Le président américain, sous le feu des critiques, a donné sa deuxième conférence de presse depuis l’arrivée au pouvoir des talibans en Afghanistan, dimanche dernier. Il a tenté de rassurer sur l’évacuation des ressortissants américains et des « alliés afghans », tout en admettant ne pas pouvoir en prédire l’issue.

Le président des Etats-Unis s’est exprimé devant la presse pour la deuxième fois depuis l’arrivée au pouvoir des talibans dimanche. REUTERS/Elizabeth Frantz

Par Léonard Attal 

Le 20 août 2021 à 21h35, modifié le 20 août 2021 à 22h42

« C’est l’une des opérations d’évacuation les plus complexes de l’Histoire », a admis le locataire de la Maison Blanche, qui affronte cette semaine la première crise internationale de son mandat. Largement plébiscité aux États-Unis et outre-Atlantique pour sa gestion de l’épidémie et l’ampleur de son plan de relance, Joe Biden l’est beaucoup moins depuis sa décision d’accélérer le retour des militaires américains d’Afghanistan, prévu pour le 31 août. Depuis lundi, 6 000 soldats américains ont été déployés sur place pour permettre l’évacuation des ressortissants et des Afghans qui ont travaillé avec l’armée ou l’ambassade américaine. Le tout non sans difficultés.

Rassurer, mais prévoir le pire

Les conditions difficiles de l’évacuation de milliers de civils de Kaboul et les scènes de chaos qui ont fait le tour du monde ont poussé Joe Biden à prendre la parole devant les médias américains pour la deuxième fois en cinq jours. L’opposition lui reproche de ne pas avoir suffisamment anticipé la situation. Le 46e président s’est défendu en rappelant que « 13 000 personnes ont été évacuées depuis le 14 août », dont 7 000 dans la seule journée de jeudi. Depuis juillet, 18 000 personnes ont été évacuées. « Pour tous les ressortissants américains qui veulent rentrer chez eux, vous rentrerez chez vous », a voulu rassurer le président américain.

Mis en cause pour son manque d’efficacité et alors que les talibans contrôlent les zones autour de l’aéroport de Kaboul, Joe Biden a assuré avoir « expliqué aux talibans que tout obstacle à ces évacuations recevra des réponses très fermes, y compris pour les afghans emprisonnés ».

Si la confiance affichée du président Américain envers ses soldats pour mener ces opérations apparaît totale, il a toutefois admis ne pas pouvoir « promettre ce qu’en sera l’issue finale ». « Il y aura peut-être des pertes », a prévenu Joe Biden, appelant les Américains à prier pour la sécurité des soldats et des personnes encore sur place. D’autant que les militaires déployés n’hésitent pas à se mettre en danger. Le Pentagone a confirmé dans la soirée que des soldats américains sont sortis de l’aéroport de Kaboul pour récupérer 169 personnes dans la zone, pour la plupart des ressortissants. Peu de temps après, les évacuations américaines ont repris après plusieurs d’interruptions liées à une saturation des bases américaines dans la région, notamment au Qatar.

« Une fois que cette tâche sera terminée, nous finirons notre retrait d’Afghanistan »

En prévision du G7 de la semaine prochaine, la conférence de presse de ce vendredi soir a aussi permis à l’ancien sénateur du Delaware d’assurer que les difficultés à Kaboul n’affectaient pas la crédibilité des États-Unis sur la scène internationale. « Nos alliés dans le monde ne remettent pas en question notre crédibilité », a insisté Joe Biden, donnant pour preuve que les Américains ont contribué à l’évacuation de l’ambassade de France, « en assurant la surveillance du convoi français » sur le chemin de l’aéroport.

Enfin, Joe Biden a laissé la porte ouverte à un délai supplémentaire concernant la présence militaire en Afghanistan. Le départ des troupes est initialement prévu pour le 31 août, mais le président a déclaré que son armée avait encore « une mission à accomplir en Afghanistan ». « Une fois que cette tâche sera terminée, nous finirons notre retrait d’Afghanistan » promis de nouveau le président, rappelant que cette guerre avait coûté près de 1 000 milliards de dollars aux États-Unis en vingt ans. Les évacuations doivent se poursuivre dans les prochains jours et les Etats-Unis prévoient d’évacuer plus de 30 000 Américains et civils afghans.

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