Monsieur le représentant du Préfet de Martinique,

Mesdames et messieurs les députés,

Madame la Sénatrice et messieurs les Sénateurs,

Monsieur le Maire de la Ville de Fort-de-France,

Mesdames et messieurs les Maires,

Mesdames et messieurs les présidents des Communautés d’agglomération,

Messieurs les Présidents de Chambres consulaires,

Mesdames et messieurs les nouveaux membres élus de l’Assemblée de Martinique, chers collègues,

Mesdames, Messieurs en vos grades, qualités et fonctions,

Martiniquaises, Martiniquais,

Chers Amis,

C’est avec humilité et un profond sens des responsabilités qui m’incombent que j’accède ce jour à la présidence du Conseil exécutif de la Collectivité territoriale de Martinique.

Aux 132 843 électrices et électeurs qui se sont exprimés ce vendredi 27 juin 2021 et aux 50 104 électrices et électeurs dont les suffrages se sont portés sur la liste Alians Matinik, j’adresse mes plus vifs remerciements pour leur civisme et pour la confiance qu’ils nous ont accordée.

Je salue les résultats des listes menées par Alfred MARIE-JEANNE, Catherine CONCONNE et Jean-Philippe NILOR ainsi que toutes celles non- représentées au second tour de ces élections. Je salue la présence parmi nous de Béatrice BELLAY, de Philippe JOCK, de Philippe PETIT, de Guy FERDINAND, des représentants de Max ORVILLE et de Ralph MONPLAISIR.

Leur engagement et leur candidature sont à saluer.

Nous ne pouvons toutefois faire abstraction du niveau important d’abstention à ce temps électoral pourtant majeur pour notre démocratie locale. Ce phénomène doit nous interroger collectivement et nous impose des solutions pour réconcilier les Martiniquais avec le corps politique, au sein d’une démocratie représentative qui a montré ses limites.

Aujourd’hui est un grand moment pour la Martinique.

Mes premiers mots iront tout d’abord à l’ensemble des Martiniquaises et Martiniquais, pour leur dire que, durant le mandat qui s’annonce, nous serons, avec l’ensemble des Élus, au plus près de leurs préoccupations.

Je mesure pleinement le formidable élan d’espoir que nous avons partagé au cours de ces dernières semaines. Je mesure aussi les responsabilités qui sont désormais les nôtres.

Je salue l’ancien Président du Conseil exécutif, M. Alfred MARIE JEANNE qui a occupé des fonctions majeures dans le paysage politique de la Martinique. Je rends hommage à Claude LISE, pour son engagement au service des Martiniquais, malgré des moyens insuffisants. C’est aujourd’hui à notre équipe, à Monsieur Lucien SALIBER, nouveau Président de l’Assemblée et à moi-même, Président du Conseil Exécutif de relever les défis de la collectivitéterritorialedeMartinique,lesdéfisde notre pays qu’il nous est impossible de séparer des grands défis du monde.

Je salue chaleureusement le Bureau élu de l’Assemblée ainsi que les 8 nouveaux conseillers exécutifs de Martinique.

Je suis très heureux du choix démocratique de Lucien SALIBER en tant que Président d’Assemblée. Nous avons fait le choix d’un homme rigoureux, technicien des finances, un homme issu des terres intérieures de la Martinique, de son terroir, de sa biodiversité et de sa culture. Nou ay chèchéy an tchè péyi’a. Et puis, c’est un grand sportif !

Fort de son expérience, de sa solidité, de son pragmatisme, nous installerons ensemble un climat apaisé et serein, une stabilité propice au bon fonctionnement des instances de la CTM et en particulier de l’Assemblée de Martinique. Si la loi    du 27juillet 2011 encadre le fonctionnement des organes décisionnels que sont l’Assemblée et il nous appartient aujourd’hui de garantir et d’enrichir leur cohésion institutionnelle, et de mettre en  œuvre l’exigence d’unité et d’efficacité voulue par le peuple martiniquais en 2010 et mise en place en décembre 2015.

La Collectivité de Martinique a été pensée certes sous le prisme de la séparation des pouvoirs. Mais notre exigence et notre devoir c’est d’éviter le cloisonnement des organes exécutif et délibératif.

C’est d’ailleurs dans cette volonté d’un fonctionnement démocratique et serein que nous avions proposé dans notre programme d’octroyer un siège du conseil exécutif à un membre de l’opposition.

