur, Bernard Arrieta, qui reproche au metteur en scène russe Dmitri Tcherniakov de « choisir très précisément les gens à mettre en évidence et ceux qu’il veut laisser discrètement derrière » – les barytons noirs et asiatiques – dans sa version de La Fille des neiges. Et qu’elle ne se manifeste pas non plus lorsqu’un chef de chœur écorche régulièrement les noms des artistes coréens et s’agace ostensiblement de ne pas les comprendre lorsqu’ils s’expriment en français.

« Pour réussir une rénovation profonde, pour que dans dix ans, les minorités soient mieux représentées à l’Opéra, il fallait une vraie réflexion. Je l’ai confiée à des personnalités extérieures dans un souci d’objectivité accrue, d’une plus grande liberté de parole. » Alexander Neef

Le silence, la gêne, Guillaume Diop, Awa Joannais, Binkady-Emmanuel Hié, Isaac Lopes Gomes, Letizia Galloni, Christian Moungoungou et les autres n’en veulent plus. Ils sont convaincus que, cette fois, le moment est venu, qu’ils vont être entendus. Et ils ont raison : la nouvelle direction réagit très vite, avant même que le manifeste soit envoyé par e-mail aux salariés de l’Opéra. Sur le principe, elle acte la disparition « des pratiques issues de l’héritage colonial et/ou esclavagiste » qui consistent à maquiller les artistes pour qu’ils correspondent à la vision de l’exotisme du créateur de l’œuvre.

Une révolution qui touche au cœur d’un patrimoine toujours marqué par les choix esthétiques de Rudolf Noureev, directeur de la danse de l’Opéra de Paris de 1983 à 1989 – La Bayadère, Le Lac des cygnes, Casse-Noisette… « Certaines œuvres vont sans doute disparaître du répertoire, confirme Alexander Neef. Mais ça ne suffira pas. Supprimer ne sert à rien si on ne tire pas les leçons de l’histoire. Pour réussir une rénovation profonde, pour que dans dix ans, les minorités soient mieux représentées à l’Opéra, il fallait une vraie réflexion. Je l’ai confiée à des personnalités extérieures dans un souci d’objectivité accrue, d’une plus grande liberté de parole. »

Des vêtements et des fards adaptés

Le souhait d’obtenir des vêtements et des fards adaptés aux carnations foncées est plus simple à exaucer. La directrice de la danse, Aurélie Dupont, « heureuse que l’on parle enfin de ce sujet », prend rendez-vous immédiatement avec les services concernés. Fin octobre, quatre mois après l’avoir demandé, Letizia Galloni et Awa Joannais enfilent des pointes fabriquées dans un satin beaucoup moins rose, au milieu de costumières enthousiastes.

« Je danse depuis quinze ans et c’était la première fois que j’enfilais des pointes de la bonne couleur », s’amuse Awa Joannais – des pointes que le fabricant britannique Freed of London n’a commencé à commercialiser que très récemment. Letizia Galloni a désormais une coiffeuse pour s’occuper de ses cheveux crépus, qu’elle a défrisés et coiffés elle-même pendant des années. Au maquillage, les deux danseuses n’ont plus besoin d’apporter leur propre fond de teint – « on peut arriver les mains dans les poches, comme les autres », résument-elles.

Christine Neumeister, directrice des costumes à l’Opéra de Paris, regrette leur long silence : « J’avoue que j’ai été surprise en lisant leur manifeste. J’ai découvert leurs revendications ! Comment aurais-je pu y répondre avant, alors qu’elles ne nous ont jamais sollicitées, mes équipes et moi ? Depuis trente-cinq ans, mon métier consiste à gérer le sur-mesure, à m’adapter à toutes les carnations, à toutes les situations. Quand Aurélie Dupont est venue discuter, elle prêchait une convaincue. Je regrette simplement cette absence de communication. »

 

La peur de sortir du rang

 

De nouveau, les auteurs du manifeste mettent en avant la peur, constante et paralysante, de sortir du rang. Leurs parents sont modestes : mères au foyer, infirmières, électriciens, rarement familiers du milieu artistique et de ses codes. Au sein du ballet, le respect de la discipline prime sur l’expression de l’individualité, et la compétition renforce l’inquiétude de se singulariser. La danse, c’est leur vie. Certains en ont déjà payé le prix, isolés de leur famille, fâchés parfois avec un père qui rêvait pour son fils d’une carrière de footballeur, loin d’un milieu encore souvent associé à l’homosexualité.

Contrairement à leurs camarades, ces danseurs ont eu assez peu de modèles identificatoires : pour plusieurs générations d’étoiles à la peau claire, combien de Misty Copeland ? « J’ai choisi Letizia comme petite mère[marraine] parce qu’elle me ressemblait », dit Guillaume Diop. Awa Joannais a fait pareil, et avant eux Letizia Galloni, qui avait elle aussi choisi un « petit père » (parrain) métis.

Au moment d’envoyer leur manifeste à tous les salariés de l’Opéra, ils ont de nouveau hésité. Et si leur audace leur coûtait une place en concours ? « Alexander Neef a envoyé un e-mail général pour soutenir notre démarche, tient à souligner Letizia Galloni. C’était très important. » « Nous ne voulions pas renverser la table, nous demandions que s’ouvre le dialogue », souligne le chanteur lyrique Christian Moungoungou, appuyé par son collègue Florent Mbia : « Nous avions peur d’un scandale, qu’on nous reproche notre initiative. La réaction de la direction, ouverte et attentive, nous a donné la force de continuer. »

Moins de 300 signatures

La force de continuer malgré l’indifférence, souvent, l’incompréhension, parfois, voire l’hostilité des salariés de l’Opéra : envoyé le 24 août à plus de 1 500 personnes, le manifeste a recueilli moins de 300 signatures. Il y a ceux qui n’ont pas lu ces revendications ; ceux qu’elles agacent ; ceux qui ne les comprennent pas ; ceux qu’elles n’intéressent pas. Même au sein du ballet, beaucoup ne se sentent pas concernés, ce qui stupéfie Germain Louvet, danseur étoile engagé à gauche, gréviste au moment de l’opposition à la réforme des retraites : « A partir du moment où vous mettez un pied en scène à côté d’un danseur qui est concerné, vous êtes concerné ! Je pense que beaucoup d’incompréhensions viennent d’une méconnaissance du contexte historique des œuvres, du passé colonial de la France. »

« Il ne faut pas attendre qu’un gamin noir qui vit dans une banlieue défavorisée se présente à l’école, dit Germain Louvet, il faut aller le chercher. » Germain Jouvet, étoile

« A 12 ans, j’ai été négrillon dans La Bayadère, et je trouvais ça normal. Je n’avais pas la culture historique pour comprendre que le “blackface” représentait un fantasme d’exotisme, un divertissement, pas la réalité. J’ai mis du temps à mesurer à quel point j’étais prisonnier de ma culture, la culture occidentale. Ce travail de contextua­lisation, d’explications me paraît essentiel. » Expliquer, ouvrir, aussi :« Il ne faut pas attendre qu’un gamin noir qui vit dans une banlieue défavorisée se présente à l’école, dit Germain Louvet, il faut aller le chercher. »

Il n’est pas le seul à le penser : pour beaucoup, l’absence de diversité à l’école de danse de l’Opéra serait le cœur du problème. La directrice de l’école, l’ancienne étoile Élisabeth Platel, s’insurge : « Pourquoi sont-ils si peu nombreux à se présenter ? Parce qu’ils pensent que cette école est réservée aux élites. C’est faux ! Toutes les classes de la société sont représentées ; la scolarité est gratuite, les chaussons sont fournis. Changer notre image est une nécessité, mais il ne faut pas que cela se fasse aux dépens de notre niveau d’exigence. »

Si l’abandon du « blackface » est pour elle une évidence, en revanche, renoncer à blanchir les personnages de fantômes lui semble une hérésie esthétique. Élisabeth Platel insiste, évoquant le souvenir d’une fillette noire en larmes parce qu’elle était la seule à ne pas avoir été blanchie au maquillage. Son ultime réticence : toucher à l’homogénéité du corps de ballet, « propre à l’esthétisme européen », rappelle-t-elle. Le poids, la taille, la norme doivent être les mêmes pour tous. Un discours sur la force de la tradition paradoxal dans la bouche de celle qui incarna la modernité et le souffle frais du renouveau lorsqu’elle prit la direction de l’école, en 2004, en remplacement de la redoutée Claude Bessy, qui la dirigeait depuis 1972 et dispensait un enseignement réputé pour sa sévérité…

« Cette question de l’uniformité du ballet blanc, sous couvert de ­relever de considérations exclusivement esthétiques, mérite réflexion, relève pourtant Martin Ajdari. Comme certains stéréotypes véhiculés dans le répertoire, qui traduisent une représentation européo-­centrée, et ses préjugés. Ces questions ne touchent pas ­simplement au répertoire. Nous avions engagé ce travail peu avant la prise de fonction d’Alexander Neef ; sa démarche et nos réflexions ont concordé. »

Des conservatismes qui ont la peau dure

Et, effectivement, les auteurs du manifeste louent la volonté de l’Opéra, ces dernières années, de mettre en place des politiques pour atteindre de nouveaux publics, d’origines sociales différentes. Ils évoquent aussi le travail « exemplaire » de ­l’Académie et de sa directrice, Myriam Mazouzi, qui développe des projets d’éducation artistique et culturelle pour rendre l’Opéra plus ­accessible. Mais il suffit de regarder les musiciens dans la fosse, les techniciens, l’administration, le public pour le comprendre : on y voit presque uniquement des visages blancs. Ainsi, les seuls Noirs qui apparaissent dans le film de Jean-Stéphane Bron, L’Opéra, sont les agents d’entretien.

