Guillaume Origoni et Stéphane Mader —
S’approcher des fosses de Bosnie-Herzégovine équivaut à toucher du bout des doigts les mécanismes des crimes de masse, et des grandes peurs qui sont en nous.
«La mort d’un homme est une tragédie. La mort d’un million d’hommes est une statistique», a dit Joseph Staline. En Bosnie, alors que les commémorations des victimes du génocide de Srebrenica se sont tenues entre les 11 et 14 juillet 2021, des hommes et des femmes continuent à œuvrer afin que les disparus de la guerre de Yougoslavie ne deviennent pas des statistiques.
Pour y parvenir, il faut se souvenir, il faut bâtir la paix des esprits par la reconnaissance du statut des victimes. Il faut également que les justices nationales et internationales puissent instruire leurs dossiers. Cette chaîne de compétences qui réunit les organisations internationales, les associations de victimes, l’appareil policier et judiciaire, s’appuie sur l’inlassable tâche exécutée par les équipes de recherche de fosses communes.
L’hygiène de l’assassin
Pour inverser la dynamique qui conduit du drame à la statistique, il faut creuser. À la pelle, à la pioche ou avec un Caterpillar. Il faut retrouver les fosses communes. Une par une. C’est désormais une histoire connue qui a été mise à jour via les procès du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY en français, ICTY en anglais).
Le 10 août 1995, en Bosnie, l’Armée des Serbes de Bosnie (la VRS) est alarmée par une déclaration de Madeleine Albright, ambassadrice de l’ONU pour les États-Unis, devant le conseil de sécurité: «Nous avons les preuves des massacres de la population bosniaque dans la région de Srebrenica.» On ne parle pas encore de génocide mais cette informationsuffit aux Serbes de Bosnie pour comprendre que les fosses communes serviront de preuves pour les procès du TPIY. Ils entreprennent donc dans la région, puis dans tout le territoire de Bosnie-Herzégovine, l’exhumation des corps des fosses dites «primaires» vers des fosses plus réduites qualifiées de «secondaires» voire «tertiaires».
Le but de la manœuvre, qui a nécessité le passage sur les routes de camions dont les bennes sont chargées de cadavres putréfiés, est en premier lieu, l’occultation des preuves. En effet, les images satellitaires américaines et les clichés pris par les antiques avions espions U2, permettent la localisation de certaines fosses primaires. Toutefois, en passant des fosses de masses dans lesquelles ont été ensevelis parfois plus de 600 corps, aux fosses secondaires, la volonté est aussi de mélanger les restes, de détruire l’intégrité des dépouilles afin de rendre les identifications plus complexes.
Le résultat de cette opération est la multiplication des fosses sur l’ensemble du territoire bosnien. «À la fin de la guerre, on dénombre 32.000 disparus. Les restes de 27.000 personnes ont été retrouvés et nous avons identifié, entre 1995 et 2021, notamment grâce à la technologie ADN qui est devenu plus accessible après 2001, plus de 25.000 personnes qui ont été rendues aux familles et inhumés», nous explique Amor Masovic qui dirige l’organisation en charge des disparus pour la Bosnie-Herzégovine, le Missing Persons Institute (MPI). Aujourd’hui, on estime qu’il y aurait encore environ entre 5.000 et 8.000 disparus dont il faut retrouver les restes.
«Vous voyez cette différence de couleur entre la terre meuble et l’autre terre? C’est ça qui nous a mis sur la voie.» Almir Olovic, archéologue
Ces enquêtes reposent souvent sur les témoignages. Les langues qui se délient à mesure que les années passent. C’est une course contre le temps car, plus les décades défilent, moins il y a de témoins. Certains ne parleront jamais par peur de représailles ou d’être ostracisés dans ces micro-sociétés que constituent les villages de la Bosnie-Herzégovine, et notamment ceux qui sont situés en Republika Srpska –c’est-à-dire les portions de territoire bosnien sous l’autorité des Serbes de Bosnie. D’autres se taisent par adhésion à l’idée de nation serbe.
