Le Progressiste.
Un travail collectif pour définir les actions prioritaires.  La co-construction avec les habitant.e.s des quartiers foyalais est une priorité pour le Maire Didier Laguerre. C’est en ce sens qu’aux Terres-Sainville notamment, des réunions se sont tenues ces derniers mois afin de déterminer les actions prioritaires à mener.

Ces actions s’inscrivent plus précisément dans une démarche d’élaboration d’un vrai « projet de quartier » élaboré à la fois par la Ville de Fort-de-France, par les représentants du Conseil citoyen, les habitants et les autres forces vives du quartier.

La restitution d’Ateliers de concertation Ainsi, sur invitation des Elu.e.s délégué.e.s de quartier Raphaël SEMINOR et Catherine MICHALON, une réunion s’est tenue le 25 mars dernier avec des acteurs institutionnels tels que la CAF, la MILCEM, les référents du programme « Cités éducatives », des habitants, le Conseil citoyen et les associations qui interviennent sur le quartier. Cette rencontre avait pour objectif de restituer les actions et priorités énoncées lors de l’atelier organisé quelques semaines auparavant avec une quarantaine d’acteurs.

Plusieurs autres sujets ont fait l’objet d’échanges, notamment la sécurité, le cadre de vie, mais aussi la jeunesse, l’animation du quartier

En matière de sécurité, les différents intervenants ont convenu d’établir et présenter un bilan du Plan d’action des Terres Sainville (PATS). Ils ont aussi émis des propositions visant à créer une brigade pédestre de prévention et sécurité, à mettre en œuvre des solutions de médiation en soirée, à créer et mettre en œuvre une charte de la vie nocturne et un Plan de réduction des nuisances sonores.

En ce qui a trait au cadre de vie, toutes et tous ont émis le souhait que des sanctions plus importantes soient appliquées à l’encontre des propriétaires qui n’entretiennent pas leurs « délaissés ». Ils ont insisté sur la nécessité de continuer à changer l’ « image » des Terres Sainville en poursuivant des actions comme la valorisation des délaissés urbains avec la démarche «Jaden Lanmou» qui  vocation à se généraliser sur les quartiers où il existe une mobilisation collective.

Les problématiques relatives à la collecte des déchets ont aussi été soulevées, avec des propositions d’adaptation de celles-ci. Afin d’accompagner les jeunes, il a été convenu de définir avec ces derniers un programme d’animations sportives et culturelles, mais aussi la mise en place d’actions relatives à l’insertion et à l’emploi.

Enfin,en matière d’animation, unopérateur a été désigné afin de porter le projet de « Centre social », avec « Ecomobil » et les autres associations du quartier. Il s’agit aujourd’hui d’identifier les besoins prioritaires en terme d’animation sociale, culturelle, sportive et dans le cadre d’une convention avec la CAF, d’apporter des réponses incluant l’ensemble des acteurs du quartier.

Lors de l’atelier et de la rencontre de restitution, des actions prioritaires ont également été proposées dans les domaines relatifs aux ainés, à l’éducation, la santé, l’habitat mais aussi sur les problématiques liées à la prostitution, l’économie, Les Elu.e.s ont à cette occasion présenté leurs diverses interventions sur le quartier.

Cette démarche de coconstruction devrait aboutir fin avril 2021 à l’élaboration d’un projet d’animation sociale du quartier, comprenant notamment un plan d’actions, un budget, des référents et des échéances. La participation des habitant.es et forces vives ne se décrète pas, c’est un travail continu d’échanges, de mobilisation, d’actions concertées qui doit s’inscrire dans la durée et dans le partage des réussites comme des difficultés.

     

UN COMBAT DE LONGUE DATE

L’investissement de Serge Letchimy dans le combat contre l’utilisation de pesticides ne date pas d’aujourd’hui. Voilà déjà une décennie qu’il met tout en œuvre afin que justice soit faite et que les peuples d’outre-mer ne soient plus exploités, dominés, dupés, laissés pour compte et finalement pénalisés.

Dès 2010, lors de son mandat à la tête du Conseil régional, la collectivité a apporté son soutien aux agriculteurs avec la mise en place d’un financement pour l’analyse des sols.

En décembre 2011, une commission sur les alternatives à l’épandage aérien a été créée et avait pour objectif de trouver des alternatives durables à l’utilisation des pesticides.

Lors d’une plénière au Conseil Régional en juillet 2012, Serge Letchimy et sa majorité se sont prononcés contre l’utilisation du banole en remettant en cause non seulement les méthodes de production, mais également le produit utilisé.

Le 8 octobre 2012, dans une lettre adressée à la Ministre de la Santé, Marisol Touraine, notre député exige qu’une analyse soit menée par les instances sanitaires officielles françaises et européennes chargées de ces problématiques. Il demande qu’un certificat d’innocuité vienne appuyer les positions des médecins. Deux jours plus tard, il explique pourquoi il est contre l’amendement de François Michel Lambert.