Quant au public, il n’est pas moins ­conservateur : « Bientôt Village People à l’Opéra », regrettait un commentaire laissé par un internaute à la suite d’un article du Monde sur la volonté de l’institution d’engager une réflexion pour plus de diversité en son sein, mais aussi parmi les artistes invités ou les metteurs en scène extérieurs. Un membre de l’administration raconte avoir un jour invité des amis antillais. Il les a aperçus tout de suite dans la salle où il les cherchait des yeux : ils étaient les seuls à ne pas être blancs. « Comment peut-on donner envie à leurs enfants ? Parmi les spectateurs, parmi les danseurs, personne ne leur ressemble ! » Malgré un effort sur les prix des places, l’Opéra semble par ailleurs toujours inaccessible à beaucoup de Français.

 

Les conservatismes ont la peau dure partout dans le monde. La sœur d’Isaac Lopes Gomes, Chloé Lopes Gomes, une danseuse de 29 ans formée à l’Académie du Bolchoï, a raconté au Guardian, le 9 décembre, le harcèlement dont elle a été victime pendant les deux ans qu’elle a passés au Staatsballet de Berlin. Un calvaire qui a commencé dès son arrivée, en 2018 : « Une femme noire gâche l’esthétique du ballet », a lancé sa professeur en découvrant la jeune danseuse, première métisse à intégrer cette compagnie.Lire aussi A l’Opéra national de Paris, le malaise persiste

 

Rien d’aussi direct à l’Opéra de Paris, mais la mission confiée à Constance Rivière et à Pap Ndiaye a suscité de nombreuses réticences en interne parmi ceux qui redoutent une « américanisation » de l’Opéra de Paris, qui craignent que la diversité implique une entorse à l’excellence, ou qui ne voient pas de lien entre esthétisme et racisme. Au fil du temps pourtant, beaucoup de salariés ont souhaité rencontrer les deux rapporteurs.

Leur travail, initialement attendu mi-décembre par la direction de l’Opéra, ne sera finalement pas rendu avant la mi-janvier. Cinq mois pour réexaminer la norme morphologique et chromatique qui définit l’excellence à l’Opéra de Paris, pour repenser la manière d’incarner et de jouer la tradition, pour démocratiser l’institution sans la vulgariser. En attendant, La Bayadère, le chef-d’œuvre de Noureev, a été diffusée le 13 décembre sur la nouvelle plate-forme numérique L’Opéra chez soi – le « blackface » a disparu de la « Danse des enfants ». D’ici à quelques mois, une annonce officielle ou un petit livret pourraient précéder le spectacle. Pour expliquer au public pourquoi la ­couleur de la peau ne peut pas être un élément anodin du décor.

 

« C’est d’abord leur attachement à la maison qui m’a impressionné. Aux États-Unis, la contestation l’emporte souvent sur la concertation. Là, il était clair qu’ils cherchaient l’échange, pas l’ouverture des hostilités. » Alexander Neef, directeur »

stilités. »

KARIM SADLI POUR « M LE MAGAZINE DU MONDE

Surtout, ne pas braquer. Dans l’esprit des auteurs du manifeste, ce qu’ils considèrent comme « l’erreur de Benjamin Millepied » tient lieu de garde-fou : directeur de la danse pendant un peu plus d’un an, entre novembre 2014 et février 2016, Millepied a soulevé contre lui une grande partie des salariés en refusant, pour la première fois, de grimer de jeunes danseurs dans un tableau de La Bayadère, ballet romantique dont l’action se situe en Inde. A ceux qui s’indignent de cette rupture avec la tradition esthétique maison et exigent une discussion préalable, il oppose un refus ferme et définitif de perpétuer ses pratiques qu’il juge d’un autre temps. Dans le même esprit, il modifie sans concertation le nom du tableau incriminé : fini la « Danse des négrillons ». Ce sera désormais la « Danse des enfants ». Dans les couloirs, on fustige son tropisme « américain », on s’inquiète d’un premier pas vers une « ségrégation positive ».

Les tentatives malheureuses de Benjamin Millepied

La presse n’est pas moins irritée lorsque Millepied, en 2013, avant même d’entrer en fonction, s’émeut dans le magazine Têtu de « l’absence de danseurs de couleur » au sein de la compagnie : « Cette déclaration fracassante, tendant à faire croire aux bonnes âmes que la danse classique serait raciste, est aussi sotte, quoique plus politiquement correcte, que le fait de regretter qu’il y ait trop de joueurs noirs dans l’équipe de France de football », écrit le journaliste Olivier Bellamy sur le site du Huffington Post« La compagnie ne pratique aucun ostracisme envers les danseurs de couleur », rétablit Ariane Bavelier dans Le Figaro, citant l’Eurasien Charles Jude, l’étoile d’origine berbère Kader Belarbi, Jean-Marie Didière, d’origine africaine, ou encore Raphaëlle Delaunay, d’origine antillaise.

 

« Le ballet est donc bel et bien à l’image de la France, et la réflexion de Millepied plus conforme à l’esprit américain qu’à la réalité du Ballet de l’Opéra », conclut la journaliste. L’heure n’est pas à la révolution et la liberté du directeur de la danse heurte les conservatismes. Son choix de confier le premier rôle à une  jeune métisse, Letizia Galloni, dans La Fille mal gardée, lui vaut de nouvelles critiques. Presque personne ne le soutient, pas même la danseuse : « C’était trop tôt, je n’étais pas prête, se souvient-elle. J’ai eu peur, peur qu’on me résume à la couleur de ma peau. »

 

La fronde disparaît avec le départ de Benjamin Millepied, début 2016. La vie reprend comme avant. Aurélie Dupont, nouvelle directrice de la danse, suggère quand même d’aller chercher dans les quartiers défavorisés de jeunes danseurs pour les encourager à passer le concours de l’école de danse de l’Opéra de Paris, alors que 95 % du corps de ballet vient de l’école. Élisabeth Platel, la directrice de l’école, s’y oppose : elle refuse, explique-t-elle aujourd’hui, de donner de l’espoir à des gens qui pourraient, s’ils échouaient à intégrer le ballet de Garnier, lui reprocher d’être venue les chercher. Le directeur de l’époque, Stéphane Lissner, ne retient pas la proposition d’Aurélie Dupont.

 

« C’était trop tôt, je n’étais pas prête. J’ai eu peur, peur qu’on me résume à la couleur de ma peau. » Letizia Galloni

 

Une vraie révolution

 

En 2017, il présente aux mécènes un court-métrage réalisé par l’artiste Clément Cogitore dans lequel des jeunes de toutes les origines et de toutes les morphologies, en sweat-shirt-bombers-baskets, dansent du krump, une sorte de hip-hop, sur le plateau de l’Opéra Bastille au son de Rameau et des Indes Galantes. Six minutes stupéfiantes plébiscitées par le public, nommées aux Césars, mais huées par un certain nombre de donateurs furieux. La direction ne réagit pas.

Pas plus qu’elle n’intervient, en avril 2017, au courrier d’un artiste du chœur, Bernard Arrieta, qui reproche au metteur en scène russe Dmitri Tcherniakov de « choisir très précisément les gens à mettre en évidence et ceux qu’il veut laisser discrètement derrière » – les barytons noirs et asiatiques – dans sa version de La Fille des neiges. Et qu’elle ne se manifeste pas non plus lorsqu’un chef de chœur écorche régulièrement les noms des artistes coréens et s’agace ostensiblement de ne pas les comprendre lorsqu’ils s’expriment en français.

Le silence, la gêne, Guillaume Diop, Awa Joannais, Binkady-Emmanuel Hié, Isaac Lopes Gomes, Letizia Galloni, Christian Moungoungou et les autres n’en veulent plus. Ils sont convaincus que, cette fois, le moment est venu, qu’ils vont être entendus. Et ils ont raison : la nouvelle direction réagit très vite, avant même que le manifeste soit envoyé par e-mail aux salariés de l’Opéra. Sur le principe, elle acte la disparition « des pratiques issues de l’héritage colonial et/ou esclavagiste » qui consistent à maquiller les artistes pour qu’ils correspondent à la vision de l’exotisme du créateur de l’œuvre.

« Pour réussir une rénovation profonde, pour que dans dix ans, les minorités soient mieux représentées à l’Opéra, il fallait une vraie réflexion. Je l’ai confiée à des personnalités extérieures dans un souci d’objectivité accrue, d’une plus grande liberté de parole. » Alexander Neef

 

Une révolution qui touche au cœur d’un patrimoine toujours marqué par les choix esthétiques de Rudolf Noureev, directeur de la danse de l’Opéra de Paris de 1983 à 1989 – La Bayadère, Le Lac des cygnes, Casse-Noisette… « Certaines œuvres vont sans doute disparaître du répertoire, confirme Alexander Neef. Mais ça ne suffira pas. Supprimer ne sert à rien si on ne tire pas les leçons de l’histoire. Pour réussir une rénovation profonde, pour que dans dix ans, les minorités soient mieux représentées à l’Opéra, il fallait une vraie réflexion. Je l’ai confiée à des personnalités extérieures dans un souci d’objectivité accrue, d’une plus grande liberté de parole. »

 

Des vêtements et des fards adaptés

Le souhait d’obtenir des vêtements et des fards adaptés aux carnations foncées est plus simple à exaucer. La directrice de la danse, Aurélie Dupont, « heureuse que l’on parle enfin de ce sujet », prend rendez-vous immédiatement avec les services concernés. Fin octobre, quatre mois après l’avoir demandé, Letizia Galloni et Awa Joannais enfilent des pointes fabriquées dans un satin beaucoup moins rose, au milieu de costumières enthousiastes.