Mais nous avons décidé d’aller encore plus loin. Chaque mois, se tiendra une rencontre au sommet entre le bureau de l’Assemblée et le Conseil exécutif avec la participation des deux membres de l’opposition non représentés au bureau à la suite des élections au scrutin de liste, qui vient de se tenir. Cette proposition émane du programme de M. Jean-Philippe NILOR qui partage ce besoin de transparence démocratique.

Je propose de la retenir et de dénommer cet espace « la Conférence du dialogue permanent».

A chaque plénière, une heure sera consacrée en début de séance aux «Questions à l’Exécutif» (QAE) afin de favoriser l’échange entre les élus de l’Assemblée et les élus de l’Exécutif ;

Au moins une fois par mois, une rencontre de coordination entre le Président de l’Assemblée et le Pr. ésident du Conseil exécutif aura lieu, en présence de leurs collaborateurs ;

Lors des réunions plénières de l’Assemblée, la présence des membres du Conseil exécutif s’organisera en fonction de l’ordre du jour. Cette mesure est de nature à éviter que ne s’immiscent systématiquement dans les débats de l’Assemblée au cours des plénières. C’est ce que prévoit le cadre réglementaire, nous y souscrirons. Enfin,il appartient pleinement au Président  de l’Assemblée de fixer l’ordre du jour des séances en tenant compte des propositions et des priorités du Conseil exécutif. C’est bien à lui que revient cette responsabilité.

Toutes ces mesures ont vocation à permettre l’instauration d’un dialogue permanent, transversal, respectueux des fondements et de ce qu’il y a de plus précieux dans une société : son aptitude à faire dialoguer ses différences et sa diversité pour le déploiement démocratique d’une intelligence collective.

Oui, la démocratie est un combat de tous les jours. Il revient à chacun de nous, de la

faire vivre. Notre responsabilité, ici, dans cet hémicycle, à travers nos actions est d’instaurer, au sein de cet outil institutionnel que nous avons voulu, une gouvernance apaisée, réactive et agile, fondée sur une nouvelle culture démocratique. Il n’y a pas de développement sans démocratie comme il n’y a pas de progrès sans justice sociale.

C’est à nous de garantir au peuple Martiniquais, le cadre démocratique le plus exigeant et les mesures de justice sociale les plus performantes. Car, le pouvoir ne peut être ni confisqué, ni enfermé dans un quelconque endoctrinement. C’est pourquoi, nous restituerons à l’Assemblée de Martinique la plénitude de ses pouvoirs et tous les moyens nécessaires à un fonctionnement démocratique.

Dès lors Nous renforcerons les ressources humaines de l’Assemblée de Martinique (Pour mémoire, une assemblée telle que celle de la Corse (250 000 habitants) est dotée de 25 collaborateurs dont une dizaine de cadres A. Notre assemblée au service de 350 000 martiniquais ne peut fonctionner avec deux cadres A et un agent de catégorie B;

Nous doterons l’Assemblée d’un service de délibération et d’un budget conséquent et dédié ;

Nous mettrons également un service d’appui à la tenue de ses différentes commissions ;

Enfin, son Président disposera des moyens de décider de sa stratégie de formation et d’accompagnement des élus. Il s’agira de l’affirmer dans son rôle d’ordonnateur secondaire qui lui permettra de gérer avec son questeur le budget de l’Assemblée.

Pour réussir à la fois l’apaisement et l’efficacité, il nous faut éviter d’organiser le pouvoir de manière pyramidale tout en veillant à nous doter des mécanismes de contrôle utiles à sa fiabilité juridique et financière.

Notre assemblée doit être un espace démocratique de débats et d’échanges cordiaux, de transparence fonctionnelle rigoureuse, et d’actes parfaitement sécurisés. D’ailleurs, un premier état des lieux avec les services montre que les conditions de publicité des procès-verbaux consignant les décisions de l’Assemblée doivent être impérativement améliorées. C’est une obligation légale et morale de transparence envers la population, les forces actives de notre société, les syndicats et les associations.

A titre d’exemple, l’ensemble des procès-verbaux de 2016 et 2017 n’est pas signé à ce jour. 19 PV, soit plus d’un millier de décisions sont aujourd’hui fragilisées dans leur exécution. Une solution immédiate devra être trouvée non seulement pour assurer la sécurité pénale des présidents mais également pour sécuriser l’exécution des décisions.

L’ensemble de l’action de la collectivité territoriale doit se faire dans un cadre plus respectueux et sécurisé pour tous, élus et administratifs.

C’est mon objectif et mon état d’esprit : ni revanche, ni vengeance mais lucidité et intransigeance.