En effet, cette loi qu’il juge lacunaire ne prend en compte ni les petits planteurs de banane et leur famille, ni la filière agricole, vitale à l’économie martiniquaise. Elle ne permet pas non plus de trouver des solutions à long terme.

Cette même année, à l’Assemblée nationale, Serge Letchimy interpelle le gouvernement sur la question du chlordécone et sur les conséquences socio-économiques de la pollution des océans. Il dénonce également le véritable désastre qu’entraîne cette pollution sur la filière pêche.

Le 3 mars 2015, la Région Martinique et plusieurs acteurs ont renouvelé leur engagement dans ce combat avec l’adoption du 3ème Plan chlordécone. Lors de la commission permanente du 20 janvier 2015, les élus ont voté une participation financière à hauteur de 600 000 euros pour la première année d’exécution du 3ème Plan Chlordécone.

Le 7 février 2018, la délégation aux outremers dont fait partie Serge Letchimy, votait une motion «afin que toutes les dispositions soient prises pour répondre aux inquiétudes des populations touchées par le chlordécone». L’objectif était de mettre le gouvernement devant ses responsabilités, et que toutes les dispositions soient prises pour répondre aux inquiétudes des populations exposées de manière durable à la pollution du chlordécone. La délégation outre-mer demandait que les limites réglementaires applicables au calcul de la pollution soient réduites, que les recherches sur les effets néfastes du chlordécone soient prises au sérieux et approfondis.

La création du fond d’indemnisation pour

les victimes du chlordécone et du paraquat aux Antilles.

Le 19 décembre 2018, le groupe socialiste et apparentés dont fait partie Serge Letchimy dépose une proposition de loi pour la création d’un fond d’indemnisation des victimes du chlordécone et du Paraquat en Guadeloupe et en Martinique. Cette proposition de loi vise à « créer un dispositif de réparation en permettant la prise en charge de la réparation intégrale des préjudices des personnes atteintes de maladies liées à l’utilisation du chlordécone et du paraquat, que ces maladies soient ou non d’origine professionnelle ».

Ces réparations visent :

Les personnes qui ont obtenu la reconnaissance d’une maladie professionnelle occasionnée par cette exposition,

Les personnes qui ont subi un préjudice résultant directement d’une exposition au chlordécone et paraquat, les enfants atteints d’une pathologie occasionnée par l’exposition,

Les professionnels de la mer qui ont subi un préjudice résultant directement de l’utilisation de cespesticides,

Les personnes qui souffrent d’une pathologie résultant directement de l’utilisation du chlordécone ou du paraquat, les ayants droit des personnes visées. La loi propose la création d’un établissement public national à caractère administratif, doté de la personnalité juridique et de l’autonomie financière, placé sous la tutelle des ministres chargés de la sécurité sociale et du budget des outremers. De plus, à compter de la réception d’une demande d’indemnisation et si validation du dossier, une offre d’indemnisation est proposée dans les six mois.

Le 1er juillet 2019 débutent les travaux de la commission d’enquête parlementaire sur le chlordécone pour une durée de six mois. L’objectif est de faire la lumière sur l’utilisation du chlordécone et du paraquat et leurs conséquences sur les populations et leur environnement. Cette enquête de vaste ampleur a pour but de réunir les informations nécessaires à la mise en place du fond d’indemnisation pour les victimes de ces pesticides. En novembre 2019, après six mois d’enquête, la commission parlementaire dirigée par Serge Letchimy rend ses conclusions. L’état est reconnu comme étant le premier responsable dans ce scandale sanitaire. Comme le dit notre député, « Le chlordécone est bien avant tout un scandale d’État […] Sans contestation aucune, la responsabilité de l’Etat est reconnue et l’engage à mettre en place des mesures de réparation exceptionnelles. Celles des vendeurs / producteurs et des groupements professionnels, sont incontestables ».

Serge Letchimy dresse ainsi une liste des diverses actions à mener :

L’indemnisation immédiate de tous les préjudices avérés comme : la prise en charge gratuite des victimes les plus exposées sur le plan de la santé ;

  agriculture Le Progressiste – Mercredi 14 avril 2021 – N°2615 – page 11

l’engagement d’une indemnisation et de mesures de réparation à venir de l’ensemble des préjudices dès que les résultats scientifiques le rendront possible, notamment sur l’enjeu crucial de la dépollution des sols. Des indemnisations à la hauteur de la crise pour les agriculteurs de la diversification et pour les pêcheurs.

L’analyse gratuite des sols réalisée dans un délai de 5 ans pour un budget de 25 millions d’Euros. L’obligation d’analyses pour toutes les terres exposées. La mise en place d’un dépistage gratuit pour toutes les populations vulnérables.