« Je danse depuis quinze ans et c’était la première fois que j’enfilais des pointes de la bonne couleur », s’amuse Awa Joannais – des pointes que le fabricant britannique Freed of London n’a commencé à commercialiser que très récemment. Letizia Galloni a désormais une coiffeuse pour s’occuper de ses cheveux crépus, qu’elle a défrisés et coiffés elle-même pendant des années. Au maquillage, les deux danseuses n’ont plus besoin d’apporter leur propre fond de teint – « on peut arriver les mains dans les poches, comme les autres », résument-elles.

Christine Neumeister, directrice des costumes à l’Opéra de Paris, regrette leur long silence : « J’avoue que j’ai été surprise en lisant leur manifeste. J’ai découvert leurs revendications ! Comment aurais-je pu y répondre avant, alors qu’elles ne nous ont jamais sollicitées, mes équipes et moi ? Depuis trente-cinq ans, mon métier consiste à gérer le sur-mesure, à m’adapter à toutes les carnations, à toutes les situations. Quand Aurélie Dupont est venue discuter, elle prêchait une convaincue. Je regrette simplement cette absence de communication. »

 

La peur de sortir du rang

 

De nouveau, les auteurs du manifeste mettent en avant la peur, constante et paralysante, de sortir du rang. Leurs parents sont modestes : mères au foyer, infirmières, électriciens, rarement familiers du milieu artistique et de ses codes. Au sein du ballet, le respect de la discipline prime sur l’expression de l’individualité, et la compétition renforce l’inquiétude de se singulariser. La danse, c’est leur vie. Certains en ont déjà payé le prix, isolés de leur famille, fâchés parfois avec un père qui rêvait pour son fils d’une carrière de footballeur, loin d’un milieu encore souvent associé à l’homosexualité.

 

Contrairement à leurs camarades, ces danseurs ont eu assez peu de modèles identificatoires : pour plusieurs générations d’étoiles à la peau claire, combien de Misty Copeland ? « J’ai choisi Letizia comme petite mère[marraine] parce qu’elle me ressemblait », dit Guillaume Diop. Awa Joannais a fait pareil, et avant eux Letizia Galloni, qui avait elle aussi choisi un « petit père » (parrain) métis.

 

Au moment d’envoyer leur manifeste à tous les salariés de l’Opéra, ils ont de nouveau hésité. Et si leur audace leur coûtait une place en concours ? « Alexander Neef a envoyé un e-mail général pour soutenir notre démarche, tient à souligner Letizia Galloni. C’était très important. » « Nous ne voulions pas renverser la table, nous demandions que s’ouvre le dialogue », souligne le chanteur lyrique Christian Moungoungou, appuyé par son collègue Florent Mbia : « Nous avions peur d’un scandale, qu’on nous reproche notre initiative. La réaction de la direction, ouverte et attentive, nous a donné la force de continuer. »

 

Moins de 300 signatures

La force de continuer malgré l’indifférence, souvent, l’incompréhension, parfois, voire l’hostilité des salariés de l’Opéra : envoyé le 24 août à plus de 1 500 personnes, le manifeste a recueilli moins de 300 signatures. Il y a ceux qui n’ont pas lu ces revendications ; ceux qu’elles agacent ; ceux qui ne les comprennent pas ; ceux qu’elles n’intéressent pas. Même au sein du ballet, beaucoup ne se sentent pas concernés, ce qui stupéfie Germain Louvet, danseur étoile engagé à gauche, gréviste au moment de l’opposition à la réforme des retraites : « A partir du moment où vous mettez un pied en scène à côté d’un danseur qui est concerné, vous êtes concerné ! Je pense que beaucoup d’incompréhensions viennent d’une méconnaissance du contexte historique des œuvres, du passé colonial de la France. »

« A 12 ans, j’ai été négrillon dans La Bayadère, et je trouvais ça normal. Je n’avais pas la culture historique pour comprendre que le “blackface” représentait un fantasme d’exotisme, un divertissement, pas la réalité. J’ai mis du temps à mesurer à quel point j’étais prisonnier de ma culture, la culture occidentale. Ce travail de contextua­lisation, d’explications me paraît essentiel. » Expliquer, ouvrir, aussi : « Il ne faut pas attendre qu’un gamin noir qui vit dans une banlieue défavorisée se présente à l’école, dit Germain Louvet, il faut aller le chercher. »

 

Il n’est pas le seul à le penser : pour beaucoup, l’absence de diversité à l’école de danse de l’Opéra serait le cœur du problème. La directrice de l’école, l’ancienne étoile Élisabeth Platel, s’insurge : « Pourquoi sont-ils si peu nombreux à se présenter ? Parce qu’ils pensent que cette école est réservée aux élites. C’est faux ! Toutes les classes de la société sont représentées ; la scolarité est gratuite, les chaussons sont fournis. Changer notre image est une nécessité, mais il ne faut pas que cela se fasse aux dépens de notre niveau d’exigence. »

Si l’abandon du « blackface » est pour elle une évidence, en revanche, renoncer à blanchir les personnages de fantômes lui semble une hérésie esthétique. Élisabeth Platel insiste, évoquant le souvenir d’une fillette noire en larmes parce qu’elle était la seule à ne pas avoir été blanchie au maquillage. Son ultime réticence : toucher à l’homogénéité du corps de ballet, « propre à l’esthétisme européen », rappelle-t-elle. Le poids, la taille, la norme doivent être les mêmes pour tous. Un discours sur la force de la tradition paradoxal dans la bouche de celle qui incarna la modernité et le souffle frais du renouveau lorsqu’elle prit la direction de l’école, en 2004, en remplacement de la redoutée Claude Bessy, qui la dirigeait depuis 1972 et dispensait un enseignement réputé pour sa sévérité…

« Cette question de l’uniformité du ballet blanc, sous couvert de ­relever de considérations exclusivement esthétiques, mérite réflexion, relève pourtant Martin Ajdari. Comme certains stéréotypes véhiculés dans le répertoire, qui traduisent une représentation européo-­centrée, et ses préjugés. Ces questions ne touchent pas ­simplement au répertoire. Nous avions engagé ce travail peu avant la prise de fonction d’Alexander Neef ; sa démarche et nos réflexions ont concordé. »

Des conservatismes qui ont la peau dure

 

Et, effectivement, les auteurs du manifeste louent la volonté de l’Opéra, ces dernières années, de mettre en place des politiques pour atteindre de nouveaux publics, d’origines sociales différentes. Ils évoquent aussi le travail « exemplaire » de ­l’Académie et de sa directrice, Myriam Mazouzi, qui développe des projets d’éducation artistique et culturelle pour rendre l’Opéra plus ­accessible. Mais il suffit de regarder les musiciens dans la fosse, les techniciens, l’administration, le public pour le comprendre : on y voit presque uniquement des visages blancs. Ainsi, les seuls Noirs qui apparaissent dans le film de Jean-Stéphane Bron, L’Opéra, sont les agents d’entretien.

 

Quant au public, il n’est pas moins ­conservateur : « Bientôt Village People à l’Opéra », regrettait un commentaire laissé par un internaute à la suite d’un article du Monde sur la volonté de l’institution d’engager une réflexion pour plus de diversité en son sein, mais aussi parmi les artistes invités ou les metteurs en scène extérieurs. Un membre de l’administration raconte avoir un jour invité des amis antillais. Il les a aperçus tout de suite dans la salle où il les cherchait des yeux : ils étaient les seuls à ne pas être blancs. « Comment peut-on donner envie à leurs enfants ? Parmi les spectateurs, parmi les danseurs, personne ne leur ressemble ! » Malgré un effort sur les prix des places, l’Opéra semble par ailleurs toujours inaccessible à beaucoup de Français.

 

Les conservatismes ont la peau dure partout dans le monde. La sœur d’Isaac Lopes Gomes, Chloé Lopes Gomes, une danseuse de 29 ans formée à l’Académie du Bolchoï, a raconté au Guardian, le 9 décembre, le harcèlement dont elle a été victime pendant les deux ans qu’elle a passés au Staatsballet de Berlin. Un calvaire qui a commencé dès son arrivée, en 2018 : « Une femme noire gâche l’esthétique du ballet », a lancé sa professeur en découvrant la jeune danseuse, première métisse à intégrer cette compagnie.Lire aussi A l’Opéra national de Paris, le malaise persiste

 

Rien d’aussi direct à l’Opéra de Paris, mais la mission confiée à Constance Rivière et à Pap Ndiaye a suscité de nombreuses réticences en interne parmi ceux qui redoutent une « américanisation » de l’Opéra de Paris, qui craignent que la diversité implique une entorse à l’excellence, ou qui ne voient pas de lien entre esthétisme et racisme. Au fil du temps pourtant, beaucoup de salariés ont souhaité rencontrer les deux rapporteurs.

