Selon “Le Point”, les téléphones portables de plusieurs ténors du barreau de Paris auraient été tracés et parfois géolocalisés, en marge de l’affaire des écoutes visant Nicolas Sarkozy et son avocat. “C’est tout à fait révoltant”, a réagi Olivier Cousi.

Image: Olivier Cousi, bâtonnier de Paris. (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

Une enquête de l’hebdomadaire “Le Point”, révèle que plusieurs ténors du barreau de Paris, notamment maîtres Eric Dupond-Moretti, Hervé Témime, Jean Veil, ont fait l’objet d’une enquête secrète du parquet national financier (PNF), de début 2014 à fin 2019, en marge de l’affaire dite des “écoutes” qui vise Nicolas Sarkozy et son avocat, maître Thierry Herzog. Invité jeudi 25 juin sur franceinfo, maître Olivier Cousi, bâtonnier de Paris a indiqué qu’il allait entreprendre une “action en justice contre l’Etat”.

Des écoutes “sans aucune raison valable”

“C’est une action qui peut être civile au titre de l’atteinte à la vie privée, au secret professionnel, à la réputation des avocats, puisqu’on considère que des avocats qui parlent entre eux, par nature échangent des propos illicites, ce qui est quand même tout à fait révoltant, explique Olivier Cousi. Ce qui me paraît tout à fait surprenant, c’est la longueur de ces actions, leur caractère caché et le fait qu’elles ne sont motivées par aucune raison valable”, a poursuivi l’avocat.

Les téléphones portables de ces avocats du barreau de Paris ont été tracés et pour certains géolocalisés. Les facturations détaillées de leurs lignes mobiles ont été épluchées pendant presque six ans par les enquêteurs de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales. “Nous avons décidé de saisir notre confrère Maître Henri Leclerc pour lui demander de préparer une action qui n’est pas encore définie parce qu’on vient d’apprendre tout cela, indique Olivier Cousi, bâtonnier de Paris.

On est tous effarés par ce système d’analyse, d’écoute, de suivi, de fichage de nos confrères, c’est tout à fait révoltant.Olivier Cousi, bâtonnier de Parisà franceinfo

“On n’a absolument jamais vu ça, on ne peut pas engager ce type d’actions si on n’a pas de soupçon ou en tout cas des éléments précis qui permettent d’identifier une infraction, juge maître Cousi. Or là, on dit que tous les pénalistes de Paris, parce qu’ils sont pénalistes, sont nécessairement auteurs d’infractions. C’est quand même tout à fait étonnant”.

Un élément “tout à fait déterminant et nouveau” dans le procès Sarkozy

Le bâtonnier de Paris s’interroge par ailleurs sur le fait que la procédure soit “restée cachée”. “On ne sait pas pourquoi, on n’en connaît pas la raison et on va découvrir, j’espère en agissant en justice pourquoi cette action a été engagée, par qui et dans quels motifs”. En tant que bâtonnier et donc “protecteur des avocats”, Olivier Cousi veut questionner, dit-il, l’ampleur de la procédure “pour écouter les avocats, pour cibler les avocats…Mon action ne visera que la protection du secret. Il invite tous les avocats visés par ces écoutes et qui souhaiteraient se joindre à son action à le contacter.

Quant au dossier du procès Sarkozy, Olivier Cousi estime que le “traçage” de ses confrères “est un élément tout à fait déterminant et nouveau”, tout en précisant que les poursuites qu’il souhaite engager contre l’Etat sont bien distinctes. “Nous engageons une action contre l’Etat en responsabilité pour avoir porté atteinte au secret professionnel des avocats, à leur intimité, à leur vie privée, cette affaire ne sera pas liée à l’affaire pénale qui est en cause”, a conclu le bâtonnier de Paris.

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