Vu pour vous sur novethic.fr – La COP27 s’est ouverte dimanche 6 novembre à Charm-el-Cheikh, en Égypte. Pendant deux semaines, les pays du monde entier vont tenter d’accélérer la lutte contre le changement climatique, dans un contexte particulièrement difficile. Voici les cinq enjeux clés de ce nouveau sommet climatique international.

De l’aveu même du ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Shoukry, la COP27 s’annonce comme la plus difficile, “les chances d’obtenir un accord cette année étant bien plus réduites qu’à Paris en 2015 ou que l’an dernier à Glasgow”, explique-t-il. À la guerre en Ukraine, la crise énergétique, la crise alimentaire et un été apocalyptique qui joue les prolongations, viennent s’ajouter des tensions géopolitiques entre les États-Unis et la Chine, les deux principaux pays émetteurs de gaz à effet de serre. Pourtant, bien que la conférence de Charm-el-Cheikh pourrait être considérée comme une COP “de transition”, selon Lola Vallejo, directrice du programme climat de l’Iddri, “la présidence égyptienne n’étant pas censée avancer sur les étapes formelles du mécanisme d’ambition de l’accord de Paris”, des avancées sont attendues sur différents sujets que nous détaillons.

1) Créer un mécanisme de financement pour faire face aux pertes et dommages

Après plus de trente ans à être reléguée au second plan, la question des pertes et dommages est enfin au cœur des négociations formelles de la COP. Mais ce n’est pas pour autant que les pays historiquement opposés, États-Unis et Union européenne en tête, sont prêts à débloquer des financements dédiés aux pertes et dommages, qui désignent les impacts irréversibles liés au changement climatique. La France se dit ouverte sur le sujet mais elle n’est pas favorable à la création d’un nouveau fonds, qui ne serait pas la réponse la “plus efficace”.

L’Elysée explique vouloir privilégier la recherche de “solutions” concrètes “parce que l’argent existe déjà dans d’autres fonds”. Même son de cloche du côté des États-Unis qui soutiennent un “dialogue”, mais pas une “incitation explicite à une nouvelle aide ou un nouveau financement”. “Dans un contexte marqué par de fortes tensions internationales, par la multiplication des événements climatiques extrêmes et par les espoirs déçus des éditions précédentes, la réussite de la COP27 dépendra de la volonté des pays riches d’enfin assumer leur responsabilité à l’égard des États les plus vulnérables au changement climatique”, explique Guillaume Compain, chargé de plaidoyer climat-énergie chez Oxfam France.

2) Renforcer les objectifs nationaux de réduction des émissions

Dans le cadre du Pacte de Glasgow, adopté à la COP26, les pays ont été invités à “revoir et renforcer” leurs objectifs de réduction des émissions à 2030 (les “contributions déterminées au niveau national”, NDC). Jusqu’à présent, seuls 24 pays ont présenté des NDC actualisées, parmi lesquels l’Inde, l’Australie, l’Indonésie et l’Égypte. Selon une étude publiée par le WRI en amont du sommet, les engagements actuels ne permettraient de réduire les émissions de gaz à effet de serre que de 7% d’ici à 2030 contre un objectif de 43% pour rester sous la barre d’1,5°C de réchauffement. “Il semble vraiment que nous atteignions un peu un plateau”, estime Taryn Fransen, chercheur principal au WRI et auteur du rapport.

3) S’assurer que la promesse de financement climatique de 100 milliards de dollars sera tenue

En 2009, les pays développés se sont engagés à mobiliser 100 milliards de dollars par an à partir de 2020 en faveur des pays en développement pour soutenir leur action climatique. Selon l’OCDE, les pays développés n’avaient mobilisé que 83,3 milliards de dollars de financement climatique en 2020. L’objectif ne devrait être atteint qu’en 2023. Les pays se préparent également à définir un nouvel objectif de financement collectif qui entrera en vigueur après 2025, avec une série de dialogues en cours.

En parallèle, de nouvelles formes de financements émergent à l’instar du Just Energy Transition Project signé entre l’Afrique du Sud et la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni, les États-Unis et l’Union européenne pour mobiliser 8,5 milliards de dollars afin de soutenir une transition juste. Des travaux sur des accords similaires avec l’Inde, le Sénégal, le Vietnam et l’Indonésie sont en cours.

4) Intensifier le soutien à l’adaptation

Selon un nouveau rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), publié le 3 novembre, “les flux financiers internationaux pour l’adaptation aux changements climatiques dirigés vers les pays en développement sont 5 à 10 fois inférieurs aux besoins estimés, et l’écart continue de se creuser”. Les besoins annuels sont désormais estimés entre 160 et 340 milliards de dollars d’ici à 2030 et entre 315 et 565 milliards d’ici 2050. Or, les financements de l’adaptation ont atteint seulement 29 milliards de dollars en 2020. L’objectif est d’atteindre 40 milliards de dollars d’ici 2025.

5) Respecter les engagements pris à Glasgow

À Glasgow, les gouvernements et les acteurs non-étatiques ont pris un certain nombre d’engagements concernant la réduction des émissions de méthane (Global Methane Pledge), la déforestation, l’accélération de l’élimination du charbon ou encore la fin des subventions aux combustibles fossiles, pour n’en citer que quelques-uns. Mais ces promesses doivent se traduire par des actions concrètes.

Le groupe de réflexion Ember Climate estime ainsi que les gouvernements européens dépenseront plus de 48 milliards de dollars cet hiver pour l’extension ou la création de nouvelles infrastructures d’énergies fossiles. De plus, la Chine a approuvé de nouvelles mines de charbon et le Royaume-Uni a annoncé de nouvelles licences pétrolières et gazières en mer du Nord. En 2021, les subventions mondiales aux combustibles fossiles ont presque doublé par rapport aux niveaux de 2020. Et selon le WRI, seuls 15 des 119 pays qui ont signé un Global Methane Pledge incluent un objectif spécifique et quantifié de réduction du méthane dans leurs NDC.

Concepcion Alvarez @conce1

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