Si les informations sont suffisantes et les dossiers solides, les procureurs locaux ordonnent les autorisations pour les excavations qui pourraient mettre à jour les restes des corps disparus.
C’est parfois un coup de poker. Lorsque nous nous sommes rendus à Banja Luka, dans le centre de la Bosnie et capitale des Serbes de Bosnie depuis les accords de Dayton –dont le résultat a abouti à la création de trois régions distinctes partagées entre Serbes, Croates et Bosniaques (on utilise la terminologie «Bosniaques» pour désigner les musulmans de Bosnie)–, les premiers repérages étaient en cours pour déterminer les probabilités de la présence d’une fosse secondaire. Les recherches ont été abandonnées en vingt-quatre heures tant il était inutile de faire travailler les techniciens avec une température de 44 degrés et avec un corpus de renseignements trop réduit.
Recherche de corps dans le canton de Kalinovik. | Guillaume Origoni / Hans Lucas
C’est donc au sud de Sarajevo, dans le canton de Kalinovik, que Sasa Kulukcija, notre fixeur et communication manager à l’ICMP (International Commission of Missing Persons), nous conduit afin que nous puissions assister au travail des équipes en charge des fouilles. Nous arrivons dans les derniers jours du chantier qui, mis à part le déploiement des rubalises de la police, ne se distingue pas du travail réalisé pour un gros-œuvre de génie civil.
Sur place nous attendent Almir Olovic, archéologue pour l’ICMP ainsi que le représentant du procureur, les officiers de police et le conducteur des travaux. Ils nous demandent de rester derrière les signalétiques: «This is a crime scene! You don’t get inside just like a normal place.» [«C’est une scène de crime! Vous ne pouvez pas y pénétrer comme s’il s’agissait d’un endroit quelconque.»]
Quelques jours plus tôt, ont été découverts dans ce ravin les restes de neuf corps. Ils ont été jetés là vraisemblablement en 1992 au début de la guerre. La putréfaction rapide et les odeurs nauséabondes qui les accompagnaient ont conduit les assassins à revenir quelques jours après pour déverser avec un camion benne la terre qui masquerait les cadavres. Vingt-neuf ans après, en ce mois de juin 2021, les restes ont été retrouvés. L’archéologue nous demande de nous rapprocher et explique: «Vous voyez cette différence de couleur entre la terre meuble et l’autre terre? C’est ça qui nous a mis sur la voie et qui a confirmé les renseignements dont nous disposions. Il existait bien une fosse ici. Nous avons rapidement trouvé les restes des neuf personnes. Peut-être une famille? Peut-être les hommes d’un village proche, raflé dans un café ou une place, puis conduits ici pour être exécutés en bord de route.»
Amor Masovic nous expliquera deux jours plus tard que cette exécution était très vraisemblablement une opération des Scorpions, une unité paramilitaire serbe connue et redoutée tout au long du conflit.
Plus haut, à flanc de colline, des hommes creusent encore. On ne sait jamais, malgré les années, le vent, la pluie, la neige, les crues de la rivière et les animaux sauvages; il est encore possible de retrouver quelques fragments qui seront peut-être déterminants pour l’établissement d’une preuve ou faciliteront une identification.
Deux décennies après, les recherches continuent. | Guillaume Origoni / Hans Lucas
Sasa et Almir sont affables: «Nous parlons volontiers avec les journalistes, d’autant plus qu’il est assez difficile pour nous de parler de notre travail avec la famille ou les amis. Une bonne journée pour vous est un sujet inédit, une interview pertinente ou une séance photo réussie. Pour nous, une bonne journée, c’est lorsque les fosses livrent leurs secrets, lorsque nous trouvons des ossements.» À Kalinovik, l’hygiène de l’assassin n’a pas suffi pour réduire les neuf corps au rang de simple statistique. «C’est ce que nous devons aux familles», concluent nos hôtes.
