de Livie PIERRE-CHARLES

Chaque rentrée scolaire s’accompagne d’innovations plus ou moins pérennes.

Celle de cette année porte – et pas uniquement – sur le dédoublement de l’effectif des cours préparatoires en zone d’éducation prioritaire. Il est aisé de deviner les fondements philosophiques de ce dossier que le Président de la République a confié à son Ministre Mr Jean-Michel BLANQUER. Se porter au secours des recalés du système éducatif dont le pourcentage est intolérable : entre 20 et 25 % d’élèves arrivant en 6ème ne sachant pas lire. Cette mesure relève de toute évidence d’un profond humanisme à porter au crédit du Président de la République. Elle peut également porter le nom de discrimination positive consistant à donner plus à ceux qui en ont le moins ; une manière de lutter contre les effets néfastes d’un égalitarisme nocif parce qu’aveugle. Mais cette misère portera-t-elle à elle seule les améliorations attendues ? Les milieux défavorisés auxquels elle est appelée à s’appliquer ont déjà fait l’objet d’études sérieuses. On y a découvert, dans la plupart des cas, des familles ravagées par l’impécuniosité en raison du chômage chronique ; par la violence, le manque d’amour, à l’alcoolisme et autres addictions etc. … etc. … Autant d’éléments qui forment un terreau sur lequel poussent les difficultés que rencontrent les petits écoliers, sans parler des « visiteurs du soir » qui par leur présence perturbent les jeunes enfants des familles monoparentales. On peut douter, dans pareil cas, que le dédoublement de l’effectif au CP suffise à anéantir ou du moins atténuer tous les handicaps. Peut-être faudrait-il chercher ailleurs d’autres moyens, d’autres dispositifs complémentaires susceptibles d’aider et de motiver les familles dans l’accomplissement de leur mission éducative afin de les rendre plus « éducogènes ». Certes, l’on peut penser que cette action serait à confier à des associations du style « école des parents ». Mais leur efficacité peut être mise en doute, vu le nombre d’élèves « décrocheurs », ne sachant pas lire à ce jour. La volonté du président de la République d’accroître l’efficacité au CP est par conséquent à souligner. Toutefois, ce dispositif de dédoublement mis en place gagnerait à être complété -au niveau de la cellule familiale – par un autre, mettant en synergie : – Les assistantes sociales, fréquemment témoins des dysfonctionnements familiaux. – Les collectivités locales. – Des associations agréées, spécialisées dans la gestion des relations humaines et la communication adultes-enfants. – L’ETAT par la formation professionnelle des enseignants (initiale et continue) A cet égard, les anciennes Ecoles Normales ont remarquablement rempli leur mission, ce qui a fait de l’école française le véritable ascenseur social. Y recourir serait le meilleur moyen d’éradiquer entre autres les ravages causés par la méthode globale en lecture. – Les familles elles-mêmes par le biais ou pas, de leurs associations. Cette action pourrait être entreprise, dans un premier temps à titre expérimental, sous le régime du volontariat, avant d’être institutionnalisée au vu des résultats obtenus. Et pour compléter l’édifice, une véritable politique du plaisir de lire (associant musique et arts plastiques) serait à mettre en place à l’intention de la petite enfance. Toutes ces suggestions reposent sur le constat que l’école d’aujourd’hui ne peut plus se défendre et progresser toute seule. Elle devrait pouvoir avoir recours à des instances extérieures pour accroître ses performances. Nous avons changé d’époque. Nous ne vivons plus au temps de Jules FERRY qui n’avait pas comme priorité l’exploration psychologique de la cellule familiale, base arrière de son action qui doit tendre vers une plus grande efficacité.

Livie PIERRE-CHARLES

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