D’ailleurs, pour qu’il n’y ait aucune ambiguïté et une fois pour toute, je veux sortir des polémiques stériles et obsessionnelles, notamment sur les sujets budgétaires du passé, qui ne sont que des prétextes pour se détourner des véritables enjeux qui intéressent nos compatriotes.

L’essentiel est de s’occuper du quotidien des Martiniquaises et des Martiniquais.

La campagne est terminée.

Je veux maintenant m’adresser au personnel de la Collectivité. D’abord, j’adresse mes sincères remerciements à tous les services et agents impliqués dans l’organisation de la séance d’investiture d’aujourd’hui.

Je tiens à saluer le dévouement et l’implication de tous les agents. Je connais leur fierté de travailler au service de leur pays. Il est temps pour nous de créer une véritable cohésion et unité dans l’action de l’administration. Seule la mobilisation de chacune et de chacun nous permettra d’y parvenir.

A vous tous, je souhaite renouveler ma confiance et vous assurer d’un climat de travail apaisé, dans le respect, l’attention et le dialogue.

Les représentations syndicales sont présentes aujourd’hui et je tiens à les saluer.

Je souhaite qu’un véritable dialogue social s’instaure au sein de la collectivité territoriale de Martinique, pour parvenir rapidement à établir un organigramme fiable et concerté, détaillé et nominatif, dans une dynamique de projet, adapté aux enjeux et aux défis de notre pays. J’aurai à cœur le respect des droits des agents dans un système de valeurs et d’éthiques partagées, valorisant pour tous. C’est seulement ainsi que nous développerons ensemble des conditions de travail respectueuses de l’humain, et un service public de qualité.

Je veux à présent m’adresser à toutes les Martiniquaises et à tous les Martiniquais.

A nos aînés qui souffrent trop souvent du sentiment d’abandon,nous prenons l’engagement de créer les conditions d’un accompagnement respectueux de votre dignité et du bien-vieillir à la Martinique ;

Aux forces vives de notre pays qui portent de puissantes ambitions pour notre économie, à ceux et celles qui animent et font vivre nos filières au quotidien, nous voulons porter avec vous le projet d’une dynamique nouvelle de création et d’innovation, notamment dans les filières du numérique, de l’économie bleue, de la transition écologique et énergétique, du tourisme, de la transformation agricole ou encore de la valorisation de notre biodiversité ; A ceux et celles de nos compatriotes qui ont subi l’aggravation des inégalités, nous disons que cette situation est inacceptable et que notre modèle de développement est celui de la justice sociale, de l’équité, du bien-être de chacun. Aussi, nous devons tout faire pour améliorer le pouvoir d’achat notamment des plus démunis face à un prix de l’essence, de la bouteille de gaz et de tous ces biens communs du quotidien (eau, aliments et énergie) qui demeurent bien trop élevés ;

Aux associations culturelles, aux associations de personnes handicapées et en perte d’autonomie, à leurs aidants, à nos clubs sportifs, à nos associations de quartiers qui font vivre le lien social au quotidien, vous nous trouverez à vos côtés ;

A notre jeunesse en situation de précarité et sans vision d’avenir, j’ai entendu votre message. Nous mettrons en œuvre des mesures fortes parmi lesquelles la création d’un minimum Jeunesse Émancipation-Initiative pour ceux d’entre vous entre 18 et 25 ans qui ne bénéficient d’aucun soutien ou de dispositifs tels que les emplois aidés. Je crois en votre capacité d’innovation, à la lumière de votre génie, à votre capacité d’initier des projets porteurs de croissance pour notre pays.

Nous travaillerons dans un esprit d’ouverture avec la République, dans le cadre de notre statut actuel auquel les martiniquais sont attachés, dans le souci d’une capacité d’initiative renforcée, et d’une responsabilité assumée, tant individuelle que collective.

Nous serons tout aussi attentifs à cette géographie cordiale que constitue pour nous la Caraïbe, notamment la Guadeloupe et Saint-Martin, ainsi que les Amériques, plus particulièrement la Guyane, qui sont aussi des espaces potentiels de partenariats économiques, techniques et culturels.

 

Je tiens ici à saluer l’élection des Président Ary CHALUS et Gabriel SERVILLE. Des contacts sont d’ores et déjà en cours pour une rencontre au sommet le plus tôt possible.

Nous conforterons notre rayonnement et notre attractivité territoriale à travers cet enjeu fort de coopération.

