Coronavirus :
« il faudra attendre les tests sérologiques pour un dépistage généralisé »

Le docteur Jérôme Viguier, directeur général de l’ARS Martinique a fait le point sur l’épidémie de coronavirus, la question du dépistage massif de la population, le port du masque dans un Interview accordé au journal France-Antilles.
Il en ressort que l’augmentation du nombre de nouveaux cas Covid-19 est modérée, mais le nombre de patients contaminés est plus important, une surveillance dite syndromique, c’est à dire avec une évaluation des cas suspectés devant des symptômes compatibles avec l’infection par le coronavirus, a été mise en place, qui permettra d’avoir une vue plus complète de la diffusion de l’épidémie.

On constate une diminution du nombre de nouveaux cas sur le territoire. Par contre, on doit rester extrêmement vigilant car nous il n’y a ucune certitude sur l’évolution du phénomène.
Les cas qui se sont révélés au début de la période du confinement s’étaient contaminés avant l’instauration de celui-ci. Il y a la période d’incubation et il faut environ une semaine pour que les symptômes apparaissent.
Mais au bout de 15 jours, les effets du confinement commencent à être visibles, le nombre de nouveaux cas constatés testés positifs, le nombre de personnes admises en réanimation, ont diminué. Le confinement participe à la diminution de la transmission du virus et donc à la survenue des cas graves.
Qui est testé ?
Ce sont les cibles prioritaires avec le test actuellement disponible: les malades présentant d’emblée des formes sévères, les personnes fragiles qui présentent les symptômes évocateurs de Covid 19 et qui sont les plus à risque de développer les formes graves comme les drépanocytaires qui sont nombreux en Martinique, les résidents (et le personnel) des EHPADs en cas de suspicion.
On teste les personnes hospitalisées qui présentent des symptômes évocateurs.
. Il y a aussi les femmes enceintes qui sont des personnes fragiles, car pendant la grossesse toute pathologie respiratoire grave est compliquée. Les donneurs d’organe, de tissu, de cellules souches…. Peuvent aussi être testés. Et puis, les professionnels de santé dès l’apparition de symptômes évocateurs.
Lés méthodes de dépistage utilisées ?
Le test utilisé est la PCR (polymerase chain reaction) pour rechercher le virus lui-même sur les personnes qui ont des signes compatibles avec le Covid-19. Il se fait à l’aide d’un écouvillon que l’on met dans le nez. L’échantillon est ensuite analysé par un laboratoire. C’est une technique assez lourde, longue et complexe. Le scanner thoracique peut aussi être utile dans le diagnostic, mais pas en dépistage.
Pour augmenter significativement la capacité de test PCR de recherche de virus en Martinique, les médecins généralistes vont avoir un accès facilité à la prescription qui était initialement hospitalière.
Le conseil scientifique local est mobilisé pour faire des propositions au fur et à mesure que le potentiel de tests des laboratoires augmentera pour pouvoir tester encore plus de personnes et identifier les nouvelles indications. Initialement réalisée uniquement au CHUM, cette technique sera bientôt disponible dans les deux groupes de laboratoire de biologie médicale privés et une réflexion est en cours pour le laboratoire territorial d’analyse.
De son côté, le CHUM va voir son potentiel augmenter significativement avec un second automate. Un troisième est annoncé par le Ministère de la santé. Ce seront alors plusieurs centaines de tests quotidiens qui pourront être réalisés.
Mais les experts s’entendent pour dire que le test PCR qui est d’une technicité assez complexe et relativement longue en termes de résultats ne correspond pas à un test de dépistage massif de l’ensemble de la population. De plus, le test est peu performant chez les personnes qui n’ont pas de symptôme.
Mais les nouveaux tests qui vont être mis à disposition permettront de pallier à cette situation.
Il y a plusieurs autres types de tests qui sont actuellement en évaluation, et qui devraient être assez rapidement disponibles. Les tests sérologiques seront les plus adaptés pour un dépistage généralisé, ceux-ci étant capables de rechercher des anticorps qui permettront de voir le statut de la personne vis à vis de l’infection par Covid 19. Certains de ces tests existent en format de tests rapides permettant un résultat en quelques minutes avec une goutte de sang. Mais les tests disponibles sont de qualité très inégale et ils nécessitent une évaluation rigoureuse avant leur utilisation, évaluation qui est en cours.