Sur le chemin du retour, alors que nous planifions notre rencontre avec Dragana Vucetic prévue le lendemain, nous décidons de nous rendre dans le village de Kalinovik situé à une vingtaine de kilomètres. Nous passons par une route qui serpente sur un plateau karstique. Peu fréquentée, elle est bordée de bâtiments qui portent encore les stigmates de la guerre.
Lorsque nous arrivons à l’entrée de ce minuscule village, il nous est impossible de rater la fresque érigée juste à côté du panneau Kalinovik. Ratko Mladić,général de l’armée serbe de Bosnie, condamné en appel le 8 juin dernier par le TPIY à la prison à vie pour crimes de guerre, crime contre l’humanité et génocide, est ici un héros. Kalinovik tient à le faire savoir à la fois par ce portrait et par le monument en construction qui trône démesurément sur la place du village et qui met à l’honneur ses faits d’armes.
Notre break est immatriculé en France, nous sommes trois à bord, les regards suivent la trajectoire de la voiture. Nous repartons en sens inverse car, comme s’il agissait d’un symbole ironique, le village natal de Mladić est une dead end. Aucune route ne traverse Kalinovik mais toutes finissent ici. Le photographe Fabrice Dekoninck, qui s’est rendu dans le village en hiver 2020, avait affirmé aux habitants qu’il n’était pas de nationalité française mais belge afin de réduire la tension ambiante à la suite de son irruption dans cette enclave quasi imperméable.
Après quelques verres de rakia partagés dans l’unique bar, l’atmosphère s’est détendue et un groupe d’hommes, hilares, désignent l’un des leurs, à l’écart: «No photo for him! Tribunal! Wanted! Wanted!» [Ne le prends pas en photo lui, tribunal de La Haye! Il est recherché!»]
Le portrait du général Mladić trône à l’entrée de son village natal, Kalinovik. | Guillaume Origoni / Hans Lucas
Les vivants et les morts
Loin des criminels de guerre serbes de Kalinovik, c’est à Tuzla que nous rencontrons Dragana Vucetic. Elle aussi est serbe. Dragana dirige le Podrinje Identification Project de Tuzla. C’est dans ce centre que sont conservés les restes humains retrouvés dans les fosses de la région de Srebrenica.
Son travail consiste à identifier les ossements, cheveux, dents, ongles, objets qui lui sont confiés. Elle est employée par l’ICMP comme médecin légiste pour mettre des noms de famille sur des restes humains. Comment ne pas penser en rencontrant cette femme pour la première fois au poème de Primo Levi, L’armée des morts en vain?
Le PIP de Tuzla où résident les restes des corps en cours d’identification trouvés dans les fosses. | Guillaume Origoni / Hans Lucas
Elle est à la fois la gardienne d’archives faites de rouille et d’os et celle qui fait parler les secrets enfouis dans la terre bosniaque. Depuis seize ans, cette médecin à la poignée de main ferme et au regard verrouillé assemble les morceaux de corps de façon à ce que les familles puissent récupérer suffisamment de fragments pour reconstituer une dépouille dans son intégralité. Certaines de ces familles attendent des années avant d’accepter le fait que jamais elles n’auront plus que l’épaule ou le pied du fils ou du mari à mettre en terre.
Avant 2001, le processus d’identification se faisait via le groupe sanguin ou les objets retrouvés dans les fosses. Depuis que les nouvelles technologies liées à la recherche d’ADN permettent une identification plus fiable et plus rapide, Dragana Vucetic peut compter sur la plus grande banque de données ADN au monde exclusivement dédiée au processus d’identification.
Dragana Vucetic, médecin légiste au PIP de Tuzla. | Guillaume Origoni / Hans Lucas
La mort est présente partout au sein du Podrinje Identifiaction Project (PIP) de Tuzla. Sur les tables en inox, dans les cartons qui contiennent les objets personnels des défunts, dans la multitude des body bags qui remplissent les casiers. Cette omniprésence de la souffrance et de la mort n’altère en rien la bonne humeur de Dragana et de Sasa. Ils se sont habitués à déambuler entre les squelettes et tiennent plus que tout à ne pas rajouter du drame au drame. «Nous travaillons avec les morts mais ce sont les vivants qui nous intéressent!» C’est une phrase que nous entendrons souvent tout au long de notre reportage sur les routes maudites de la Bosnie.
