Érick Dédé

Dans une tribune passionnée, écrite en français et en créole, Erick Dédé se penche sur la récente initiative de Serge Letchimy, président du Conseil exécutif de la Collectivité territoriale de Martinique, visant à officialiser la langue créole. Ce geste, soutenu unanimement par les politiques locaux, soulève des questions cruciales sur l’identité et la culture en Martinique. Découvrez pourquoi l’officialisation du créole pourrait être un tournant majeur pour la région, et pourquoi, selon Mr DÉDÉ, cela pourrait avoir des répercussions positives sur l’intelligentsia locale et l’identité culturelle.

Comment peut-on imaginer que Serge LETCHIMY et notre représentation politique locale, se soient trompés au  point de décider avec une unanimité remarquée, de demander que la langue créole ait un statut officiel, à l’instar de la langue française, comme vecteur d’identité culturelle.

Une évidence est que nous pensons instinctivement en langue créole, pour une traduction simultanée en français de nos joies ou de nos douleurs.

Ce puissant marqueur identitaire est en effet resté trop longtemps en position d’infériorité, alors que  son caractère vernaculaire aurait dû l’imposer, comme vecteur principal de communication dans un  milieu principalement créolophone.

Parions que nos grands écrivains, Césaire, Fanon, Glissant, Chamoiseau, Confiant, pour ne citer que  ceux-là, ont pu, grâce à la pensée créole et l’imaginaire qui lui est attachée, transcrire toutes les  charges émotionnelles distillées dans leurs écrits, même si l’expression reste française pour la  plupart.

A l’époque, la langue créole s’écrivait difficilement, alors  merci à tous ces travailleurs de l’ombre qui ont permis à notre langue créole d’être un formidable véhicule de transmission par l’écriture. Cette langue a été créée instinctivement par le choc des civilisations, à l’instar de la langue Wolof  qui elle aussi est une forme de “créole”, comme bien d’autres.
En fait, nous sommes formatés pour parler les langues européennes, et nous nous sommes bien adaptés au double exercice. ” Ressentir, Traduire “.
Nul doute qu’officialiser le créole, ne peut avoir que des répercutions positives sur le développement de notre « intelligencia ».

Aujourd’hui, bon nombre d’hexagonaux s’adonnent à l’apprentissage de cette belle langue créole, simplement pour mieux ressentir et se familiariser à notre mode de vie.
Et c’est ainsi que comme d’habitude, nous nous dépêcherons de réagir afin de combler notre retard permanent de nous-mêmes sur nous-mêmes.
En fait, c’est une des conséquences d’un formatage imposé, et psychologiquement mal assumé.

Écrire et parler français, c’est bien.

Écrire et parler le créole et le français, c’est mieux,

le mieux n’étant pas l’ennemi du bien en cette occurrence !!

Erick DEDE, le 27 Aout 2023


Kouman yo pé lé fè nou kwè ki Serge LETCHIMY ek tout lé zot fanmiy-politik matinik ka twonpé kò-yo lè yo ka pran an désizion kon an sel moun di mété an estati ofisiel ba lang kréyol-nou kantékant épi lang fransé. Sé an bel manniè vansé anlè lidentité-kiltirel nou.

Sa nou pou sav, sé ki an tout manniè, nou ka kabéché an lang nou kréyol pou nou palé fransé. An vérité man ka di sa, ki sé swa plézi oben lapenn.

Lafos-mato idantité taha séré jik jòdi an fondok sentiman-nou adan an plas anba fransé, alos ki konm i fèt isi-a, pa nou, pou nou, pou sèvi nou di sel palé kréyolofòn.

Fok nou konprann, ki an tout manniè, lé gran majò kon Césaire, Fanon, Glissant, Chamoiseau, Confiant épi dot, travay, pansé ek imajiné kréyol pou yo swé puisans risanti-yo an lang fransé.

Ni an tan, sa pa té fasil matjé lang kréyol, alos man ka di woulo bravo pou tout manmay ki pòté fos lékriti-a pou lang la monté pli wo.

Tibren listwa : Kréyol fet adan an brital violans, lè sivilizasion fransé jwenn ek sivilizasion awawak épi afritjen. Lang wolof fet konsa kon an patjé dot.

Pou bien komprann mwen, yo fè lékol fransé ba nou, pou yo. Konm nou bon, nou fè kò-nou épi sa : senti’y an kréyol, épi di’y an fransé.

Mété kréyol an plas-li, kantékant ek fransé , sé fè dé pa douvan pou ich-nou dévlopé kò-yo pli fasilman pou toutbon.

Jòdi-a, tibren fransé lakarayib Ki ka viv lot bò, ka sanblé pou aprann kréyol-yo ek formé ich-yo a risanti fos-tala.

An atandan, si nou pa fè atansion, nou pé ké tadé pran lakous-kouri, pou bouché pwop rita-nou.

Pa dig, sé ankò rézilta an fòmataj yo ba nou, ki nou pa valé bien.

Manmay man ka di zot:

Palé ek matjé fransé pa mové.

Palé ek matjé kréyol épi fransé pi bon ba nou.

Yonn pa ka déranjé lot.

Erick DEDE, le 27 Aout 2023

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Un commentaire

  1. Ce puissant marqueur identitaire?? La langue créole est parler dans d’antres Iles, alors quel identité qu’on parle?? Le créole est en effet resté trop longtemps en position d’infériorité?? Il faut savoir faire la différence et ne pas confondre le nègre inférieur et la langue créole.

    Césaire, Fanon, Glissant, Chamoiseau, Confiant, ont utilisé le créole avec intelligence, Mais malheureusement, c’est pas donné à tous le monde.

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