Leur travail, initialement attendu mi-décembre par la direction de l’Opéra, ne sera finalement pas rendu avant la mi-janvier. Cinq mois pour réexaminer la norme morphologique et chromatique qui définit l’excellence à l’Opéra de Paris, pour repenser la manière d’incarner et de jouer la tradition, pour démocratiser l’institution sans la vulgariser. En attendant, La Bayadère, le chef-d’œuvre de Noureev, a été diffusée le 13 décembre sur la nouvelle plate-forme numérique L’Opéra chez soi – le « blackface » a disparu de la « Danse des enfants ». D’ici à quelques mois, une annonce officielle ou un petit livret pourraient précéder le spectacle. Pour expliquer au public pourquoi la ­couleur de la peau ne peut pas être un élément anodin du décor.

A L’OPÉRA, LA DIVERSITÉ ENTRE EN SCÈNE

Maquillage inadapté, représentations coloniales dans le répertoire, danseurs grimés ou plafond de verre dans le recrutement… Dans le sillage de Black Lives Matter, des salariés métis et noirs de l’Opéra de Paris ont publié cet été un manifeste qui s’interroge sur la prise en compte de la diversité dans leur institution.

Par

LES CONTRIBUTIONS (59)

MarieG28/12/2020 – 20H33

Je vois plusieurs questions ici :
1° L’adaptation aux spécificités éventuelles des artistes : ça relève de l’évidence comme Didier l’écrit et on se demande comment personne n’a pensé proposer/demander plus tôt des collants ou du maquillage. Je trouve très positif que ça se mette en place facilement
2° Le souhait d’éviter les caricatures vexatoires dans les oeuvres : c’est très important mais on n’y arrivera jamais complètement. Je suis une femme et l’entièreté du répertoire chorégraphique et lyrique repose sur les stéréotypes du prince charmant, du séducteur patenté et de leurs promises ou victimes, comme dans tous les arts occidentaux depuis des siècles. Veiller à ce que notre époque propose ses créations et récréations me paraît bien plus essentiel que le nettoyage du passé artistique qui ne peut être réécrit
3° La place des minorités parmi les artistes et spectateurs : il n’y a pas que l’opéra (cf le rock plus populaire). C’est un travail social qui existe et peut se poursuivre.

Didierd 28/12/2020 – 18H53

Je suis antillais et je vais plusieurs fois par saison à l opéra même si je n ai jamais pris d abonnement. Il est vrai que nous sommes rarement plus de 2 ou 3 blacks dans l assistance.
Je pense qu il faut parfois ne pas se préoccuper de ce que peuvent penser les autres. J assiste à des opéras ou à des ballets parce que j aime ça. Je paye ma place donc personne ne peut me dire que je ne suis pas à ma place.
J’ avoue que je ne sais pas trop quoi penser de cet article. Que les artistes de couleurs aient du matériel adapté à leur carnation cela me semble relever d une évidence.
Pour les danseurs, travailler dur et l un de vous sera tellement bon que même les plus réticents ne pourront pas lui refuser de devenir danseur etoile. Cela ouvrira la porte aux autres. Je ne dis pas que c est facile mais c est le seul moyen pour avoir une légitimité incontestable. L opéra est un univers conservateur et un peu élitiste mais à l instar d autres univers il s ouvrira c est le sens de l Histoire !!

Sébastien28/12/2020 – 17H17

Bof, ce n’est pas mon problème, cela ne concerne que les militants pro-races. L’Opéra me correspond tout à fait comme il est aujourd’hui (hors période d’interdiction, bien entendu), ne changeons rien. En tout cas, je ne comprendrai jamais comment la mort d’un délinquant Américain a pu mener à créer un quelconque mouvement… Définitivement, ce n’est pas mon univers.

HB128/12/2020 – 14H36

 » La Bayadère, Le Lac des cygnes, Casse-Noisette… « Certaines œuvres vont sans doute disparaître du répertoire, confirme Alexander Neef. Mais ça ne suffira pas. Supprimer ne sert à rien si on ne tire pas les leçons de l’histoire. »- Incroyable qu’une telle affirmation ne fasse pas plus réagir. M. Neef, du haut de son idéologie « Woke », décide d’éradiquer une partie du répertoire national. C’est ce que dans le vieux monde on appelait la censure, et une censure moralisatrice, expéditive et sans

Godoy9328/12/2020 – 19H06

@HB1. Et pourquoi s’arrêter en si bon chemin, expurger le répertoire de l’Opéra ne suffira bientôt plus. Au nom de quoi, je vous le demande, la littérature « qui ne nous ressemble pas » et qui est parfois l’illustration de notre passé colonial et du « privilège blanc », et aussi l’architecture, échapperaient-elles à cette remise à plat ethnico-culturelle. Du passé faisons table rase! Après le « réalisme socialiste » nous aurons le réalisme de la diversité. C’est grâce à ce discours qu’aux États-Unis Trump est parvenu à se faire élire en 2016 et à obtenir 73 millions de votes en novembre. Et déjà la gauche du parti démocrate exige de Biden qu’il opère un tournant idéologique et le mouvement Woke ne le laissera pas en paix. Pour le plus grand bonheur de la minorité blanche, qui est encore la minorité la plus importante. Si la France et l’occident sont attrayants c’est aussi parce qu’ils sont ce qu’ils sont. Et ils évoluent plus qu’on ne le croit et dit. Bien plus que les pays d’émigration.

Didier De Wagram28/12/2020 – 11H00

Prochains épisodes : dans Carmen, plus de toréador (maltraitance animale) ; dans Don Giovanni, présence obligatoire d’un quota de LGBT dans la liste des 1003 conquêtes ; dans La Bohème, plus de poële à charbon (bilan carbone désastreux) ; dans Tristan et Isolde, plus de philtre d’amour (dopage) ; dans Le Trouvère, plus de gitans (stigmatisant) … Othello (jaloux maladif et meutrier), quant à lui, devra être blanc … On peut s’amuser à rallonger la liste …

MARCO28/12/2020 – 14H08

Et Lulu femme fatale qui se se prostitue pour faire vivre son amant …pas bien ça non plus…

John Morlar28/12/2020 – 12H44

Tout à fait juste. Carmen ajoutant le féminicide à son cas. Les Contes d’hoffmann favorisent outrageusement la consommation d’alcool..quant à Wagner ça se passe de commentaires. Directement à la poubelle.

jMaxR28/12/2020 – 10H54

Article intéressant.

Ça m’a rappelé Barbara Hendricks jouant Liu dans Turandot aux Chorégies d’Orange en 1997. Sublime. À ma connaissance, personne ne s’est jamais plaint que ce soit une artiste noire qui joue le rôle d’une asiatique dans un opéra européen. Peut-être parce que la couleur de sa peau s’effaçait vite devant la couleur de sa voix. Tout ça pour dire que s’il ne faut pas ignorer les questions posées par l’apparence, l’essentiel n’est pas là. Et que le travail et le talent restent les maîtres mots de l’art lyrique.

boomer28/12/2020 – 10H53

Refaites votre corps de ballet avec qui vous voulez, des personnes de petite taille, des obèses, des handicapés. Ne jouez pas Eschyle par peur du blackface. Ne jouez plus la Marche Turque de Mozart. L’appropriation culturelle, ça marche dans les deux sens. J’adore Jessye Norman et ces myriades de talents noirs. Les blacks en photo de cet article m’auraient simplement emerveillé, alors que maintenant j’ai des pensées confuses. Ceux qui reecrivent l’histoire ont toujours été du côté des dictatures. Merci pour avoir nourri un peu plus le populisme rampant.

hubert28/12/2020 – 10H28

Il est dommage de commencer cet article par L’AROP pour s’interroger sur la présence d’hommes et de femmes noirs dans le Lac des Cygnes ou Casse-noisettes . Si je ne me trompe pas Jessye Norman est une cantatrice noire? faut il laisser le ballet dans la poussière Louis Quatorzienne ? oui je sais que le 19e siècle a bcp apporté au Ballet ,merci de la leçon .
L’arop permet à des gens riches ou snobs de préempter les meilleures places , je crois même que c ‘est à cause de cette association qu’il est devenu quasi impossible de trouver une place au 1er rang du Paradis à Garnier . Mettre en relief une conduite imbécile d’une spectatrice face à un beau garçon noir bien habillé est excessif ; elle avait peut être envie de le draguer pensant qu’il s’agissait d’un potentiel gigolo mais cela aussi serait raciste . reste à savoir comment faire pour faire évoluer un corps noir parmi 60 danseurs blancs , c ‘est une vraie interrogation , je veux bien observer la chose .

boomer28/12/2020 – 13H30

On sait tous que les vigiles sont choisis en priorité parmi les minorités et, ne nous cachons pas derrière notre petit doigt, on sait bien pourquoi. Cette erreur a dû mettre son auteuse plus mal à l’aise que la victime. Quand la bêtise est consommée, les excuses sincères, sont malheureusement la derniere solution.

