Par Frédéric Lafage, président de la Fédération Cinov sur lemondedelenergie.com

Le quinquennat qui s’achève aura été marqué par une multiplicité de crises – sociale, économique, sanitaire, géopolitique – et par l’aggravation de la situation environnementale. Pour faire face aux défis des cinq années à venir, le Président de la République devra se montrer plus que jamais ambitieux sur la question environnementale, et audacieux pour accompagner les Français fragilisés par les mutations numériques, économiques et sociétales, de plus en plus rapides et soudaines.

La sobriété n’est pas la dégradation de nos modes de vie

Alors que les dernières prédictions du GIEC nous laissent trois ans pour redresser la barre, le futur exécutif ne pourra concevoir, dans un délai si court, une action isolée ou se contenter de mesures cosmétiques. Nous devons agir plus vite, plus fort et collectivement.

Chaque jour, les acteurs économiques, qu’ils soient publics ou privés, s’appuient déjà sur l’expertise des entreprises dans les territoires pour concevoir leurs projets d’envergure : un hôpital, un écoquartier, une expérience culturelle, une solution de mobilité douce, une organisation d’entreprise ou encore un service numérique.

C’est pourquoi les TPE-PME de l’ingénierie, du conseil et du numérique sont en première ligne pour faire évoluer les usages et améliorer les façons de faire. Autrement dit, elles doivent aider les décideurs de terrain à changer de paradigme, à oser la sobriété.

Au niveau des collectivités locales, la sobriété se traduit par des choix simples, guidés par le bon sens : optimiser le taux d’usage d’un bâtimentplutôt que de les démultiplier, rapprocher les activités humaines pour recréer une vie de quartier et limiter nos trajets, décider de la coupure des éclairages nocturnes pour la tranquillité des riverains et celles des espèces.

Au-delà des gains énergétiques apportés, la sobriété n’est plus synonyme d’austérité, mais bel et bien un levier évident d’amélioration de la qualité de vie.

L’exemple d’une sobriété désirable et réaliste : la rénovation sensorielle globale

La politique de rénovation énergétique des bâtiments s’est fortement accélérée au cours du dernier quinquennat. Il convient de poursuivre ces efforts, et de tendre vers une rénovation sensorielle globale, c’est-à-dire une rénovation qui intègre la dimension acoustique, la qualité de l’air et le respect de la biodiversité.

Une telle définition de nos ambitions permettrait à chacun de se loger dans des conditions dignes et décentes, et de réaliser par ailleurs de substantielles économies – le bruit coûtant chaque année 150 milliards d’euros aux Français, et la mauvaise qualité de l’air 100 milliards. Une aberration à laquelle il faut mettre fin rapidement !

Une autre piste d’action consisterait à intégrer un accompagnement biodiversité à tout projet d’aménagement et de construction – notamment par la réalisation d’un diagnostic écologique afin de limiter la destruction ou la perturbation d’espèces végétales et animales.

Cette mesure, qui renforcerait l’harmonie entre les hommes et la nature, constitue la première étape pour atteindre l’objectif qui doit être celui du prochain gouvernement et de la société dans son ensemble : rendre la sobriété désirable, à tout le moins plus désirable qu’elle ne l’est aujourd’hui.

 Face à ces transitions à l’œuvre, qui sont autant d’opportunités pour l’avenir, il faudra au prochain président (ou à la prochaine présidente) de la République, ainsi qu’à son équipe, du courage pour rompre avec les habitudes, mais aussi la volonté de s’appuyer sur toutes les parties prenantes au sein des territoires.

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