Voici venu le temps des grandes vacances, le temps de faire une pause pour lire et feuilleter de belles pages. Le bon moment pour découvrir et redécouvrir l’œuvre des Éditions Chopin qui ,depuis 25 ans, se consacrent à la culture et au patrimoine de la Martinique et de la Guadeloupe.  Anne Chopin, photographe et Hervé Chopin,éditeur,  sœur et frère, sont les artisans de cette édition de « beaux livres » accessibles au plus grand nombre. Éditeur indépendant, la « maison » Chopin a publié plus de cent titres sur les sujets du patrimoine, de l’art et de la culture avec de grands noms de la littérature et de l’art contemporain antillais. Aujourd’hui , de dimension nationale, classé parmi les premierséditeurs français, les Éditions Hervé Chopin sont une édition majeure pour les Antilles françaises.

Antilla a suivi cette aventure familiale audacieuse depuis le début , son nom était alors HC Editions,  et c’est avec grand plaisir que nous avons retrouvé Hervé pour parler du bon vieux temps et des projets des Éditions Hervé Chopin.


Entretien


Antilla : Que de chemin parcouru, que de belles pages depuis 25 ans, revenons sur cette aventure éditoriale

Hervé Chopin : Oui tout a commencé il y a eu 25 ans en décembre…La première édition a été « Martinique d’Antan », en 1998, puis « Guadeloupe d’Antan ». C’était un petit format j’avais acheté les cartes postales (scènes de vie d’antan lontan NDLR) et j’avais écrit les textes, à l’époque j’achetais toutes les cartes postales anciennes que je trouvais… Xavier Orville avait écrit la préface et ça a tellement bien marché que nous avons fait une édition un peu plus luxe, un plus grand format, avec une préface d’André Lucrèce pour la Martinique et une préface de Gisèle Pineau pour « Guadeloupe d’Antan »  (Collection Images d’Antan)

Ensuite il y a eu « Les peintres martiniquais », je me souviens que tu avais fait un article sur Antilla et tu avais dit que l’initiative aurait dû venir des collectivités et qu’à la place c’était un petit éditeur indépendant privé qui avait fait ce livre, je me souviens toujours de ça. (Rires)

C’était le premier livre de peinture. En fait c’est parce qu’Anne (photographe) était fan de peinture, elle a cherché en librairie ce qu’il pouvait y avoir à ce sujet et n’a rien trouvé. Et l’histoire de notre maison c’est un peu ça. Anne est arrivée la première en Martinique, je l’ai rejointe. On a fait les librairies, réflexe classique et on s’est dit mais il y a plein de choses qui manquent, l’île est culturellement  hyper riche et il manque  des livres pour en parler, et on s’est dit pourquoi pas, lançons nous! Ensuite,  Il y a eu Henri Guédon, la première monographie, c’était aussi notre première collaboration avec la Fondation Clément, avec qui nous travaillons régulièrement. Nous avons fait cinq ou six monographies avec eux, leurs catalogues d’exposition etc… A partir de là, il y a eu toute la série sur les peintres et toutes les monographies d’abord Guédon, Khokho,  Charpentier, Laouchez, Hélénon, Breleur, Lam… Puis, y a eu « Martinique vue du ciel »  avec la participation de Patrick Chamoiseau , « Guadeloupe vue du ciel » …(Collection photographie et tourisme). Et les dernier parus sont «  Monuments historiques de la Martinique » et la monographie  de Luz Severino.  En fait, certains partenaires nous donne parfois du contenu scientifique comme la DAC de Martinique pour  «  Monuments historiques de la Martinique »,(Collection Monuments Historiques) ou la Fondation Clément qui nous a fournit les planches  d’époque de « Flore médicale des Antilles » (Collection Nature et Environnement). Nous avons fait aussi toute la collection sur le patrimoine des communes avec le Ministère de la Culture.

A: C’était osé de lancer une maison d’édition avec des bouquins comme ceux là, surtout des livres de cartes postales au départ !

HC : Ce n’était pas osé c’était complètement inconscient tu veux dire! (Rires). Mais au départ, heureusement, j’avais une autre activité rémunératrice,  je faisais un livre par an sur les Antilles et j’attendais d’être rentré dans mes frais pour sortir le suivant ! Puis en 2004, ma femme nous a rejoints. Nous avons eu l’idée de lancer la collection images d’antan sur la métropole, et il y a aujourd’hui 130 titres sur les villes, les régions, les métiers. Ce qui est génial c’est que la maison est née ici et les collections que nous avons créé ici nous les avons lancé ensuite en métropole, nous avons décliné aussi les vues du ciel et les monuments historiques, créés ici,  dans plein d’autres régions.

A: En fait la Martinique est le berceau des Éditions Chopin !

HC : Oui c’est entre le berceau et le laboratoire pour nous la Martinique

A: Comment s’est élaboré ce très beau livre sur la flore médicale des Antilles ?