Ithilglin 28/12/2020 – 10H12

Les cheveux crépus ne sont pas “plus difficiles à coiffer”. Les coiffeurs et coiffeuses de l’opéra ne savent pas les coiffer.
Ces petites phrases inversent le problème : la diversité humaine n’est pas un problème, c’est une chance.
Ce qui pose problème?
Être incapable de s’adapter à l’autre et ainsi le rendre coupable d’être différent. Oublie de la spécificité du corps féminin, la spécificité des corps non blanc. Organisation sociale niant les identités de genre ou les orientations sexuelles et romantiques non hétérosexuelles. Espace public inadapté aux besoins des personnes non valides. Et accuser ces différences de communautarisme.
Ou bien résumer l’autre à sa différence. En considérant qu’un acteur noir ne peut pas jouer un personnage blanc sans maquillage. Et ainsi limiter l’acteur et le personnage à leur couleur de peau. Et nier qu’il s’agit du seul vrai communautarisme, celui des dominants.
Et qualifier cette domination de norme universelle.

J.Marieu28/12/2020 – 10H08

Éclairez-moi: c’est quoi la « diversité »?

Professeur Gaston28/12/2020 – 10H05

Ce qui est choquant, dans cet article, ce n’est pas le racisme mais l’élitisme : quelles que soient leurs couleurs de peau, ces danseurs semblent tous issus du même moule bourgeois.

Papageno 28/12/2020 – 14H05

Les artistes de l’opéra sont issus de milieux sociaux divers, mais pour la majorité, issus des classes moyennes et souvent modestes. L’élitisme est une réalité différente : un apprentissage précoce au sein des structures publiques de l’hexagone, (conservatoires, écoles de danse), et une sélection continue qui exige dons exceptionnels et travail assidu depuis l’enfance. L’entrée à l’Ecole de Danse de l’Opera ou aux CNSM de Paris et de Lyon consacre le professionnalisme. Puis viennent les concours d’entrée à l’Opera, ouverts à l’international. C’est bien une élite de danseurs, chanteurs et musiciens qui sont les forces vives de l’Opera. Si ça vous choque, je vous propose de décrocher les tableaux du Louvre et de les remplacer par des expos de peintres du dimanche, de virer les comédiens français pour un atelier de quartier etc….

Tinos28/12/2020 – 11H57

Ce qui est choquant c’est de faire ce commentaire sans avoir lu l’article notamment le paragraphe intitulé « la peur de sortir du rang ».

Gilles SPAIER28/12/2020 – 09H57

Merci pour cet article fouillé et documenté. Il m’a permis de bien cerner la complexité du problème. Quelques réactions de certain lecteurs m’ont amusé. Le problème des préjugés n’existe pas qu’au sein de cette institution, mais aussi, parmi les potentiels spectateurs et parmi des lecteurs du Monde.

28/12/2020 – 09H39

A l’école de l’opéra, j’espère que l’éducation proposée aborde les questions de tolérance, du vivre ensemble, de l’apport de chacun au bien commun etc…. La transgression que représente la ré- interprétation des œuvres classiques du répertoire en danse et à l’opéra peut dépasser la fameuse « tradition » fourre tout qui permet aussi au racisme de perdurer. Les décors, les époques tout se change sur scène tant l’imaginaire des metteurs en scène est multiple et infini. Pas les carnations?
Contrairement à ce que voit Michèle de Dordogne, je ne vois rien de « méchant »  dans l’expression de ces jeunes danseurs!

Super Sara28/12/2020 – 08H45

Dommage que cette réflexion ne nomme pas l’éléphant bourdieusien au milieu du salon : l’opéra est avant tout un truc de bourges, par des bourges, pour des bourges.

MARCO28/12/2020 – 11H52

Et autre scoop, c’est aussi un truc d’intellos. On ne va pas écouter la Tétralogie comme on va voir un concert de variété. C’est comme ça. Et puis ras-le-bol de l’égalitarisme à tout prix. De même que Tout le monde ne peut pas lire Pascal ou Nietzsche, tout le monde ne peut pas écouter Parsifal, Pelléas et Mélisande ou Lulu…ça demande un investissement culturel.

Tinos28/12/2020 – 11H31

@sara : à peu près aussi stupide et ignare que les talibans détruisant les bouddhas de Bamyan. Quand on ne sait pas, qu’on ne comprend pas, ou qu’on aime pas, on dénigre. Remplacez dans votre post le mot bourgeois par noirs, juifs, ou gay, et vous verrez sa vraie nature. Citer mal à propos Bourdieu n’y change rien.

MARCO28/12/2020 – 10H50

Pour les prolos y’a le foot 😜😂

アグレッシブ烈子28/12/2020 – 05H03

L’idée qu’une pétition ou qu’une revendication soit légitime et qu’il faille donc les appuyer en raison de la seule couleur de peau de ceux qui la signer est assez sotte. D’autant plus que ces revendications sont un double-bind insoluble: blanchir ,c’est mal; ne pas blanchir, c’est mal. Tenir compte de la couleur de peau, c’est mal. Ne pas en tenir compte, c’est mal.
Le raisonnent de cet article est que, si l’on n’a pas signé cette pétition , on serait raciste.
Que ces idées aboutissement à l’épuration de chefs-d’œuvre du répertoire (à remplacer par, quoi, le krump ?) est désolant. Affirmer la valeur esthétique en fonction de la provenance ethnique n’est pas un progrès.

 

Jb or 28/12/2020 – 03H45

Du grand n’importe quoi. Lemonde et les institutions françaises deviennent des ersatz américains. Ça commence à bien faire ces jérémiades, le talent n’a pas de race. A vouloir tout mélanger chacun perd sa culture; peut-être est-ce à dessein, nous pourrons enfin tous nous réunir devant Netflix avec un bon mac do livré par un chauffeur uber.

Michèle de Dordogne28/12/2020 – 01H03

Certaines assertions dans cet article sont injustes et fausses : si l’Opéra de Paris était raciste, il n’y aurait ni noir ni métis dans les chœurs et dans le corps de ballet, où il est si difficile d’entrer pour tout le monde. Et demander à une personne de couleur de quel pays elle vient n’est pas forcément de la discrimination ou du mépris, cela peut être de la curiosité amicale et une marque d’intérêt.

Clovis28/12/2020 – 00H39

Actuellement c’est effectivement un art blanc. Dans la ville de l’ouest où je réside, à part un violoniste chinois, tout le monde est blanc, chanteurs, musiciens, choristes spectateurs., alors
Je ne pense pas qu’on puisse acquérir le produit de plusieurs siècles de culture en un claquement de doigts. Pour que le métissage puisse se faire sans pertes, il faut qu’il soit très lent afin qu’il soit ridicule de dire que tel artiste de couleur est là par quota. Que la télévision cherche à aller plus vite, pourquoi pas ? La série télé n’est pas un art, et surtout elle ne s’appuie pas sur un répertoire comme le théâtre, la musique et la danse classique.
Si certains veulent élaguer le répertoire par bienveillance pour les Français récents, on court à la catastrophe. Après la Bayadère, pourquoi pas interdire le Cid, pièce dans laquelle Corneille présente le rejet des Maures à la mer comme un acte louable. Ce refus de l’enrichissement par l’autre, inspiré par l’islamophobie n’a pas sa place

Lumielle28/12/2020 – 12H24

@Ma Tzu… « bigoterie bien provinciale » ?? Mais quel mépris et condescendance dans l’expression. Des bigots et des ploucs, j’en ai rencontré des dizaines à Paris.

PhilippeT28/12/2020 – 09H15

« Je ne pense pas qu’on puisse acquérir le produit de plusieurs siècles de culture en un claquement de doigts ». Vous l’avez acquis par votre naissance ?

Ma Tzu 28/12/2020 – 08H28

Quelle odeur de bigoterie bien provinciale! 😁😁😁

Léonard-99927/12/2020 – 23H41

Il est temps à l’Opéra de Paris de recruter via des quotas par couleur de peau

Mme D27/12/2020 – 23H26

En lisant ces commentaires, on comprend que Pape Ndiaye et Constance Rivière ont du pain sur la planche! Le fait même de ne pas reconnaître le racisme dans la manière de représenter certaines oeuvres et de dévaloriser les revendications légitimes des artistes dont il est question dans cet article est assez inquiétant et en dit long sur le long et profond travail de pédagogie à réaliser.

MH28/12/2020 – 08H01

Vous êtes sûre de ne pas confondre pédagogie et rééducation ?

Ambroise Laplace27/12/2020 – 23H23

Un jour, on ne pourra plus mettre de perruques ou de fausses barbes sans heurter la sensibilité de telle ou telle « communauté » auto proclamée.

keora27/12/2020 – 23H02

Il va falloir jouer La Cid avec des espagnols pur souche alors que de vrais intégristes joueront les maures qui avec le mer montera jusque au port. Une super production.

John Morlar28/12/2020 – 10H04

Ca ne marchera pas de toute façon puisque leur blanchir la peau pour jouer certains rôles, c’est raciste, et leur fait jouer des rôles « ethniques », c’est post colonial et raciste également. A tous les coups on perd. Il n’y a pas de solution.

