À Madiana, quatre établissements martiniquais ont récemment participé à une séance cinématographique pour visionner le documentaire. Les élèves, imprégnés par cette immersion historique, ont exprimé leur désir renforcé de connaître et comprendre leur passé. Le rendez-vous s’est conclu avec une conférence percutante de Catherine Marceline, soulignant l’urgence de rétablir la pleine lumière sur des figures souvent oubliées de notre histoire.

Ils ont vécu un voyage à travers leurs histoires. Le vendredi 15 décembre 2023, les élèves de quatre établissements en Martinique ont eu le privilège exceptionnel de plonger dans l’univers captivant du documentaire “Bien Doubout”. Au rendez-vous, on pouvait voir les jeunes du collège Asselin de Beauville, du lycée Frantz Fanon, du collège Roger Castendet ainsi que du lycée professionnel Joseph Zobel. Tous réunis pour une expérience cinématographique unique qui allait bien au-delà de la simple projection d’un film.

Des réaction inspirées

La séance s’est déroulée dans un calme absolu, offrant aux élèves une atmosphère propice à la concentration. C’était une opportunité unique pour eux d’explorer et de laisser émerger l’inspiration qui sommeillait en chacun. “Pouvoir assister à ce film a été une occasion de pouvoir nous inspirer pour notre avenir,” comme peut le témoigner Joan, élève du lycée Frantz Fanon. “Cela nous motivera certainement à chercher à comprendre qu’elle est notre véritable histoire et ainsi mieux travailler dessus.”

Pour d’autres, cette journée aura suscité une profonde remise en question sur la manière dont l’histoire peut être abordée. “Je pense qu’il est nécessaire de mettre davantage en lumière l’esclavage survenu dans les colonies françaises, mais également dans d’autres régions du monde,” réagit Joshua, élève du Collège Roger Castendet. “L’esclavage n’est pas uniquement lié à la traite transatlantique, il a existé depuis des temps immémoriaux. Il est crucial de veiller à ce que les autres formes d’esclavage ne s’effacent pas de notre mémoire collective.”

Une expérience riche en culture, à laquelle les enseignants confient ressentir une grande satisfaction. “Je suis ravi d’avoir pu amener ma classe voir ce documentaire, étant donné qu’il s’agit d’un point de notre histoire que nous ne connaissons pas encore assez,” se réjouit Celia Confiant, professeur au lycée Frantz Fanon. “Il marque les esprits, notamment dans sa volonté de vouloir mettre en valeur l’image de la femme dans ce genre périodes. C’est un film qui mérite d’être diffusé beaucoup plus largement dans les établissements scolaires.”

Conférence de Catherine Marceline

La séance ne s’est pas limitée à la simple diffusion du documentaire, car les élèves ont eu le privilège d’assister à une conférence sur le devoir de mémoire, animée par l’avocate et militante Catherine Marceline. “Il est essentiel que vous compreniez que vous êtes les artisans de notre avenir,” intervient-t-elle. La construction du monde de demain repose sur vous. Si vous aspirez à bâtir un monde meilleur, il est impératif de saisir les enjeux qui le façonnent. Pour atteindre cet objectif, il est primordial de maîtriser et de comprendre votre passé ainsi que vos racines.” Au cours de la conférence, l’avocat a souligné avec conviction l’importance de ne pas laisser dans l’ombre de nombreuses figures historiques, en particulier des femmes, dont les récits ont été souvent passés sous silence.

Pour illustrer ses propos, elle a choisi de raconter l’histoire ainsi que le combat de Paulette Nardal. “Son histoire est extrêmement riche. Elle a fait énormément de choses. Elle a été une activiste pour la paix. Elle a fait en sorte de pouvoir donner aux noirs du monde entier la connaissance de leur histoire et de liberté. C’est une femme qui mérite sa place largement dans notre histoire”. Afin de rendre hommage au personnage, Catherine Marceline a fondé une association en 2018 du nom de “Paulette Nardal au Panthéon”. Comme son nom l’indique, le but de cet organisme est de faire rentrer le nom de cette femme dans le monument situé à Paris, par le biais d’une plaque commémorative. “Son histoire, c’est celle de la contribution des noirs et des ultramarins, à l’histoire de France en général.”

La conférence s’est terminé une note assez cruelle à propos de la place des noirs dans l’histoire mais qui reste réaliste : ils ont pratiquement été effacés. “Lorsque l’on vous parlera d’un personnage tel que Josephine Baker, vous l’imaginez principalement avec sa ceinture de banane en train de danser et faire la grimace,” déplore Catherine Marceline. “Or, vous ne le savez peut-être pas. Il s’agit d’une femme qui a été officier de l’armée française et qui a participé à de nombreuses missions d’espionnages afin de permettre à la France gagner la guerre face aux allemands. Malheureusement, l’histoire a choisi de ne mettre en avant qu’une infime partie de ses réalisations.” Josephine Baker était également reconnue pour son engagement dans la lutte contre la ségrégation raciale aux États-Unis. Elle a refusé de se produire dans des établissements qui pratiquaient la discrimination, ce qui a contribué à la promotion des droits civiques.

“De nos jours, affirmer que les Noirs sont pleinement égaux aux Blancs ou à d’autres groupes ethniques est devenu quelque chose de tout à fait ordinaire pour vous. Néanmoins, persiste une forme d’inégalité dans la manière dont l’histoire est traitée. Il est donc crucial de se réapproprier notre histoire, car elle concerne non seulement votre avenir, mais également celui de notre société dans son ensemble,” termine Catherine Marceline.

Thibaut Charles

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