Le ministre Edouard Philippe a annoncé la prolongation des mesures de confinement jusqu’au 15 avril. Celles-ci pourraient rester en place plus longtemps. Quelle sera la durée réelle du confinement ? Comment s’organisera la sortie de crise ? Eléments de réponses dans CQFD.

Les Français entament depuis mardi leur troisième semaine de confinement. Il est aujourd’hui certain que s’ensuivra au minimum une quatrième semaine d’isolement. Vendredi 27 mars, le Premier ministre Edouard Philippe a annoncé « le renouvellement de la période de confinement pour deux semaines supplémentaires […] soit jusqu’au mercredi 15 avril ». Les autorités ont d’ores et déjà prévenu : cette période pourra être une nouvelle fois prolongée.

Le conseil scientifique , instance mise en place par le gouvernement pour l’aider dans ses choix dans la lutte contre l’épidémie, estimait pour sa part dès le 24 mars que le confinement était nécessaire au moins jusqu’au 28 avril. Soit six semaines au total.

  1. Combien de temps le confinement peut-il durer ?

A expérience inédite, mesures inédites. Il n’existe aucune durée officielle fixant la période maximale du confinement. Le gouvernement n’est « pas capable aujourd’hui de dire à quel moment cette crise se terminera », a précisé ce mercredi la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye, à la sortie du conseil des ministres.

En Chine, par exemple, les habitants de Wuhan sont priés de rester chez eux depuis le 23 janvier. Et il leur faudra attendre le 8 avril pour recommencer à circuler , soit deux mois et demi de confinement. Même chose en Italie, pays européen le plus touché par la pandémie. Le confinement est maintenant en place depuis plus de trois semaines et il pourrait ne pas être levé avant la mi-mai selon les experts.

La fin du confinement ne signifiera pas pour autant un retour à la normale. Plusieurs études démontrent que les mesures dites de distanciation sociale pourraient perdurer. Des chercheurs de l’Université de Harvard, estiment ainsi que sans vaccin il pourrait être nécessaire de maintenir des mesures de distanciation sociale intermittentes jusqu’en 2022 aux Etats-Unis. Le Royaume-Uni de son côté envisage un retour à la vie normale dans six mois, sur le modèle d’un confinement strict pendant deux à trois mois puis d’un assouplissement progressif. En France, le gouvernement espère «présenter des éléments dans les jours, les semaines qui viennent » sur la question du déconfinement, a assuré ce mercredi Edouard Philippe, devant les députés.

 

  1. A quel moment décider de la fin du confinement ?

Le gouvernement « travaille sur différents scénarios de sortie de confinement », a assuré Sibeth Ndiaye. Mais la question reste « redoutablement complexe », a expliqué Edouard Philippe. Plusieurs critères seront pris en compte avant de décider de la fin du confinement.

Le premier sera de s’assurer que « l’épidémie régresse », en observant « le nombre d’entrées quotidiennes dans les services de réanimation », a détaillé la porte-parole. Or, ce chiffre, comme celui des décès et du nombre de personnes contaminées, continue d’augmenter en France. Une décélération est toutefois attendue dans les prochains jours. Un autre élément est primordial pour envisager la sortie de crise : la capacité de tester à grande échelle la population. Au-delà d’éviter une nouvelle montée des cas cette donnée est essentielle pour envisager la forme que prendra le « déconfinement ».

  1. Quelle forme pourrait prendre la levée du confinement ?

Dans tous les scénarios possibles, le déconfinement sera progressif. Le déconfinement ne se fera pas « en une fois, partout et pour tout le monde » , a prévenu mercredi le Premier ministre. Une raison principale à cela : en l’absence de vaccin, si le confinement est complètement levé, le nombre de cas de contamination repartira à la hausse. En France, plusieurs options pourraient être envisagées. « Nous avons demandé à plusieurs équipes de travailler sur des hypothèses de déconfinement régionalisé ou dépendant de campagne de tests ou de classes d’âges », a expliqué Edouard Philippe devant l’Assemblée nationale.