Les vivants, ce sont les familles de victimes et les rescapés. Le travail d’identification et de mémoire passe par les enquêtes dont l’ICMP a la charge. Matthew Holliday, diplomate qui pilote le programme des personnes disparues dans les Balkans pour L’ICMP, insiste sur ce point: «Notre mission est unique car nous assurons le lien entre les États et les entités nationales mais nous sommes aussi enquêteurs. Notre travail permet d’apporter des éléments au TPIY qui soient indiscutables tant sur le plan qualitatifs que quantitatifs. De ce point de vue, nous contribuons aussi à faire obstacle aux récits révisionnistes présents et futurs.»
Il est clair que la réconciliation, ou tout du moins la pacification des territoires, passe par la reconnaissance du statut de victimes pour toutes les nationalités, sans exception aucune. Ahmed Grahic, président de l’association des familles de disparus de Zvornik, ne dit pas autre chose: «Tout ce que nous faisons, notre travail depuis plus de vingt ans, concerne toutes les familles, qu’elles soient bosniaques, serbes, croates ou issues des minorités.»
Écouter Ahmed relève du voyage au bout de la nuit. Nous avons beau avoir lu des dizaines de livres ou d’articles sur le génocide en ex-Yougoslavie et avoir visionné les témoignages du TPIY, son récit est une plongée dans les abysses.
Des fragments humains en cours d’identification dans le PIP de Tuzla. | Guillaume Origoni / Hans Lucas
Dès le début de la guerre, la disparition de familles entières pousse Ahmed à tenir une comptabilité dont il sait qu’elle servira un jour ou l’autre à établir des faits. Cette comptabilité n’exclut pas les jeunes soldats de l’armée des Serbes de Bosnie, «les mères serbes souffrent tout autant que les mamans bosniaques».
Cependant, c’est bien sur les musulmans de Bosnie que s’est concentrée la majorité des exactions. «Les Serbes qui vivaient dans les maisons adjacentes à la mienne ont été armés par les milices paramilitaires et préparés psychologiquement par la propagande de Radovan Karadžić. Tout s’est passé très rapidement et, en quelques jours, les gens avec qui nous vivions nous ont chassés de nos maisons, s’y sont installés, nous ont volé tous nos biens. C’est ça, la purification ethnique, les paramilitaires nous exécutent et les voisins nous remplacent.»
À tous ceux qui pensent que ce mécanisme est d’un autre pays et d’un autre temps, Ahmed répond de façon lapidaire: «J’ai grandi en Yougoslavie, c’était alors un ensemble de républiques et une mosaïque de nationalités, surtout en Bosnie! Jamais à l’école, puis plus tard au travail, nous ne nous sommes posé la question de savoir si notre copain était musulman, serbe, croate ou hongrois. La question ne se posait pas car elle ne venait à l’esprit de personne.»
Ahmed marque la pause que lui impose avec difficulté notre traducteur, puis poursuit tout en haussant le ton et martelant la table, «le malheur est arrivé lorsque les politiques ont commencé à jouer avec des récits qui opposaient “nous” et “eux”. La peur s’est emparée de tout le monde et très vite la guerre, les massacres, les fosses».
Ahmed Grahic, président des familles de disparus du canton de Zvornik, nous raconte la grande et la petite histoire. Celle de la guerre et la sienne. | Guillaume Origoni / Hans Lucas
C’est dans l’une de ces fosses, au milieu de 678 autres cadavres, que Ahmed reconnaît son père. Plus tard, il apprendra que ses deux oncles et ses cousins ont également été exécutés durant les massacres de masse qui ont été planifiés dans l’ensemble des villes et villages fixés le long de la Drina, cette rivière qui marque la frontière entre la Bosnie et la Serbie.