IDEE27/12/2020 – 22H49

Je dois être naïve mais je pensais que l’art n’avait pas de couleur. Il faudrait cesser de penser que la diversité inventée par le politiquement correct vit en banlieue et baigne dans le rap ou le hip hop. Le noir ou l’arabe est toujours renvoyé à un milieu social défavorisé et le blanc à un privilégié. C’est stigmatisant et ne fait pas avancer le monde. On peut être noir ou arabe et faire de la danse classique et être blanc et danser sur du hip hop. Soyons plus ouvert et la diversité, elle est humaine. Ras le bol des termes suivants galvaudés par les médias : minorité, diversité. ethnicite, premier noir ceci, premier arabe ceci..
On continue à enfermer des gens dans des clichés qui se veulent être des fers de lance de l’anti-discrimination. Que nenni…

Ma Tzu 28/12/2020 – 08H26

Il y a des milliers d’ “arabes” milliardaires , et des centaines de millions de “blancs” pauvres. Et on vous refuserez l’ entrée dans leurs clubs privés, tout “blanc” que vous êtes. 😁😁😁

PLA27/12/2020 – 22H35

Désolé que les cultures ayant inventé la danse classique y ait projeté ses normes.
Sinon, la photo avec laquelle vous illustrez cet article n’a rien de diverse, elle est tout ce qu’il y a de plus homogène.

Michèle de Dordogne28/12/2020 – 01H14

En effet, les ados figurant sur la photo sont tous de magnifiques métis. Je regrette toutefois que le photographe leur ait demandé de prendre un air accusateur, voire menaçant, c’est très désagréable.

D accord27/12/2020 – 22H24

Un gros tissus de n’importe quoi. Ceux qui sont intéressés ont leur chance.
J’ai un abonnement pour tous les spectacles et non.. on nous bassine pas à chaque représentation avec arc en ciel garanti, mais les spectacles sont divers, tout comme les artistes.
Alors prenons l’orchestre, oui là on trouve moins de noir. Mais que je sache il n’y a pas d’interdiction de se présenter au conservatoire. C’est à eux de s’y présenter.
A l’opéra, il n’y a pas d’interdiction de s’y rendre quand on est des cités. Il y a même des places réservées.
Mais qu’entends-je ? C’est ringard.

Alors on a eu des directeurs qui ont essayé de faire entrer  » les arts de la rue », hip hop sur scène. Mais bon…. quand je vais à l’opéra c’est pas pour voir du rap ou du hip hop à chaque fois.
J’imagine que faire une première partie opéra classique mozart ça viendrait pas à l’esprit d’organisateurs de concerts hip hop, alors pourquoi ce serait une obligation dans l’opéra.

Jessye Norman était une superstar 😉

Jogg27/12/2020 – 22H19

Le changement entre en vitesse de croisière. Les geremiades des commentateurs conservateurs pour la plupart mais bel est bien racistes pour d’autres font vraiment plaisir à voir. Rien ne peut plus arrêter la vague les blancs vont perdre leurs derniers petits privilèges et la société sera plus juste,toutes les races et les religions mieux intégrés.

MH28/12/2020 – 08H49

Vous avez plus de chance d’obtenir la guerre de tous contre tous non ? Mais c’est peut être ce que vous souhaitez…

Seingalt28/12/2020 – 01H31

Il n’y a pas “ des “ races, il existe seulement la race humaine. Ne soyez pas vous aussi “ raciste “.

Pb28/12/2020 – 00H42

Merci, j’ai beaucoup ri !

Aloes27/12/2020 – 21H56

Un article un peu foutraque mais qui pose de vraies questions et peut être aussi de fausses questions résultant de malentendus . La seule voie c’est un dialogue sincère et approfondi qui doit déboucher sur des actions concrètes ….C’est la seule façon d’éviter une racialisation. outrancière et conflictuelle du débat

Nacarat27/12/2020 – 21H52

« Pour un artiste, l’éthique est un maniérisme impardonnable » disait Oscar Wilde dans la préface de Dorian Gray… Quelle décadence, depuis, dans l’appréciation de l’absolu qu’incarne l’art, lequel n’est plus appréhendé qu’au travers le prisme d’une myriade de fastidieuses et frivoles affèteries, de sensibilités artificielles ou de vanités blessées

RVD27/12/2020 – 21H51

C’est toujours très drôle ce genre de photos illustrant la « diversité », où l’âge, les mensurations et les couleurs de peau, de cheveux et d’yeux sont parfaitement homogènes.

sans contact27/12/2020 – 21H39

Ce dont je me souviens c’est qu’il y a un an ils étaient en grève. Point final.

LES CONTRIBUTIONS (59)

Guigui dit du bien27/12/2020 – 20H41

Que de hargnes et de mépris dans certains commentaires…. Quel manque de simple curiosité à l’égard d’un fait pourtant simple : ce qui ressort de ne pas être blanc de peau (caucasien) dans un univers qui l’est majoritairement.
Mais c’est l’absence de compassion (dans le sens de ressentir à l’unisson de) qui m’attriste le plus.
Est-ce si compliqué de reconnaître que notre société sois-disant universaliste a été et reste pour beaucoup raciste ? Que l’égalité inscrite au fronton de la République ne tient pas face à ce l’origine ethnique, à la couleur de la peau, à la forme du nez ou des hanches ?
300 signatures sur les 1500 destinataires de la pétition : 20%. Sans doute un bon reflet de la position de la société française sur cette question.
Le travail ne fait que commencer.

D accord27/12/2020 – 22H31

Soit dit en passant, vos intolérants conservateurs sont majoritairement homosexuels. Donc à priori adeptes de l’arc en ciel en furie, donc je vois pas très bien pourquoi ils seraient intolérants. Une fois de plus ces gens se plaignent d’un symptome sans en analyser les causes. Allez en banlieue et demandez qui veut aller dans un ballet ou chanter à l’opéra. Alors oui évidemment ils sont pas tous en banlieue. Mais beaucoup de chanteurs doivent passer des casting, sont pris pour leur notoriété et ont pris des cours de chant ou sortent du conservatoire. S’ils ne le font pas.. ben oui ils ont peu de chances, mais c’est valable pour tous quelle que soit l’éthnie. Alors d’accord, chiche… forçons ces gens à donner un contingent aux conservatoire, et après on en reparlera. C’est là dessus qu’il faut lutter au lieu de fantasmer une élite raciste blanche spectateurs d’opéra. Je doute que des Trump compatibles y aillent régulièrement.

AntoineM27/12/2020 – 21H31

Sauf qu’il n’y a jamais ( ou quasiment ) de problèmes avec les asiatiques qui sont très présents dans les orchestres mais moins sur scène ( les chanteurs nés en extrême orient ont sans doute des problèmes avec les phonèmes des langues latines) … la qualité doit être le seul argument à prendre en compte et pas des quotas raciaux réducteurs.

vivement demain27/12/2020 – 21H17

Merci de préciser en quoi notre société, qui embauche des jeunes de la « diversité » à l’Opéra, est raciste. Merci de préciser en quoi la société est inégalitaire selon l’origine. parce qu’à part le répéter 1000 fois et s’en convaincre, vous n’avez pas l’ombre d’un argument un tant soit peu étayé.

Albireo27/12/2020 – 20H36

Finalement on en revient toujours au même point : le mythe de la diversité vient se briser contre la réalité historique. L’opéra a été créé dans une Europe ethniquement blanche par des musiciens blancs pour un public blanc, les « afro-descendants » n’y ont pas d’autre légitimité que celle qu’on veut bien leur accorder. Aucun mélomane ne croit sincèrement que le Lac des cygnes dansé par des maliens est encore le Lac des cygnes, pas plus qu’un russe ne serait crédible comme griot au Mali.

D accord27/12/2020 – 22H40

Vous avez 100% tort. L’opéra ou le ballet sont les seuls spectacles à ma connaissance ou un artiste non blanc justement joue indistinctement tous les rôles. Les choeurs d’opéra sont trés divers et vous y trouvez de tout, même quand il s’agit d’un opéra se passant dans une période médiévale ou historique. La tendance actuelle étant en plus de faire des mises en scènes s’éloignant parfois beaucoup du teste il y a souvent même pas rapport avec un monde  » historique ». Le choix de metteur en scène fait que n’importe qui pourrait incarner tel ou tel rôle. C’est entre autre pour cela que la tribune est partiellement sans objets. Les artistes ont une disponibilité variable. Il y a effectivement moins de noirs et pas toujours évident de s’adapter à leur calendrier. Accessoirement et malheureusement ils sont pas toujours trés friands de musique classique. Donc forçons les à en écouter comme ça on les retrouvera bien dans les conservatoires.

Louis Galliot27/12/2020 – 21H08

Pourtant, la culture se transmet, s’apprend, n’est pas la nature, n’est pas inné. Dans votre exemple : Malien = nature, lac des cygnes = culture. Un malien peut donc apprendre le lac des cygnes. Pas d’incompatibilité. Je crois qu’on disait ça il y a longtemps des blancs et du jazz…

Formaire27/12/2020 – 20H31

Bon, pour revenir à des choses sérieuses, très belle diffusion sur France 4 le 25 décembre de « Casse-Noisette », enregistrement d’une représentation à St Petersbourg.

Sans prise de tête diversité etc…

JLMUL27/12/2020 – 20H08

Nous arrivons à un tel niveau de stupidité dans l’inquisition de la bien-pensée que demain il y aura même des quotas dans les orchestres de jazz ou de blues !
Pauvre Monde.

YannEno27/12/2020 – 20H05

Métisse, aimant la France et les origines de ma mère africaine, je ne me suis jamais défini par la pigmentation de ma peau, ni attendu de la société qu’elle me favorise en fonction d’elle. Le travail, et la qualité de nos actions sont les seuls critères valables de selection, et ce dans tous les domaines.

