Ce texte sert, en qelque sorte, d’introduction aux 21è Journées Antilles Guyane d’Addictologie (JAGA) pilotées par le GIP ACM/Réseau Addictions Martinique. Voici ce que dit Auguste Armet…

La société addictogène

La société addictogène est selon l’analyse du philosophe Gilles Lipovetsky une société
« d’hyper consommation ». Une nouvelle étape du capitalisme moderne où l’homme est
devenu un « turbo-consommateur », à la fois décalé, mobile, flexible, affranchi des anciennes
cultures de classe.

Un nouvel esprit et mode d’existence, se sont infiltrés dans le rapport à la famille, à la religion,
à la politique, au syndicalisme, à la culture et au temps libre.

Après la société industrielle et post-industrielle, une nouvelle modernité est apparue, animée
par et avec la « Civilisation du désir », débouchant sur un « bonheur paradoxal »1. On pourrait
dire illusoire. Une nouvelle-révolution s’est opérée au cours du XXe siècle avec les orientations
du capitalisme moderne et néo-libéral, engagé dans la voie de la stimulation constante de la
demande, la multiplication indéfinie des besoins. Où, l’entreprise est omniprésente forte des
idées : d’investissement, de croissance, conditions de création d’emplois. Les maîtres mots
d’un processus économique de nature à régler toute « la complexité » et la « misère du
monde ».

C’est aussi une « société du risque »2 , dans un monde plus dangereux, où, plus qu’une
menace, le risque est devenu à la mesure de notre action. Une logique de la répartition du
risque remplaçant celle de la distribution des richesses : risques technologiques, risques pour
la planète face aux changements climatiques, risque au regard des violences multiformes,
risques du « culte de la performance »3 liée à la compétition jusqu’au domaine sportif, en
quête de trophée, de gloire, avec et par le dopage, s’il en est.

En bref, une société addictogène est à la fois un cadre et mode d’existence fondés sur le
triptyque : « surconsommation », « performance », « risque et dépendance », qui s’offrent
tout autant au citoyen que l’usager des produits psychotropes avec ou sans substances,
conduisant et accompagnant les comorbidités et les problèmes de santé publique.

Force est de constater le revers de ce type de société c’est le fait que l’homme
d’aujourd’hui «n’a jamais été atteint à un tel degré de déréliction » (Lipovertsky).

Auguste ARMET

Président du GIP-ACM et du Réseau Addictions Martinique

1 Gilles Lipovetsky – Le bonheur paradoxal – Ed. Gallimard – 2009
Edgard Morin – Pierre Bourdieu

2 Ulrich Beck – La société du risque – Flammarion – 2008

3 Alain Ehrenberg – Le culte de la performance – Pluriel – 2011

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