Du 20 avril au 24 novembre prochain se déroulera la 60ème ‘’Exposition Internationale d’Art de Venise’’, La Biennale di Venezia.  Et pour la première fois, le « Pavillon français » de ladite exposition sera habité par la création d’un artiste martiniquais : Julien Creuzet. Autre fait jusqu’alors inédit, la présentation de l’artiste représentant la France a été partagée en dehors de l’Hexagone, en l’occurrence sous nos cieux, plus précisément dans le jardin de la maison du regretté et immense Edouard Glissant, Pointe la Cherry au Diamant. L’invitation à cette présentation était adressée par l’Institut Français, acteur important de la politique culturelle extérieure de la France (sous tutelle du ministère de la Culture et du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères) et par le Edouard Glissant Art Fund.* Premiers éléments d’informations.

Paroles d’artistes (MI)

Nombreuses étaient les personnes présentes en terre martiniquaise pour la découverte de ce projet d’envergure. En effet, outre l’Institut Français représenté par une délégation menée par Eva Nguyen-Binh, l’actuelle présidente de l’institution, étaient aussi présentes les deux commissaires d’exposition du projet – Céline Kopp, directrice du MAGASIN, Centre National d’Art Contemporain à Grenoble, et Cindy Sissokho, curatrice, productrice culturelle et écrivaine installée au Royaume-Uni – sans oublier plusieurs journalistes de divers médias, français et internationaux. Plus précisément, c’est en décembre 2022 que le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères et le ministère de la Culture ont désigné Julien Creuzet afin de représenter la France à cette 60ème « Exposition Internationale d’Art de Venise », ceci sur proposition d’un jury international réuni par l’Institut Français.

Julien Creuzet (MI)

Agé de 37 ans, Julien Creuzet est né en France et a grandi en Martinique, notamment à la ‘’Cité Dillon’’. L’artiste a étudié au Lycée de Bellevue puis à l’ex-IRAVM, aujourd’hui Campus Caraïbéen des Arts, et  vit aujourd’hui de nouveau dans l’Hexagone. La création de Julien Creuzet a (déjà) été l’objet de nombreuses expositions – personnelles et collectives – en Europe, en Afrique, aux USA et au Brésil ; ses œuvres font partie de diverses collections « prestigieuses » et l’artiste est (déjà) lauréat de plusieurs prix internationaux. Plasticien, Julien Creuzet crée des œuvres protéiformes intégrant la poésie, la sculpture, l’assemblage, la vidéo, le cinéma, l’animation, etc. « En évoquant les échanges postcoloniaux transocéaniques et leurs multiples temporalités, l’artiste place son héritage passé, présent et futur au cœur de sa production », indiquent celles et ceux, nombreux-ses, qui s’intéressent à sa création et la suivent.

« Que signifie le centre lorsque l’on est français ? », questionne Julien Creuzet, « que signifie le ‘’Pavillon français’’ à Venise et la représentation nationale ? Comment repenser tout cela, tout en étant désigné comme “ultramarin”, ayant le sentiment d’appartenir à une histoire française beaucoup plus complexe ? » De justes donc légitimes interrogations. L’artiste de poursuivre : « Il est important de déplacer physiquement et symboliquement les personnes dans une réalité qui échappe en grande partie à la question des institutions et des politiques culturelles. C’est sans doute utopique, mais cela peut peut-être contribuer à changer certaines perspectives dans le futur. »

La maison d’Edouard Glissant (MI)

‘’Attila cataracte ta source aux pieds des pitons verts finira dans la grande mer gouffre bleu nous nous noyâmes dans les larmes marées de la lune’’ : tel est le très beau titre du poème-œuvre de Julien Creuzet ; l’œuvre qui se déploiera donc au sein de ce Pavillon français. Pour Eva Nguyen-Binh, il s’agit là de « la promesse d’une expérience immersive et multi sensorielle, une plongée dans les formes, les matières et les refrains de Julien Creuzet, une rencontre avec des symboles et des chimères issus de longues mutations et dont l’artiste, avec sa façon particulière d’être au monde, saisit le langage polyphonique. » Il se dit aussi que Julien Creuzet « invitera les publics au sein d’un espace traversé par les fluides où s’ouvre un imaginaire radical et collectif, peuplé de présences divines, et connecté à Venise par ses eaux. » Mais écoutons l’artiste : « Ce que je désire proposer dans ce Pavillon c’est une zone de confluence complexe et sensorielle, une expérience à vivre profondément. C’est cela qui se joue au sein de cet espace pour moi. C’est un carrefour, un lieu où l’on peut tout rencontrer et surtout être face à soi-même. » Ainsi, les publics du Pavillon devraient découvrir un « environnement immersif et dense, composé de plus de 80 sculptures de six typologies différentes, de 6 oeuvres vidéo, de 7 séquences pour une oeuvre musicale, et d’une dimension olfactive. » Il se dit enfin que la forêt du Prêcheur et sa cascade devraient également être conviées à Venise, via la puissance créatrice et évocatoire de Julien Creuzet… . Des mots qui donnent envie de vivre cette « expérience immersive » ainsi esquissée. Très envie.

Mike Irasque (avec Institut Français)


A propos du Edouard Glissant Art Fund


« Créé fin 2022, ce Fonds a notamment pour objectif exprimé de soutenir la ‘’Résidence d’artistes Édouard Glissant’’, à savoir cette maison du Diamant, labellisée ‘’Maison des Illustres’’ par le ministère de la Culture. Une résidence qui devrait être ouverte aux artistes plasticiens, commissaires d’exposition, critiques d’art, écrivains, poètes et musiciens internationaux. Autres objectifs annoncés : favoriser l’accès à/et la diffusion de la collection d’Art Édouard Glissant, constituée d’environ 200 œuvres principalement issues de legs d’artistes ; encourager le dialogue à l’international entre les nouvelles générations d’artistes et les écrits d’Édouard Glissant, à travers l’aide aux expositions, éditions, conférences et échanges ; encourager la recherche transdisciplinaire dans ce domaine, ouverte aux étudiants, chercheurs, doctorants, acteurs de l’art, commissaires d’exposition internationaux et au public selon les opportunités. La gouvernance de ce Fonds est composée d’un Conseil d’Administration, d’un Comité Scientifique constitué de personnalités internationales du monde de la culture et d’un Comité des mécènes dits Batoutos (en référence au roman Sartorius d’Édouard Glissant). Les personnalités impliquées dans ces instances sont bénévoles et s’engagent à respecter le Code de Déontologie statutaire du Fonds, comprenant l’éthique de la relation : célébration des diversités et rejet absolu de toute forme de discrimination. » (source : Institut Français)

Vue de la maison (MI)

 

 

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