Des dossiers urgents nous attendent et nous les prendrons à bras le corps :

Le problème de Séguineau devra être résolu très rapidement et au-delà, celui de l’eau sera un chantier majeur auquel nous devrons apporter des réponses concrètes en partenariat avec les EPCI ;

La relance de la politique culturelle et artistique est un impératif pour notre pays. La culture, l’art et le patrimoine sont les socles de notre identité, laquelle ne peut s’exprimer que dans sa vitalité créatrice autour de ses traditions tout autant que dans sa projection innovante vers le monde. Un pays dont la culture s’abîme est un pays qui se meurt ;

La réduction des délais et la simplification des modalités d’instruction des aides sociales seront une priorité, notamment l’Allocation Personnalisée d’Autonomie (APA) et la Prestation de Compensation du Handicap (PCH), afin d’atteindre progressivement l’automaticité au sein des dispositifs tels que les chèques eau et le Pass jeunes, le Pass culture, le Pass transport et le matériel numérique ;

La relance de notre économie déployée sur 24 mois devrait nous permettre de retrouver le chemin de l’investissement, en concertation avec les acteurs économiques de tous les secteurs d’abord celui du BTP, puis industriels, touristiques, économiques, commerciaux, agricoles, maritimes, culturels.

Nous mettrons en place un dispositif de dialogue permanent avec les acteurs économiques et sociaux afin d’assurer la cohérence de nos politiques de développement.

Le transfert des aides sociales aux CCAS dans un objectif de proximité dans les services rendus aux usagers sera rétabli ;

Nous créerons des antennes territoriales de la CTM réparties équitablement sur l’ensemble du territoire pour permettre un rapprochement des citoyens et de la collectivité, avec un réel suivi

de leurs démarches.

Vous l’aurez compris, la proximité, l’attention, l’écoute et la concertation se feront partout, avec toute la société martiniquaise. C’est pour cela que nous instaurerons des conseils citoyens déclinés territoire par territoire, permettant l’expression des terroirs et de la diversité de notre peuple.

La CTM sera l’outil de la revitalisation structurelle de notre territoire. Cela se fera par le perfectionnement et la modernisation de nos infrastructures de transport maritimes, routières, terrestres et numériques ; par la structuration de nos filières économiques; par l’accompagnement des dynamiques d’innovation, de digitalisation, de création artistique et par une politique de santé exigeante pour l’ensemble de la Martinique et plus spécifiquement dans le Nord, véritable désert médical.

Je l’affirme : la reconstruction et la modernisation des hôpitaux ce n’est pas seulement l’affaire de l’Etat. C’est aussi l’affaire de la Collectivité territoriale de Martinique, car c’est l’affaire des Martiniquais. La CTM devra donc y prendre toute sa part.

Cette revitalisation de notre territoire passera aussi par l’impulsion d’un véritable esprit de résilience sur le modèle de notre yole ronde unique au monde.

C’est en mobilisant les moyens de la collectivité et de ses partenaires que nous parviendrons enfin et surtout, à sortir nos compatriotes les plus précaires et notamment nos aînés, de l’extrême pauvreté que nous ne pouvons, tous ici, accepter.

Je mesure pleinement la charge importante dont nous avons la responsabilité. Les urgences sont cruciales. Les enjeux sont colossaux.

Et je mesure aussi les conséquences d’une inertie économique et sociale et d’un manque de vision.

Vous avez fait un choix : celui d’une vision, celui d’une équipe et celui d’un projet.

J’ai confiance en vous. J’ai confiance en nous.

Je crois en la Martinique.

Vous avez fait un choix : celui d’une vision,celui d’une équipe et celui d’un projet. J’ai confiance en vous.  J’ai confiance en nous

L’histoire de la Martinique a toujours été faites des moments d’ombres mais aussi d’éclats de lumière.

CONSCIENTS que nous devons trouver ENSEMBLE la lucidité et la force, au-delà de nos différences.

CONSCIENTS des conséquences de notre douloureuse histoire

CONSCIENTS des nécessaires SOLUTIONS RÉPARATRICES (je pense notamment au drame de la chlordécone)

Nous devons construire les bases d’une nouvelle démocratie économique, sociale et culturelle, permettant à tout un chacun de trouver sa place et de s’épanouir pleinement.

Je crois en la Martinique.

Je crois en notre capacité collective à nous « ceindre les reins comme de vaillants hommes », à inventer de nouvelles voies, à tenir gagné chaque pas, et à nous assurer une présence digne, responsable, créative, dans les mutations digne, responsable, créative, dans dans les mutations imprévisibles du monde.

Je vous remercie.

Serge LETCHIMY,

Président du Conseil Exécutif de la Collectivité Territoriale de Martinique

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