Face à la crise sans précédent que traverse actuellement le secteur du bâtiment, Olivier Salleron, président de la Fédération Française du Bâtiment (FFB), principal syndicat du secteur qui représente plus de 50 000 entreprises, a tiré hier la sonnette d’alarme au micro de France Info. Il prévient que “300 000 salariés seront sur le carreau à la mi-2025 si rien n’est fait” pour enrayer cette spirale négative.

Incompréhension sur la baisse des aides à la rénovation

Sur les aides à la rénovation énergétique, Olivier Salleron n’a pas caché sa colère face à la décision du gouvernement de réduire de 1 milliard d’euros l’enveloppe dédiée à MaPrimeRénov’ en 2023, la ramenant de 3 à 2 milliards.

Selon lui, Bruno Le Maire aurait dû concerter au préalable les professionnels du secteur avant d’annoncer cette coupe budgétaire à la télévision. D’autant plus que le dispositif actuel est perfectible : sur les 3 milliards prévus en 2022, seulement 1,6 milliard ont été dépensés, en raison de complexités administratives.

Des discussions étaient justement en cours avec les ministres du Logement et de la Transition écologique la semaine précédente pour simplifier MaPrimeRénov’. La FFB se dit un partenaire “constructif” et cette annonce unilatérale a donc été très mal perçue par les 50 000 entreprises du secteur.

Effondrement historique de la construction de logements neufs

Concernant la construction neuve de logements, Olivier Salleron parle d'”une année cataclysmique en 2023 et 2024 qui s’annonce pas mieux”. Le nombre de permis de construire s’effondre, entraînant déjà des pertes sèches en termes d’activité et d’emplois.

Fin 2022, 10 000 emplois avaient été détruits. Et 90 000 suppressions sont attendues d’ici la fin 2023 ! La FFB évalue que sur les 1,6 million d’actifs du secteur, 300 000 risquent de perdre leur emploi d’ici mi-2025.

Cette situation catastrophique s’explique par la conjonction de plusieurs facteurs défavorables :

  • Forte hausse des prix des matériaux de construction (+20% à 25% du coût des logements)
  • Explosion des taux d’intérêt des crédits immobiliers, passés de 1% à 4% en quelques mois seulement
  • Suppression du Prêt à Taux Zéro pour l’accession à la propriété dans le neuf
  • Nouvelles normes de construction (RE2020)

Résultat : entre la hausse des prix et des crédits, les primo-accédants et les ménages aux revenus modestes et moyens ne peuvent plus acheter de logement neuf. Les ventes s’effondrent, entraînant mécaniquement une chute de l’activité des entreprises du bâtiment.

300 000 emplois menacés : appel à l’aide de l’État

Devant l’ampleur de la crise, Olivier Salleron appelle à une intervention rapide des pouvoirs publics, avant qu’il ne soit trop tard. Certes, une aide budgétaire, même limitée, sera nécessaire.

Mais il s’agit surtout de redonner confiance aux Français pour qu’ils investissent à nouveau dans l’immobilier, que ce soit pour de l’accession à la propriété ou de l’investissement locatif.

Des mesures ciblées pour aider les primo-accédants ou inciter fiscalement les investisseurs privés à louer des logements aux ménages modestes sont nécessaires de toute urgence.

Le président de la FFB veut croire à un rebond rapide du secteur, dès que les taux se stabiliseront et que l’État donnera un coup de pouce. En attendant, la FFB espère être entendue pour éviter une catastrophe sociale et économique majeure.

Partager.

Laissez votre commentaireAnnuler la réponse.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Exit mobile version