Air France a annoncé, lors de son assemblée générale, vouloir réduire de 40 % son offre sur son réseau domestique. Une décision qui répond aux attentes du gouvernement, qui avait conditionné son aide de 7 milliards d’euros à des contreparties environnementales. Mais pour le think tank The Shift Project, il faut aller encore plus loin pour réduire significativement les émissions du secteur aérien.

The Shift Project a présenté les mesures incontournables pour les Etats à mettre en oeuvre afin de respecter l’Accord de Paris.
@AirFrance

C’est un changement de cap pour Air France. Le 26 mai, lors de son Assemblée générale, la compagnie aérienne a annoncé qu’elle réduirait de 40 % son offre sur son réseau domestique d’ici un an. “Le réseau domestique d’Air France va connaître une restructuration accélérée afin de parvenir aux objectifs environnementaux fixés par le gouvernement français ainsi qu’à l’équilibre financier d’ici à 2021”, a déclaré le PDG du groupe Ben Smith. La réduction de voilure sur le réseau domestique concerne Air France mais aussi sa filiale HOP en difficulté.

Le gouvernement avait annoncé fin avril débloquer 7 milliards d’euros pour redonner des ailes à Air France, cloué au sol par la crise du Covid-19, mais sous certaines conditions environnementales. La première consistait à réduire de 50 % ses émissions de CO2 sur les vols domestiques d’ici 2024. La deuxième, à limiter “drastiquement” les vols pour lesquels une alternative ferroviaire de moins de 2 h 30 existe, s’ils ne desservent pas le hub de Roissy-CDG. Sur ce point, le gouvernement a été écouté par la compagnie qui a annoncé la fermeture des destinations concernées. Cette contrepartie est cependant jugée insuffisante par diverses ONG et associations puisque les voyageurs en correspondance, sur ces liaisons, représentent le plus gros du trafic. D’autant que la filiale low cost d’Air France-KLM, Transavia, pourrait récupérer certaines lignes.

Une alternative ferroviaire de 4h30 aurait plus d’impact

Le Réseau Action Climat estime que seulement 0,5 % à 6,6 % des émissions de CO2 du secteur seraient réduites avec cette mesure. Pour le think tank The Shift Project, qui vient de publier ses propositions phares pour le secteur aérien, il faudrait aller plus loin et “supprimer d’ici fin 2022 des liaisons aériennes domestiques là où l’alternative ferroviaire est satisfaisante, soit inférieure à 4 h 30, quelle que soit la compagnie aérienne”. Cela concerne donc les lignes nationales comme Paris-Marseille, Paris-Toulouse ou Lyon-Rennes. Le train étant en moyenne 40 fois moins émetteur qu’un voyage en avion, la suppression de l’exploitation de ces lignes permettrait de réduire de 30 % les émissions du trafic aérien domestique d’ici 2025, estime le think tank. La mesure concernerait aussi les liaisons internationales comme Paris-Francfort ou Paris-Londres.

Au total, pour réduire les émissions de CO2 du secteur de 5 % par an, The Shift Project recommande notamment d’interdire les vols en classe affaires, qui, par passager, sont 20 fois plus émetteurs que la classe éco, ou encore de restreindre les avantages liés aux programmes de fidélité. Un des plus gros leviers de diminution des émissions serait d’imposer la décroissance de la consommation annuelle de carburant pour “tous les vols touchant le territoire français”. Cela passe notamment par un renouvellement accéléré des flottes par des avions plus récents, une densification des cabines et une amélioration du taux de remplissage. Le gain, d’ici 2025 est évalué à 2,7 millions de tonnes de CO2.

Éviter la casse sociale

Reste à savoir comment cette transition écologique, entamée par Air France, va se concilier avec une transition sociale. La compagnie aérienne vient d’annoncer des plans de départs volontaires chez Air France pour s’adapter à la suppression des lignes du réseau domestique français. Dans un communiqué, l’intersyndicale de la compagnie HOP a fustigé le sacrifice des lignes entre région “au nom de la rentabilité et sous la pression des exigences écologiques du gouvernement”.

Pour éviter la “casse sociale”, The Shift project recommande de transposer les compétences et une partie des emplois d’Air France vers la “grande vitesse ferroviaire”. “On propose ici une mesure de diversification “intra-secteur” d’Air France, s’appuyant sur sa culture et son savoir-faire en matière de voyage, de service au passager et de performance industrielle”, expliquent les experts.

L’idée est qu’Air France développe des liaisons pour alimenter le “hub” de Roissy en déployant ses salariés dans ces rames. “Les emplois associés permettront aux salariés d’Air France qui, notamment par quête de sens, le souhaitent, d’effectuer une transition vers le ferroviaire, que ce soit dans les métiers du service au passager, de la maintenance des rames, de la stratégie commerciale… “, avance The Shift Project. Si une telle mesure n’a pas été évoquée par la compagnie aérienne, Air France réfléchit en tout cas à développer un partenariat avec la SNCF sur certaines lignes en direction d’Orly.

Marina Fabre, @fabre_marina

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