Bonjour Philippe Pied,

Erick Dédé a fait paraître un courrier pour défendre la position de Serge Letchimy sur le créole. Le texte est naïf et très maladroit et je n’en veux pas à monsieur Dédé. Tout le monde a le droit et le devoir de s’exprimer. C’est d’ailleurs de la perception de cette nécessité qu’est né chez les Romains la notion d’avocat, celui qui défend votre point de vue mieux que vous ne l’auriez fait.
Par contre, on ne peut défendre l’indéfendable, et une conviction personnelle n’est pas une vérité et elle doit être énoncée donc comme une conviction.  De plus, nous sommes nombreux (le nombre n’est pas non plus constitutif  d’une vérité) à nous étonner qu’on revienne sur une chose jugée : non le créole ne peut être une langue officielle. Par contre, il peut être enseigné au même titre que n’importe quelle langue régionale ou dialectale ou étrangère.. Or, devant la misère de l’offre linguistique en Martinique, l’enseignant public laïque que je reste toujours ne peut s’empêcher de protester. : Un îlien s’échappe justement parce qu’il est circonscrit et enfermé sur un lopin de terre. Cela fait de lui un explorateur, ce que nous avons été à l’époque de mes parents en Afrique. Au moment où le monde s’ouvre il nous faut proposer une multitude de langues pour permettre à n’importe lequel de nos enfants de s’installer n’importe où dans le monde. Au lieu de cela, on nous enferme.
Césaire a dit à Jean-Paul Brighelli (” La fabrique du crétin”) qui était venu à l’appel du SNES Martinique que je conduisais et de la FSU Martinique faire une conférence à l’université sur l’effondrement de l’école républicaine en France, avait rencontré Césaire qui lui avait confié, qu’il avait rencontré une maman à Basse-Point qui conduisait son enfant à l’école. Il lui avait demandé au cours de la conversation qui s’était engagée pourquoi elle ne l’inscrivait pas pour apprendre le créole. Sa réponse fusa : “je l’envoie à l’école pour qu’il apprenne ce qu’il ne sait pas ! “. On peut en discuter mais la plupart des parents utilisent l’école – comme à l’époque de Zobel et comme les Mahorais – pour permettre à leur enfant de sortir des difficultés en lui permettant de choisir un emploi mieux rémunéré que le leur. Est-ce choquant ? Doit-on les obliger à changer d’opinion ?
Je me suis donc permis de répondre à Erick Dédé avec peut-être la sévérité du professeur que j’étais mais surtout avec une sourde colère à l’encontre du président de l’exécutif de la CTM.
Je serai donc satisfait si cette réponse pouvait paraître dans Antilla. A sentir ce qui se passe sur le terrain, il semble que l’on s’agite beaucoup à la CTM et autour d’elle.
Je te souhaite une excellente semaine et te remercie du travail que tu fais pour maintenir une grande variété d’informations et de contribuer à la réflexion du public sur notre vie publique et politique en Martinique
Bien cordialement
Yvon
Y. JOSEPH-HENRI
0696 80 96 02

LIEN VERS LA TRIBUNE DE ERICK DEDE


https://antilla-martinique.com/reconnaissance-du-creole-en-martinique-pourquoi-serge-letchimy-a-t-il-raison-par-erick-dede/

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