Un collectif de médecins et chercheurs martiniquais est mobilisé pour cela
Il y a beaucoup de réflexions en cours et de gens mobilisés sur les différentes stratégies de test, de circuit de prise en charge, de gestion des cas de Covid 19.
Le comité scientifique national a été lui aussi mobilisé pour réfléchir à la spécificité de l’épidémie dans les Outre-mer et un comité scientifique local mis en place faire des propositions spécifiques à la Martinique, de manière à affiner les modalités de tests sur la Martinique.
Il est actuellement trop tôt pour parler de déconfinement. La situation des différents territoires en regard de l’épidémie est assez différente et cette composante devra bien entendu être prise en compte. Le déconfinement répondra à plusieurs contingences dont l’existence d’un traitement reconnu comme efficace et d’une stratégie de test adaptée. Il y a encore un certain nombre de questions scientifiques sur lesquelles il faut avancer. Actuellement, même si les réflexions sont en cours, le déconfinement n’est pas à l’ordre du jour de façon très proche.

Gels, masques.
La tension sur l’approvisionnement à destination des professionnels de santé s’est réduite, mais les quantités de masques disponibles nécessitent toujours une gestion très rigoureuse et une priorisation pour les soignants. Les besoins du CHU sont satisfaits et une distribution régulière faite aux professionnels de santé.
Les quantités proposées par le Ministère ont été dépassées en mobilisant les stocks dits stratégiques pour les cyclones, tremblements de terre à destination des professionnels de santé.
S’ajoutent un certain nombre de donateurs qui, ont permis d’avoir plus de masques pour les professionnels et établissements de santé de Martinique et un approvisionnement plutôt massif de gel, grâce à la mobilisation de l’industrie du rhum.
Sur les équipements de protection comme les surblouses, il a fallu faire appel à toutes les ressources disponibles sur l’ile en équipements de protection, et chercher de nouveaux fournisseurs. Des réflexions ont été menées avec des industriels locaux afin d’identifier des circuits de fournitures et d’acheminement de ces équipements. Des solutions alternatives ont été développées avec la fabrication de surblouses en tissu mobilisant des artisans locaux.

La priorité a été d’équiper en masques les personnes en contact avec les malades
ou les personnes âgées.
Pour les personnes qui n’était pas en contact direct et spécifiquement exposée Il n’y avait pas de préconisation du port de masque dans la population qui n’était pas exposées, l’accent était mis sur le respect des règles de distanciation et des gestes barrière.
Lés masques alternatifs en tissus, à condition qu’ils respectent les normes permettant de confirmer leur efficacité, permettra de faciliter le port d’un masque. Il est d’ailleurs possible de fabriquer un masque efficace avec les nombreux tutoriels disponibles … Mais ce ne sont pas des masques qui doivent être utilisés pour les soignants qui sont en contact avec des personnes contaminées par le covid 19.

Le système de santé de la Martinique pour faire face à une potentielle vague de grande ampleur de covid-19, a mobilisé l’ensemble des établissements de santé en les mettant en plan Blanc. Le CHU a été identifié comme étant le principal établissement prenant en charge les patients atteints de covid-19. La clinique Saint-Paul la possibilité d’avoir plusieurs lits de soins intensifs, et les soins de suite à Sainte Marie pour la convalescence post Covid en appui du CHU.
Les anesthésistes réanimateurs sont pour certains aller en renfort au CHU et les infirmières de la clinique se sont formées auprès des équipes du CHU sur la spécificité de la prise en charge des patients atteints de Covid.
Plusieurs réunions d’interface ont eu lieu pour organiser cette coopération.

Il a été créé un comité de transparence sur la gestion des masques avec deux élus. Un comité territorial se réunit tous les jeudis avec les maires, les députés et sénateurs et la CTM. La conduite de la gestion de la crise a été comparable en Martinique que dans les régions confrontées aux mêmes modalités de l’épidémie.

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