La discrimination positive aux Etats Unis, a en 45 ans exacerbé l’appartenance à la couleur de peau, et de ce fait les tensions raciales. C’est un échec.

Pourtant cette jeunesse française qui réussit tout, bourrée de talent, et qui aurait tellement raison de parler de son mérite et de son travail, se réduit à sa peau et cherche à se définir comme victime, avec l’aide de médias tendancieux.

Kawai27/12/2020 – 22H14

YannEno, moi-même métis et fier de mes origines européennes et africaines, j’aurais moi-même le plus grand mal à faire valoir ma couleur de peau pour obtenir un quelconque avantage professionnel ou social. Je ne suis pas naïf, je sais ce qu’est le racisme – inutile d’aller très loin, il suffit de lire les commentaires laissés dans ce forum. Le problème que m’inspire cet article a été évoqué par l’un des danseurs : qui va attirer nos concitoyens des milieux populaires à l’Opera et à s’intéresser au ballet? Les personnes présentées dans l’article sont comme moi et probablement vous : des gens qui de par leurs origines sont capables de s’adapter à n’importe quelle culture et à ses codes. L’un au moins de leurs parents est européen et il est probable qu’ils viennent, des deux côtés, de milieux aisés où la passion de la danse classique n’est pas un défaut. En attendant, j’aimerais qu’on me propose un poste équivalent à celui que j’occupe dans le pays de ma mère…

MR27/12/2020 – 21H48

@YannEnno: dans la même situation, mon opinion est à l’opposée de la votre. Ce n’est absolument pas à cause de la discrimination positive que les opinions se sont radicalisées aux USA. Mais c’est un autre sujet. Les personnes citées dans cet article ne demandent pas de passe-droit au titre de leur couleur de peau; au contraire, elles font preuve d’une patience et d’une tolérance admirables face à toutes sortes de situations les réduisant à leur couleur de peau. Vous ne pouvez dénier à ces artistes le droit d’exprimer leur point de vue au prétexte que la France ce n’est pas le Mississippi.

Jef 97427/12/2020 – 20H26

@ YannEno : Merci pour cette parole qui, au-delà de la légitimité républicaine, a aussi, pour ceux qui  » la mette au-dessus « , la légitimité de la pigmentation. Quelle tristesse de voir, dans le pays champion de l’aveuglement volontaire et positif à la couleur (color-blindness), dont tant d’exemples et l’odonymie témoignent – dans la foulée de Clermont-Tonnerre – , le retour de celle-ci en mode victimaire, avec le soutien des héritiers, un tantinet usurpés, du journalisme de référence. La pâquerette, l’altitude désormais indépassable de notre temps, pour parodier qui vous savez.

Nawak27/12/2020 – 20H01

Franchement, on se fout royalement des origines de ces danseurs. Je ne vois pas en quoi le fait que la mère de l’une soit malienne puisse avoir un impact à l’opéra. Quid de celle qui est bretonne? Sinon, autant arrêter tout et ne jouer que des opéras africains. Au fait, quid de l’appropriation culturelle ?

solon0127/12/2020 – 19H49

C’est le public qui jugera ce qui lui plaît. Modifier une œuvre pour se conformer au ‘vivre ensembe’ imposé c’est peut-être abandonner une œuvre pour en créer une autre qui devra trouver son public.
Si le succès n’est pas là qui paiera? L’Opera de Paris pourrait-il disparaître pour être remplacé par une nouvelle forme d’art ?

Pelayo Decovadonga27/12/2020 – 19H41

Avec toutes ce salades woke, ça devient l’opéra comique .

Jef 97427/12/2020 – 19H11

Encore des jeunes bourrés de talent qui sont convaincus qu’être Français, c’est être Américain (d’ailleurs on dit maintenant Etats-Unien, terme autrefois réservé à la gente fascitoïde). Et que faire le choix inconditionnel de la France, c’est se mutiler et assassiner la mémoire de sa mère, quand c’est le pays qui a le plus fait pour l’universalisme, comme en témoigne la popularité d’un Alexandre Dumas, dont tout le monde se contrefiche de l’hérédité mais où tout le monde retrouve ce qui fait la grandeur de ce pays. Triste époque et triste jeunesse, perdues dans des combats byzantins tout de ressentiment, avec l’appui de l’ex-quotidien de la rue des Italiens. Le nouveau m(M)monde, celui des passions tristes, dans un pays qui fit vibrer la Terre entière entre 1789 et 1939. Quant aux Indes Galantes en version djeune, c’est so fake qu’il vaut mieux en rire, pour ne pas pleurer.

Marianne27/12/2020 – 19H10

Très bon article. La France a plus de 20 ans de retard sur ce sujet et de nombreux conservatismes et corporatismes se cachent souvent sous le prétexte de l’excellence pour ne pas remettre en cause leur vision dépassée du monde et de la société.

AntoineM27/12/2020 – 21H59

Cher Albireo ; c’était une blague, pas très réussie d’ailleurs. Et effectivement plusieurs origines au ragtime par ex : les marches militaires ; la musique classique entendue dans les maisons des maîtres ( Gollschack , métis des Antilles avait rencontré Chopin et Berlioz à Paris avant de retourner en Amérique du Nord ) et probablement les rythmiques africaines que vous signalez. Tout celà pour dire que le génie d’un Bill Evans ne fait aucun ombrage à Miles Davis qu’il a d’ailleurs accompagné ! Tout n’est-il pas dans tout en musique ?

Albireo27/12/2020 – 20H20

@AntoineM : sauf qu’il n’y a jamais eu de « pureté originelle » dans le jazz qui est une musique syncrétique réunion de traditions européennes et africaines. Tous les instruments de musique utilisés en jazz sont d’origine européenne, de même que la tonalité, le tout conjugué à des rythmiques africaines.

AntoineM27/12/2020 – 19H37

Le jazz pose problème : musique crée par des noirs et finalement devenue universelle. Mais ne faut il pas la aussi revenir à la pureté originelle des débuts de cette fascinante musique ?

vivement demain27/12/2020 – 19H01

Tiens, on ne leur reproche pas « l’appropriation » d’un élément de la culture « Blanche » ?

D accord27/12/2020 – 22H47

@Signature2 faites un sondage auprès de certaines populations et demandez leur si qui est Mozart. Et vous verrez. Je vais à l’opéra. Je vois strictement aucune personne qu’on ne peut désigner sans être raciste Je vais à des concerts metal voire de folk. Idem Bizarrement à un concert de rap c’est pas pareil. Alors moi je propose de les mettre de force dans les deux premiers spectacles. En toute logique ils se dirigent vers d’autres formes de musique plus familières. Le bon combat… ce serait de favoriser l’écoute à l’école. Non pas de se donner bonne conscience en censurant l’opéra ou les ballets. A les écouter, je suis sur qu’on interdirait le lac des cygnes et l’opposition des deux cygnes ( parce qu’allégorie du bon cygne et du méchant cygne forcément caractérisés par leur couleur de plumage ) Faut être véritablement obsédé pour y voir un rapport avec la couleur de peau humaine.

Signature227/12/2020 – 20H16

Il faut être d’une culture différente, et surtout dominante, pour qu’il y ait appropriation culturelle. Ici, ce sont de jeunes français : il ne peut pas y avoir d’appropriation culturelle vis-à-vis de sa propre culture. 😉

pierre guillemot27/12/2020 – 18H49

Au temps lointain où dans mon entreprise il y avait la salle du café, avec une grande cafetière et des tasses en verre blanc, je m’étais amusé à acheter une tasse en verre noir du même modèle et à la mettre avec les autres. Il y avait eu des réactions, pas favorables. Et puis un jour il y a eu de la casse accidentelle, et celui qui s’était chargé de remplacer est arrivé avec ce qu’il y avait dans sa boutique ce jour-là, des tasses en verre noir ; personne n’a fait attention.

Que les victimes-de-couleur se dépêchent de profiter de leur privilège passager. Au train où vont les mariages « mixtes » dont la France a le record d’Europe et peut-être du monde, ils vont rentrer dans la banalité. (Qui fait attention aux petits soldats noirs des patrouilles Vigipirate ?)

 

Très bien, ils auront à la fois perdu leur public « trop conservateur », et échoué à gagner ce nouveau public qu’ils espèrent toucher. Le nivellement pas le bas est rarement la solution, quant à nier l’histoire si peu glorieuse soit-elle…

FSV27/12/2020 – 18H44

Tous ces jeunes vont aider la société à franchir un nouveau pas celui de la tolérance … nous sommes tous humains, noirs jaunes blancs, petits et grands , minces et gros, jeunes et vieux … soyons considérés pour notre grand cœur et nos qualités et non sur des critères d’apparence … notre futur sera solidaire ou ne sera pas. Allez les petits on vous aime 🙂

Obamalekoum 27/12/2020 – 18H29

De parler de couleurs et de ségrégations met les commentateurs hors d’eux. Le peur de regarder la beauté, la grâce et l’intelligence de ces gens. Honte à l’ethnocentrisme.
Obama n’étaient pas noir, il était président.

Marius Albufera27/12/2020 – 18H27

Et bientôt le racisme à l’ égard des moches (les petit.e.s, les veiux et vieilles, les gross.e.s, les mal foutu.es) ? Parce que c’ est la première discrimination dans les arts du spectacle vivant… Tout ça commence à bien faire.