Une des pistes avancée par certains médecins consiste à lever le confinement région par région, en fonction des lits disponibles dans les hôpitaux. Le Grand-Est et l’Ile de France n’ont effectivement pas été touchés au même moment par l’épidémie. Les régions pourraient donc voir les mesures de restrictions levées à des moments différents. Pour que cette mesure soit efficace des restrictions subsisteront entre les régions.

Autre option possible : un déconfinement en fonction du profil sanitaire. Il pourrait par exemple être décidé de permettre aux personnes « immunisées », c’est-à-dire celles qui ont déjà croisé le virus, de reprendre leur activité. Seulement, si moins de 50 à 60 % de la population n’a pas été immunisée, les personnes qui n’ont pas encore contracté le virus pourraient être infectées. Et le nombre de cas repartir à la hausse. D’où l’importance des tests sérologiques, qui permettent de savoir quelle partie de la population a été immunisée. Cette option ne pourra être envisageable qu’en fonction des résultats des tests sérologiques.

Une levée du confinement par secteur tout en respectant les gestes barrières pourrait aussi être envisagée. Les personnes pourraient par exemple d’abord retourner travailler, puis les bars et cafés rouvrir… La question des écoles resterait en suspens. « C’est un gros sujet », explique un ministre interrogé par BFMTV. Il est effectivement difficile de faire respecter les gestes barrières en classe de primaire.

Ces hypothèses pourraient aussi se combiner les unes aux autres. En clair, les mesures de restrictions pourraient être levées dans une région précise et pour seulement une partie de la population.

  1. Le tracking des malades peut-il aider au déconfinement ?

La Chine, Taiwan ou la Corée du Sud ont fait le choix de développer plusieurs outils de surveillance électronique. Le but : surveiller les malades et les cas suspects, mais aussi identifier rapidement d’autres victimes potentielles. Ces technologies, plus ou moins intrusives, et parfois dangereuses en matière de respect de la vie privée, semblent toutefois avoir fait leurs preuves.

Si bien que les gouvernements européens s’intéressent à la question. L’Institut allemand Robert Koch travaille ainsi sur une application mobile permettant de pister l’historique des contacts sociaux de nouveaux malades, grâce à la fonction Bluetooth du téléphone. L’idée serait d’alerter au plus vite les personnes que les malades auraient pu croiser. Même stratégie en France. Le gouvernement prépare une application mobile qui pourrait être lancée dans les prochaines semaines. Elle permettrait d’éviter toute reprise de l’épidémie avec la levée du confinement, en prévenant les personnes potentiellement infectées.

Pas question toutefois d’empiéter sur la vie privée. « On pourrait peut-être, sur un engagement volontaire, utiliser ces méthodes, a estimé mercredi Edouard Philippe, mais nous n’avons pas aujourd’hui d’instrument légal qui les rendrait obligatoires ». La question reste ouverte.

  1. Risque-t-on une fois le confinement levé de revenir en arrière ?

Il n’est pas impossible que les Français soient amenés à se confiner de nouveau, notamment si les chiffres de contamination repartent à la hausse et que les hôpitaux risquent à nouveau d’être débordés. L’Imperial College of London propose, dans un rapport, un retour au confinement quand les admissions en réanimation dépassent un certain seuil. Il pourrait donc y avoir plusieurs vagues de confinement.

Mais cette situation dépendra de la capacité à assurer une surveillance de l’épidémie, via les tests rapides notamment. Ces tests auraient pour but de détecter et d’isoler le plus rapidement possible les personnes infectées et de limiter ainsi la propagation de l’épidémie. Cette stratégie pourrait ainsi permettre de rester en dessous du seuil critique pour les hôpitaux.

Dernière inconnue, la saisonnalité du virus. Selon les scientifiques, un retour du coronavirus à l’automne n’est pas à exclure. A terme, si le virus ne disparaît pas totalement au printemps, la solution la plus sure reste donc le développement d’un vaccin… et le maintien en confinement

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