L’ICMP a naturellement accompagné la création du mémorial de Kalesija dont Ahmed est le directeur. «Une fois identifiés par le PIP de Tuzla, nous pouvons enterrer nos morts ici. La douleur ne s’efface jamais mais, avec ce lieu, nous faisons à nouveau communauté et c’est important, car beaucoup comme moi n’ont plus aucun membre de leur famille avec qui prendre un café.»
Le mémorial de Kalesija dans le canton de Zvornik. | Guillaume Origoni / Hans Lucas
L’inquiétude de tous les chercheurs de fosses communes, des associations de victimes et des organisations internationales est transverse car, plus le temps passe, moins les probabilités sont élevées de trouver les derniers disparus. Amor Masovic, dans le bureau du MPI de Sarajevo, en a la certitude, «il reste au moins une fosse primaire avec un nombre important de cadavres à trouver dans les environs de Srebrenica. Peut-être deux, voire trois, mais le temps presse et ceux qui savent, pour l’instant, ne parlent pas.» Cette affirmation sera partagée par l’ensemble de nos interlocuteurs.
L’histoire des fosses communes de Bosnie est liée à la mise en place systémique de la destruction des musulmans de Bosnie-Herzégovine. Ces écosystèmes que le XXe siècle a vu éclore, nous ne les connaissons que trop bien: bâtiments dédiés au triage des êtres humains, lieux d’exécutions de masse, camps de concentration, salles de tortures. Des histoires terribles rendent compte de l’innommable.
Fabrice Dekoninck, que nous recroisons à Sarajevo, revenait de l’un de ses nombreux voyages dans la Bosanska Krajina dans le nord-ouest de la Bosnie, là où se tenait le terrible camp d’Omarska. Il travaille sur un projet photographique et vidéo depuis plusieurs années sur les lieux de mémoire de la région. Il est retourné à Tomasica, un ancien puits de mine dans lequel étaient entassés des centaines de cadavres.
Son ami «Svabo», un ancien de la 17e brigade de l’armée bosniaque, lui a indiqué comment s’y rendre: «Aujourd’hui, l’endroit est une merveille, comme si la nature avait œuvré pour effacer les crimes des hommes. Mais, en y allant, j’ai bien vu qu’il fallait passer devant un hameau de six ou sept maisons. Les camions qui effectuaient les rotations pour venir déverser dans ce trou les corps suppliciés passaient forcément devant chez eux. Ils n’ont jamais parlé mais, quelque temps après la fin de la guerre, ils se sont plaints à la municipalité, car l’eau qui sortaient de leurs robinets puait le cadavre.»
S’approcher des fosses de Bosnie-Herzégovine équivaut à toucher du bout des doigts les mécanismes des génocides, des grandes peurs qui sont en nous. Celles de «l’autre» ou celles de voir revenir le poison du nationalisme, de la question de la race. Dans ce pays au cœur des Balkans que nous nous représentons comme le trou noir de l’Europe, la terre des conflits perpétuels et de la violence endémique, nous avons vu une partie du visage du XXe siècle. Nous avons également craint que ce même visage vieillissant soit toujours en mesure de tracer une ligne entre «nous» et «eux», ici et maintenant.
Le mémorial de Kalesija dans le canton de Zvornik: «Si vous ne savez pas ce que sont les génocides et les crimes de masse, visitez les cimetières et vous trouverez la réponse dans le silence qui les habite.» | Guillaume Origoni / Hans Lucas
Nous n’oublierons pas non plus les paroles de Dragana, «je me demande toujours pourquoi ce sont ceux qui n’ont pas souffert qui propagent le plus de haine?».Celles d’Ahmed, «personne n’aime sa maison comme j’aime la mienne! C’était vrai avant et ça l’est toujours, parce que j’y rencontre encore des gens formidables quelles que soient leurs nationalités». Ou encore, celles de Fabrice, citant Svabo: «Bien sûr qu’aujourd’hui je compte parmi mes amis des Serbes.»
Voilà ce que les statistiques ne pourront jamais nous révéler.