La mise en œuvre de mesures de traçabilité de tous les produits consommés formels et informels, dans les 3 années qui suivent; L’inscription immédiate de la recherche comme priorité stratégique nationale ; la mise en place de moyens adaptés d’expertises locales pour les analyses de sol et le dépistage…

Cependant, notre député estime qu’il faut aller encore plus loin dans la démarche. En effet, il ajoute quelques éléments supplémentaires très attendus par les populations de Martinique et Guadeloupe. Il préconise notamment :

La mise en place par l’Etat d’un établissement public administratif national, avec des moyens propres et des missions claires.

Des moyens budgétaires pour les réparations qui doivent être garantis pour une période triennale dans le cadre de la loi d’orientation et de programmation qui ne pourra être inférieure à une durée de 15 ans. Les moyens concernés doivent comprendre un fond d’indemnisation de l’ensemble des victimes, mais également mettre à contribution les producteurs et utilisateurs de la chlordécone, au nom du principe du pollueur- payer.

Il appelle aussi à accélérer les études épidémiologiques en cours pour que la science donne enfin des réponses permettant aux décideurs politiques de prendre des mesures limitant les risques sanitaires de ce scandale.

Selon notre député, l’interdiction des cultures sensibles dans les zones trop contaminées, doit se faire en indemnisant les agriculteurs concernés, cultivateurs et éleveurs, et en accompagnant le changement de production et de pratiques culturales. Les propriétaires de parcelles polluées qui n’ont jamais fait l’objet de cultures bananières doivent également être indemnisés pour la pollution de leur terre.

L’organisation de l’agriculture antillaise doit être globalement revue afin de permettre à la fois la sortie du chlordécone et la reconquête de la souveraineté alimentaire. Cela passe par l’utilisation d’au moins un tiers des terres actuellement en friche non polluées au sein des grandes et moyennes exploitations pour la diversification agricole et un soutien spécifique aux petits agriculteurs par le Programme d’options spécifiques à l’éloignement et à l’insularité (POSEI), qui devrait pouvoir conserver le même niveau d’aides tout en diversifiant leur production.

Enfin, pour les marins-pêcheurs, le respect des zones d’interdiction de pêche doit être compensé par des mesures exceptionnelles d’accompagnement à l’investissement, mais aussi de soutien à l’exploitation telles que des

exonérations de cotisations charges pendant une durée limitée.

En janvier 2021, face à la possibilité d’un non-lieu dans l’instruction du dossier chlordécone Serge Letchimy estime que l’Etat n’assume pas ses responsabilités. Il explique ainsi:

«Le président Macron est le seul président de la République au cours de ces 25 dernières années qui a déclaré que l’Etat doit assumer ses responsabilités. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas. L’Etat n’assume pas toutes ses responsabilités face à ce drame de pollution de 92% des Martiniquais et 97% des Guadeloupéens qui ont dans leur sang de la chlordécone. Et près de 50 à 60% des terres de Guadeloupe et de Martinique sont polluées, donc l’Etat ne peut pas ne pas assumer. Le fait de ne pas avoir donné suite aux conclusions de la commission d’enquête à la hauteur du drame, de ne distribuer que des miettes de solutions à travers le plan chlordécone, n’honore pas la République. Ce n’est pas respectueux vis-à-vis des Guadeloupéens et des Martiniquais. Le seul moyen d’éteindre ou d’atténuer cette rancœur qui est en train de prospérer en Martinique et en Guadeloupe, c’est d’agir en transparence, clairement et pour le bien de tout le monde».

Le mardi 26 janvier 2021, Serge Letchimy dénonce de nouveau à l’Assemblée nationale le traitement du dossier chlordécone. Il évoque les conséquences de la pollution sur la filière pêche. Il s’inquiète également à l’idée d’un classement sans suite de la plainte déposée il y a 14 ans par les associations. Il demande à l’Etat de respecter ses engagements en matière de réparations. Annick Girardin, Ministre de la Mer depuis 2020 répond que la filière pêche sera accompagnée par le gouvernement.

Le 29 mars 2021, il évoque de nouveau à l’Assemblée le «crime d’écocide qu’est la chlordécone. Cet exemple montre qu’il n’y a pas de transition écologique sans justice sociale, et il n’y a pas de justice sociale sans justice environnementale».

En définitive, Serge Letchimy démontre une fois encore son acharnement à la tâche et sa capacité à faire entendre au-delà de toute divergence, la voix du peuple auprès de plus hautes instances. Il se fait le relai d’un combat nécessaire et apporte son expertise. Comme d’ordinaire, il étudie ses dossiers avec une extrême minutie, et s’arme d’un savoir sans faille, afin de mener une bataille dont il ne compte plus les heures face à un gouvernement qui tente souvent de se dérober. L’objectif est d’obtenir réparation et pour cela, il est fondamental que toutes les données soient prises en compte pour que les Martiniquais et de manière plus vaste les peuples d’outre-mer ne soient plus lésés. Ce dont il s’agit aujourd’hui, c’est de justice face à un crime d’état révélé au grand jour et qui ne peut plus rester impuni.

Mathieu CORDEMY

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