Les Parcs Naturels Régionaux (PNR) français, créés en 1967, sont des pionniers du développement durable. Ils expérimentent des initiatives pour valoriser la conservation des patrimoines naturel et culturel, notamment par le biais de la marque “Parc”. Cette marque, utilisée comme vecteur d’un projet de société, trouve une application particulièrement pertinente dans des territoires insulaires fragiles comme la Martinique.

Les Fondements de la Marque “Parc”, un label national

Le “Règlement général d’utilisation de la marque” élaboré par le réseau des PNR précise que la marque “Parc” incarne les principes du développement durable. Elle identifie le territoire des Parcs, valorise leurs actions, et s’étend aux produits, savoir-faire, et prestations locales. Pour obtenir cette marque, les acteurs locaux doivent contribuer au développement du territoire, à la construction de son identité, à la qualité environnementale, et garantir des productions à dimension humaine et maîtrisée.  Elle constitue un dispositif potentiellement pertinent pour des territoires insulaires aux écosystèmes fragiles et remarquables, soucieux de s’engager dans une dynamique de développement durable.

Le Parc Naturel Régional de Martinique (PNRM)

La Martinique est le premier et l’un des seuls territoires ultramarins avec la Guyane,  doté d’un PNR depuis 1976. Le PNRM, couvrant 53,3% du territoire, regroupe 100 000 habitants. Sa charte, approuvée en 1997, cible quatre grandes thématiques : maîtrise de l’évolution du territoire, protection du patrimoine naturel, valorisation du patrimoine naturel et culturel, et développement de l’accueil, de l’information, et de l’éducation du public.

La Marque Parc Naturel Régional de Martinique

Depuis 2012, la marque “Valeurs Parc” labellise le miel, la viande d’agneau, et le manioc. Ces trois produits agricoles de terroir font l’objet d’une politique d’agrément, de contrôle de qualité et de valorisation, incarnant les valeurs fortes de l’authenticité, du respect de l’environnement, et de la dimension humaine.

Le Miel, premier labellisé

Qu’il soit de palétuviers, de campêches ou d’autres essences, il est le reflet du territoire et du savoir-faire des apiculteurs. Depuis 2004, la marque “Parc” assure l’authenticité et la qualité environnementale du miel, provenant de diverses essences locales.

La Viande d’Agneau, mouton « Matinik »

La viande d’agneau « « marquée » depuis 2006 est issue de la sélection d’une race locale (le mouton « Matinik »). Élevée en pleine nature selon des critères stricts, la viande d’agneau “Produit du Parc naturel Régional de la Martinique” garantit une production saine, goûteuse, sans OGM. Cette démarche soutient des élevages à taille humaine, privilégiant des pratiques traditionnelles et respectueuses du bien-être animal et de l’environnement (nourrissage à l’herbe, rations complémentaires à base de céréales sans OGM, autonomie en protéines sur les exploitations, traitements antiparasitaires raisonnés et utilisation privilégiée de plantes vermifuges locales). Le cahier des charges élaboré insiste également sur la qualité paysagère des exploitations (préconisation d’aménagements paysagers en utilisant des matériaux locaux, de reboisement, de plantations d’arbres fruitiers et de végétaux locaux). Elle a également vocation à contribuer à valoriser, auprès des consommateurs martiniquais, les actions du programme concerté d’amélioration génétique de conservation de la race ovine locale « mouton Matinik ». Ce programme a été mis en place en Martinique dès 1992. « Il vise à améliorer les aptitudes bouchères et les qualités maternelles de cette race ovine locale dans un contexte d’élevage en milieu tropical. Il est conduit par l’USOM (Unité de Sélection des Ovins Matinik) avec les concours de la Chambre d’Agriculture de Martinique et de l’INRA. »

Le Manioc, un aliment à haute valeur patrimoniale

Ancré dans l’histoire martiniquaise, le manioc, tubercule à la base d’une alimentation traditionnelle, bénéficie de la marque “Parc” depuis une étude expérimentale récente réalisée par le PNRM en partenariat avec le Pôle Agroalimentaire Régional de Martinique (PARM). Cette initiative s’inscrit dans la préservation de la biodiversité, conforme aux objectifs définis en 2006 par les PNR pour la diversité biologique.

La politique de marquage du PNRM en Martinique, axée sur la qualité et la préservation des ressources locales, constitue un exemple novateur. La marque “Parc” devient ainsi le symbole d’un engagement en faveur de l’autonomie alimentaire, du respect de l’environnement, et de la valorisation des savoir-faire locaux, contribuant à l’édification d’un modèle de développement durable pour les territoires insulaires.

Nathalie Laulé


« Les Parcs Naturels Régionaux se présentent comme les laboratoires d’un développement durable solidaire et entendent contribuer à l’émergence d’une citoyenneté active. Outil mis au service d’une telle ambition, la marque PNR apparaît comme très pertinente pour les territoires insulaires dont les richesses écologiques se situent, peut-être plus qu’ailleurs, au cœur d’enjeux économiques, sociaux et culturels majeurs, mais sont souvent menacées. Cette pertinence nous semble renforcée dans un contexte marqué par l’essor d’un consumérisme politique qui se manifeste également à travers les pratiques touristiques (avec la diffusion du « modèle » de tourisme durable). Au regard de son objectif de contribuer à valoriser le maintien de la diversité des pratiques, des savoir-faire locaux en lien avec les productions agricoles et agroalimentaires, elle nous semble constituer une voie pertinente pour la valorisation d’engagements en faveur de la conservation de la biodiversité et de l’agrodiversité qui revêtent également un enjeu particulièrement crucial dans les territoires insulaires d’outre-mer. C’est d’ailleurs dans ce sens qu’elle est mobilisée par le PNR de la Martinique. La biodiversité possède en effet une dimension culturelle forte, les productions locales apparaissant comme un point d’articulation entre savoir-faire et diversité biologique (L. Berard et al., 2004). Mobilisée dans cette perspective, la marque Parc peut contribuer activement au renforcement d’une gouvernance locale en faveur d’un développement durable et de la conservation de la biodiversité en particulier dans les espaces insulaires ultramarins. » (In journals.openedition.org/Petits territoires insulaires et développement durable)


 

 

 

 

 

 

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