La romancière française Annie Ernaux a reçu le Prix Nobel de littérature, jeudi 6 octobre. Une consécration de l’écrivaine de l’intime et du monde social applaudie par les journaux européens.

C’est une Française qui fait la Une de nombreux journaux européens ce vendredi 7 octobre. En recevant le Prix Nobel de littérature la veille, Annie Ernaux semble avoir conquis la presse étrangère. Une récompense “cent fois méritée“, commente ainsi Le Soir. “Chapeau“, s’exclame même en français Der Standard en Autriche, qui la qualifie de “superstar“.

Des louanges aux allures d’évidence mais qui n’ont pas empêché l’écrivaine de se déclarer “très surprise” à la télévision suédoise SVTpeu après l’annonce. “C’est une grande responsabilité qu’on me donne“, a-t-elle poursuivi.

Annie Ernaux travaille “de la même manière sur des objets ‘considérés comme indignes de la littérature’, tels l’avortement, le RER, les supermarchés, et sur d’autres, tenus pour plus ‘nobles’ : le temps, la mémoire, l’oubli“, comme le décrit Le Monde. L’Académie suédoise a ainsi décidé de décerner “le plus haut prix littéraire à l’une des grandes représentantes de l’autofiction européenne, auteur d’une œuvre située entre récit et sociologie, féminisme et engagement social“, résume El País.

Née Annie Duchesne le 1er septembre 1940 dans un milieu modeste, elle a commencé comme professeur de lettres, avant de se lancer dans l’écriture en 1974 avec Les armoires vides“, raconte Le Soir. “Un monologue intérieur violent, où sourdent la colère et l’ambivalence, tandis [que la narratrice] vit un avortement“, dépeint Le Monde. “En 1984, elle reçoit le Prix Renaudot pour La place” [Le Soir], dans lequel elle relate ses souvenirs d’enfance morcelés. “Suivent une vingtaine de titres, souvent autobiographiques, dont le plus connu est sans doute Les Années, en 2008“, indique le quotidien belge.

Toute son “œuvre […] ne pratique l’autobiographie (terme qu’elle récuse, cependant) que pour dire une histoire, des sensations, des émotions communes” [Le Monde]. “En cinq décennies d’écriture, […] Annie Ernaux n’a cessé de voyager dans ce zigzag entre ce qui se vit aux frontières de l’intimité la plus radicale et ce qui se passe dans l’espace ‘social’“, abordant les questions de son temps [Diário de Notícias].

Car elle “écrit sur la classe sociale, la classe ouvrière et le rôle des femmes avec une approche sociologique“, souligne le quotidien finlandais Helsingin Sanomat. “La sélection d’Ernaux comme lauréate du prix Nobel envoie le message que l’autofiction peut avoir un poids universel lorsqu’elle parvient à atteindre une réalité partagée“, insiste le journal.

Bien qu’elle ait un engagement politique partisan, ses livres “ne sauraient être lus comme des tracts” [Le Monde]. “Sa sympathie pour la gauche de l’échiquier politique se soumet à un contrôle strict de la qualité littéraire dans l’écriture” [El País]. Décrite comme “une icône féministe” par la Frankfurter Allgemeine Zeitung, elle écrit sans “trahir les siens, le milieu dont elle venait” [Les Inrockuptibles]. Le quotidien transalpin La Stampa retient ainsi son combat pour la contraception et le droit à l’avortement. Ce sont “la matrice de la liberté des femmes“, a-t-elle souligné peu après l’annonce de sa récompense.

Prix Nobel de la paix

Annie Ernaux devient donc la dix-septième femme à recevoir ce prix, et la première en ce qui concerne l’Hexagone. “On s’est demandé si l’Académie suédoise allait éventuellement faire un geste face à la guerre d’agression russe contre l’Ukraine et récompenser un écrivain ukrainien comme Iouri Andrukhovytch ou Serhiy Zhadan“, note la Frankfurter Allgemeine Zeitung.

L’actualité n’a toutefois pas échappé à l’institution suédoise. Ce vendredi 7 octobre, “le prix Nobel de la paix a été décerné à Oslo […] à un trio de représentants des sociétés civiles en Europe de l’Est, le militant biélorusse Alès Bialiatski, l’ONG russe Memorial et le Centre ukrainien pour les libertés civiles“, annonce L’Obs. “Un prix hautement symbolique en pleine guerre en Ukraine“, commente l’hebdomadaire. “Alès Bialiatski est un militant politique connu pour son travail à la tête du Centre des droits de l’homme Viasna, la principale organisation de défense des droits de l’homme en Biélorussie“, rapporte notamment RFI.

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