JMG 27/12/2020 – 19H59

Vous oubliez les gens qui parlent avec un accent et j’en oublie certainement d’autres encore.

Mètre des phynances27/12/2020 – 18H21

si on doit respecter des quotas de ceci et de cela dans tous les organismes, il faudra un certain pourcentage d’obèses dans le corps de ballet, sans oublier les sourds et les non-voyants: ça promet…

Mètre des phynances28/12/2020 – 10H18

@tous les deux: vous avez raison, honte à moi…sans oublier les paraplégiques en fauteuil roulant…

sarahbernhardt27/12/2020 – 18H43

Et un quota d’hétéros pour diversifîer

Le Candide27/12/2020 – 18H31

Et encore vous oubliez les unijambistes ……

AntoineM27/12/2020 – 18H20

On est en plein délire et seules les compétences doivent être diriger les choix ; comme d’habitude une minorité d’artistes « blacks » mais aucun témoignage de personnes de race asiatique.
Se rappeler qu’au niveau chanteurs les personnes de race noire sont magnifiquement représentées ; hier L Price ou G Bumbry , J Norman ou C Eda-Pierre qui viennent de mourir ; P Yende ou L Brownlee aujourd’hui….
Question : faudra-t-il attendre un ténor noir pour chanter l’Otello de Verdi ?!
Effectivement peu d’instrumentistes de couleur sombre à contrario des asiatiques … et déjà des polémiques aux USA : quotas à envisager dans les orchestres .
Jusqu’où va-t-on aller même si certains témoignages vont dans le bon sens : la qualité d’abord ++++

JackBarto27/12/2020 – 18H08

Tout ce politiquement correct à base de quotas et autres inepties anglo-saxonnes est un bien plus grand danger pour la Culture que le covid-19….

Fbr27/12/2020 – 17H40

Article scandaleux dans la veine du Monde desormais.
Bientot des quotas pour entrer dans le corps de ballet, grace au nouveau directeur venu des us ! Formidable !

Monie_Nanard27/12/2020 – 06H55

Bigre, l’impayable Germain Louvet, le révolutionnaire en collants, qui déteste le public bourgeois qui vote Macron, encore interviewé dans Le monde ! Serait-il le seul danseur étoile du ballet ?

Elli27/12/2020 – 04H05

Avaient ils besoin de la mort de Georges Floyd pour prendre conscience de leurs origines différentes des autres danseurs pour demander un fond de teint spécifique et des collants spécifiques pour leur carnation.
Il est mentionné dans l’article le nom du danseur étoile Germain Louvet (proche de LFI) qui a été en pointe dans les grèves pour les retraites et ce durant plus de 8 semaines avec des spectacles souvent annulés au dernier moment et ce
au mépris du public celui notamment de province qui a du annuler souvent au dernier moment train réservation d’hotels ect…
Le spectacle en remplacement….donné sur le parvis de Garnier a été pitoyable

Godoy9327/12/2020 – 06H38

Effectivement, attendre Geoge Floyd et lâge adulte pour prendre conscience de sa couleur de peau semble un peu tiré par les cheveux. Et que dire d’Awa Joannais, quadrille, dont j’ai déjà parlé plus bas, qui en plus de déplorer d’avoir effacé le Mali, le pays de sa mère ajoute que celle-ci « n’a jamais rien dit, alors que ça a dû être douloureux pour elle de sentir sa culture reniée. » Sa maman, qui a probablement émigrer de son plein gré à la recherche d’un vie meilleure devrait être satisfaite de voir sa fille danseuse à l’Opéra, ce qui n’est pas donné à tous, y compris blancs de peau. Et peut-on se demander ce qu’il y a de si difficile à quitter au Mali un pays où l’excision des filles est généralisée, la polygamie une pratique très courante sans parler de l’obligation pour les filles violées d’épouser le violeur pour laver l’honneur de la famille. C’est aussi ça le Mali.

Papageno 26/12/2020 – 18H11

Puisque l’orchestre de l’opéra ( et oui, il y a bien un orchestre à l’Opera, magnifique, depuis 350 ans!) est cité comme modèle de conservatisme racial dans cet article, je me permet de souligner que la raison en est simple, et n’a rien à voir avec la couleur de la peau, au niveau des concours de recrutement : dans la fosse un cor solo métis noir, de nombreux asiatiques, seul le talent compte aux oreilles du jury. Par contre le faible nombre d’enfants issus de l’immigration inscrits dans les écoles de musiques limite forcement le nombre des jeunes professionnels noirs ou maghrébins de haut niveau. Certains conservatoires, tel celui de Gennevilliers ont une belle politiques d’encouragement à cette ouverture. C’est un problème essentiellement culturel. Comment persuader un jeune rappeur des cités à étudier le hautbois ou le basson, c’est la question. Il n’y en a pas d’autre, aux niveau musical.

Louis Galliot27/12/2020 – 21H24

Albireo : noir = pas de talent inné ou pas de travail ?. Ça passe pas. Deux choses sur les conservatoires : 1/ l’ouverture à tous les publics, surtout ceux qui ne se sentent pas concernés ou pas habilités pour. 2/ le fameux « musicien ? Mais c’est pas un métier ça ». 1+2/ ça risque de se compter en générations avant d’avoir une plus grande mixité dans les musiciens classiques.

Albireo27/12/2020 – 19H06

La pratique instrumentale de haut niveau demande à la fois du talent inné (l’écrasante majorité des grands musiciens ont été des enfants prodiges) et beaucoup de travail. On peut donc dormir tranquille, les orchestres vont rester européens et asiatiques pendant très, très longtemps, à tel point que les américains en sont maintenant à exiger la fin des auditions en aveugle tellement le résultat des recrutements des grands orchestres est peu conforme à la « diversité », enfin à une certaine « diversité » du sud de la Méditerranée.

Éléphant 27/12/2020 – 12H13

Ou alors faire entrer le djembé dans l’orchestre

PMF 26/12/2020 – 20H00

Vous avez bien résumé la problématique. Merci.

Lrmp 26/12/2020 – 13H26

Encore une « grande maison à la française » qui nous propose des spectacles et des artistes formidables, mais qui a un peu de mal avec sa propre histoire. Les peintures explicites de Degas, qui nous montrent les danseuses et leurs « protecteurs », mettent les actuels snobs et bourgeois maîtres de ballet mal à l’aise… difficile pour eux d’établir une filiation avec une vulgaire maison de passe, ou de pauvres filles mal payées vendent leurs charmes à de riches spectateurs.

Godoy9326/12/2020 – 09H47

On peut chercher des poux dans la tête de l’Opéra, et on en trouvera. Le racisme doit être combattu partout! Mais de là à le trouver là où est absent il y a un pas que l’on franchit allégrement depuis qu’aux USA la Cancel culture s’est installée dans de nombreuses universités. Quant au mouvement « Black lives matter » il est, lui, parcouru par un antisionisme assumé aux relents suspects. En effet, l’oppression des Palestiniens est le modèle des modèles, comme si ailleurs dans le monde il n’y avait pas d’oppression plus injuste.
« J’ai commencé à réfléchir à ma différence, à mes origines. Je me suis rendu compte que j’avais complètement effacé le Mali, le pays de ma mère.  » Et moi, l’Espagne, mon pays de naissance!!! Ben oui, quand avec ma famille j’ai immigré, à 7 ans, j’ai tout laissé derrière moi. En échange j’ai obtenu une qualité de vie, ce que mes parents cherchaient. Le reste, rien n’interdit de le cultiver à la maison. On va droit dans le mur, celui souhaité par Trump.

Godoy9326/12/2020 – 15H03

@Lrmp. Faut-il raser le Palais de Versailles, le Louvre et plein d’autres monuments dont le passé est plus que douteux selon les critères des « racisés »? Battons-nous pour plus de justice, contre le racisme, là où il existe, et laissons le passé là où il est parce que sinon on va devoir remonter très loin, par exemple au temps où les Arabes colonisaient le Proche et le Moyen orient mais aussi le continent africain. Et ils n’étaient pas très tendres avec les populations subsahariennes. Lire Tidiane NDiaye. Et rappelons au passage que le dernier marché aux esclaves subsahariens où des gens ont vendu, et d’autres acheté, des êtres humains souvent de la même religion qu’eux, c’était en Libye, pas en Europe. Et également qu’il y a quelques années, pour alléger l’embarcation qui se dirigeait vers l’Espagne des musulmans jetèrent par-dessus bord ceux qui ne l’étaient pas en leur demandant de réciter la première sourate du Coran, Al-Fatiha, en arabe. Eh oui, l’humanité n’est pas belle.

les artistes réunis 25/12/2020 – 21H33

Une réflexion qui est ici concrète et judicieuse .

phd neutre25/12/2020 – 21H11

heureusement c’est déjà le cas, in ne découvre rien et tant mieux. seule la compétence et l’émotion procurée devraient guider la sélection …. parfois c’est l’inverse par dramaturgie, histoire et victimisation en période mouvementée

Paco3425/12/2020 – 20H04

Curieux contraste entre la présentation ( qu’on ne remet pas en cause ) de danseurs à l’origine modeste et discriminés et les images de danseurs jeunes, beaux et cleans comme dans les pubs sur papier glacé !

Philippe C25/12/2020 – 19H01

Seule la compétence doit guider les choix et rien d’autre.

 

Partager.

Laissez votre commentaireAnnuler la réponse.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Exit mobile version