L’ONG prend en exemple la Seine-Saint-Denis, département le plus pauvre de France métropolitaine, avec une part importante de population immigrée et où “le nombre de contraventions pour infraction au confinement a été trois fois plus élevé que dans le reste du pays”.

Image:Un contrôle de police durant le confinement à Toulouse. (FR?D?RIC SCHEIBER / HANS LUCAS)

Violences, contrôles d’identité discriminatoires, mesures de mise en quarantaine forcée, contraventions, les minorités ethniques ont été visées “de manière disproportionnée”, par la police en Europe dans le cadre du contrôle du respect des mesures de confinement, révèle Amnesty International dans un rapport publié mercredi 24 juin (en anglais). Le rapport consacré à la situation dans 12 pays européens dont la France “met en évidence une tendance préoccupante aux préjugés racistes au sein des forces de police, également soupçonnées d’exercer un racisme institutionnel”.

Un confinement beaucoup plus sévère dans les quartiers pauvres

“Les violences policières et les inquiétudes liées au racisme institutionnel ne sont pas nouvelles, mais la pandémie de Covid-19 et le contrôle coercitif de l’application des mesures de confinement qui en découlent ont révélé leur ampleur”, selon Marco Perolini, chercheur d’Amnesty International pour l’Europe de l’Ouest.

Il faut de toute urgence lutter contre la triple menace que représentent la discrimination, l’utilisation illégale de la force et l’impunité de la police.Marco Perolini, Amnesty International

Selon le rapport d’Amnesty International, “la police a exercé son contrôle du respect des mesures de confinement de manière disproportionnée dans les régions les plus pauvres, où la proportion de personnes appartenant à des minorités ethniques est souvent plus élevée”. L’ONG prend en exemple la Seine-Saint-Denis, département le plus pauvre de France métropolitaine “où une part élevée des habitants est noire ou d’origine nord-africaine.” Ici, “le nombre de contraventions pour infraction au confinement a été trois fois plus élevé que dans le reste du pays”, alors que selon les autorités locales “le respect des mesures de confinement y était semblable à ce qu’il était ailleurs en France”.

À Nice, plusieurs quartiers dont les habitants appartiennent majoritairement à la classe populaire et à des minorités ethniques ont été soumis à des couvre-feux plus longs que le reste de la ville.Amnesty International

Au Royaume-Uni, “la police londonienne a enregistré une augmentation de 22 % des opérations de fouille entre mars et avril 2020. Sur cette période, la part de personnes noires soumises à des fouilles a progressé de près d’un tiers”.

L’étude d’Amnesty International a été réalisée pendant le confinement et donc à distance, mais l’ONG “a vérifié 34 vidéos de toute l’Europe montrant des agents de police utiliser la force illégalement, alors qu’elle n’était souvent pas nécessaire”. Ces vidéos, partout en Europe, ont un point commun, note Nicolas Krameyer, responsable du programme liberté pour Amnesty International France : “un grand nombre de vidéos montrant un usage illégal de la force par les forces de l’ordre, proviennent de quartiers défavorisés avec une population d’origine étrangère extrêmement forte”.

Une mère voulant protéger son fils handicapé reçoit un coup de matraque

Ainsi, dans une vidéo mise en ligne le 29 mars, deux agents des forces de l’ordre arrêtent un jeune homme, apparemment d’origine nord-africaine, dans une rue de Bilbao, en Espagne. Il ne semble pas représenter de menace, mais les policiers le poussent violemment et lui assènent un coup de matraque. Alors qu’ils le maintiennent contre un mur, les mains derrière le dos, sa mère arrive sur les lieux et informe les policiers que son fils est atteint de troubles mentaux. Elle reçoit alors un coup de matraque, avant d’être plaquée au sol par trois agents.

Amnesty International demande aux pays européens de réformer en profondeur les pratiques policières, en interdisant notamment l’emploi de la force sauf ultime recours et en mettant en place des statistiques pour étudier le racisme dans la police. Les 11 pays concernés par le rapport sont, outre la France, la Belgique, la Bulgarie, Chypre, l’Espagne, la Grèce, la Hongrie, l’Italie, la Roumanie, le Royaume-Uni, la Serbie et la Slovaquie.

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