HC : Je suis un amoureux du papier ancien, cela véhicule tellement de choses…Quand je suis en Martinique,  je vais toujours faire un tour dans les archives de la Fondation Clément et j’ai vu ces planches botaniques anciennes. Je me suis dit, alors ça il faut le montrer et  la Fondation venait de les numériser. Alors, nous avons travaillé avec un pharmacien guadeloupéen qui nous a aidé à choisir les plantes. Nous avons mis les plantes les plus connues en grand format et il y a l’intégralité des planches en petit format à la fin. C’est magnifique tout ce travail, ce détail, cette précision… Il y a les dessins et tous les textes. Il y a d’ailleurs un avertissement au début à propos des textes qui sont d’époque, (Cette édition reprend le texte original de Michel Etienne Descourtilz publié en 1821, NDLR).  Nous avons fait aussi dans cette collection (Nature et Environnement), « Jardins de la Martinique, un esprit de liberté » avec Isabelle Specht qui est spécialiste des jardins et connaît les plus beaux jardins.  Et nous avons fait avec l’UGPBAN (Union des Groupements de Producteurs de Bananes de Guadeloupe et de Martinique) le livre sur la banane et  « Le grand livre de la biodiversité  de Guadeloupe et de Martinique. »

Il y a des inclassables cela dépend des rencontres. Nous avons récemment travaillé avec une costumière de théâtre qui dessine encore tous ses costumes à l’aquarelle, c’est tellement poétique. Et dans cet esprit nous avons encore d’autres projets.

Et puis, nous avons à présent quelques ouvrages de littérature, ma femme qui est notre directrice éditoriale, s’occupe particulièrement de ce secteur. Il y a notamment Marie-José  Alie qui a bien marché partout avec son « Entretiens avec  Aimé Césaire »,  nous avons quatre de ses titres. Il y a de grands auteurs dans cette collection, comme Gisèle Pineau, André Lucrèce, j’aimerais en avoir plus ! Il y a toujours l’idée de la transmission du patrimoine dans le choix de nos titres et de nos auteurs.

A: Pour ceux qui voudraient des livres qui ne sont pas distribués en Martinique, où peuvent-ils les trouver ?

HC : Tous nos titres sont distribués en Martinique et il y a un stock sur place. C’est notre grande force, nous sommes très bien diffusés partout puisque nous avons des diffuseurs et des stocks sur les territoires. Nous absorbons tous les coûts liés au transport et aux frais d’approche, c’est un choix, pour que tous nos livres soient vendus au même prix qu’en France hexagonale. D’un point de vue éthique c’est important pour nous, nous faisons des livres sur la Martinique, nous n’allons pas les vendre plus cher ici qu’en France ! C’est mon choix de rogner sur nos marges en payant les frais d’approche !

A: J’ai lu que les Éditions Hervé Chopin se hissaient parmi les premières en France ? Comment est approchée la collection Outre-Mer par le lecteur de France hexagonale, y-a-t-il une curiosité ?

Nous sommes 82ème sur 4000 éditeurs et nous sommes huit salariés !

Ici comme nous avons un font régional qui est mis en avant. En France, il y a 200 nouveautés par jour, il y a 70 000 nouveaux titres chaque année. Alors l’espace est réduit parmi tous ces titres. Les grands libraires parisiens et régionaux nous prennent quelques exemplaires mais ne les gardent pas longtemps. Tous nos titres sont cependant disponibles  sur les grandes plates-formes de vente en ligne. Notre principale vente en librairie c’est ici. Nous sommes également présents chez Aéropress, ce qui permet aux gens de ramener des livres sans ajouter de poids supplémentaire à leurs bagages. Bien que tous nos titres sont disponibles en métropole aussi.

A: Quel est l’avenir à présent de ce rêve et de cette aventure familiale ?

HC : Et bien, nous continuons à avancer ! Nous nous sommes ouverts vers l’Océan Indien, avec des titres sur la Réunion, la Nouvelle Calédonie aussi. J’aimerais développer nos éditions sur la Réunion, mais notre bébé avec Anne ce sont les collections sur les Antilles. Nous avons un lien particulier avec la Martinique. Anne surtout,  puisqu’elle y a vécu pendant douze ans et revient travailler sur des périodes de plusieurs mois. Il n’y a pas grand monde qui connaisse la Martinique comme Anne, avec ses reportages photo, elle en a parcouru tous les chemins.

Propos recueillis par Nathalie Laulé


Dernière parution, une monographie de l’artiste Luz Severino

Depuis de nombreuses années, les Éditions Hervé Chopin travaillent en partenariat avec la Fondation Clément  et éditent régulièrement les catalogues d’exposition de la Fondation ainsi que des monographies d’artistes exposés. La dernière est celle de l’artiste dominicaine Luz Severino, parue dans la collection « Terres d’Outre-Mer ». Un beau livre relié de 160 pages qui présente une centaine d’œuvres de peintures, dessins, gravures et installations. On peut aller voir l’une de ces installations monumentales dans le jardin des sculptures de l’Habitation Clément. Luz Severino vit et travaille en Martinique depuis 2000 et fait partie des de la mouvance des artistes contemporains caribéens.


Que voir à la Martinique ? Le petit guide Culture et Patrimoine indispensable édité par la maison  Hervé Chopin 

Vous l’avez peut-être déjà feuilleté ? Ce petit guide gratuit que l’on trouve dans tous les lieux touristiques de la Martinique est né de la volonté de Bernard Hayot et de la Fondation Clément de donner au plus grand nombre la possibilité de découvrir la culture et le patrimoine martiniquais.  Ce guide y est exclusivement consacré et chacun devrait l’avoir dans sa bibliothèque !

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