C’est une “canicule d’hiver”. En Argentine, au Chili ou encore au Paraguay, le mercure atteint des records depuis plusieurs semaines, dépassant dans certaines localités les 39°C. Des températures particulièrement extrêmes pour la saison hivernale qui sont liées à la crise climatique et au phénomène El Niño, mettant en danger les ressources en eau de ces régions.

Alors que le mois de juillet est en passe de devenir le mois le plus chaud jamais mesuré au monde, en Amérique du Sud, en plein hiver, la canicule s’installe.

“Winter is disappearing”, “L’hiver est en train de disparaître”. Voilà comment l’expert du climat de l’Université de Santiago du Chili, Raul Cordero qualifie, auprès du journal britannique The Guardian, la vague de chaleur qui sévit depuis plusieurs semaines en Amérique du Sud. Cinq pays sont particulièrement touchés par cette canicule : le Paraguay, la Bolivie, le Brésil, l’Argentine et le Chili.

Dans ces régions, où les températures avoisinent plutôt les 15°C en hiver, le thermomètre a explosé les records. Dans la commune chilienne de Vicuña, sur la cordillère de la région de Coquimbo (centre), le mercure a atteint 37°C mardi 1er août. Il s’agit du chiffre le plus élevé depuis 1951. “Cela faisait plus de 70 ans que nous n’avions pas enregistré une telle température”, confirme à l’AFP Cristobal Torres, de la Direction météorologique du Chili. À Santiago, 450 km au sud, le thermomètre a affiché 24°C. Des températures très inhabituelles pour la saison. L’une des conséquences les plus graves est la fonte des glaces sur les montagnes chiliennes, car elles sont essentielles à l’approvisionnement en eau de la capitale.

“Cet évènement réécrit tous les livres climatiques”

Dans la capitale de l’Argentine voisine, Buenos Aires, les 30°C ont été dépassés mardi, soit le 1er août le plus chaud depuis le début des statistiques, selon le Service météorologique national. Le précédent record pour ce jour de l’année datait de 1942, avec 24,6°C. Durant le mois d’août, le mercure oscille normalement entre 9 et 18°C à Buenos Aires. En Uruguay, plusieurs villes ont passé la journée de mercredi sous 30°C.

“L’Amérique du Sud vit l’un des évènements les plus extrêmes que le monde ait jamais vu”, affirme sur Twitter le climatologue Maximiliano Herrera. “Des températures incroyables jusqu’à 38,9°C dans les régions des Andes chiliennes en plein hiver ! Bien plus que ce que l’Europe du Sud vient d’avoir au milieu de l’été à la même altitude : cet évènement réécrit tous les livres climatiques”.

Maisa Rojas, ministre de l’Environnement chilienne a expliqué que la situation actuelle résultait d’une “superposition de deux phénomènes : la tendance au réchauffement global dû au changement climatique, plus le phénomène El Niño”. El Niño se caractérise par une augmentation de la température des eaux, de 1,5 à 6 degrés au-dessus de la normale. Cela provoque des événements climatiques extrêmes: pluies diluviennes, inondations, avalanches, en plus des vagues de chaleur. “Pour autant, quand El Niño sera terminé, la situation météorologique mondiale devrait rester aussi extrême”, prévient la ministre, qui est aussi météorologue.

En avril dernier, une étude de The Lancet faisant le lien entre changement climatique et santé en Amérique du Sud a établi que le nombre de décès liés à la chaleur a augmenté de 160 % entre les périodes 2017-2021 et 2000-2004. Le Brésil et l’Argentine sont les deux pays les plus touchés en nombre de morts liés aux vagues de chaleur.

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