Jusqu’au 25 juillet prochain La Pinacothèque, nouvel espace de la Fondation Clément, propose la deuxième édition du Marché d’Art, une exposition-vente collective présentant les œuvres de quarante artistes de Martinique et Guadeloupe. Les précisions de Florent Plasse, le directeur du patrimoine de ladite Fondation.

Antilla : De quoi s’agit-il dans les grandes lignes ?

Florent Plasse : Ce marché d’art réunit des artistes de Martinique et de Guadeloupe, et il s’agit principalement de peintures. Nous avons invité chaque artiste à présenter deux œuvres (soit près de 80 créations au total, ndr) qu’ils et elles ont choisies. Ce sont globalement des pièces assez récentes pour chaque artiste, et la vente est faite directement par les artistes : nous sommes juste le lieu de monstration. Cette année le Marché d’Art est visible dans notre nouveau bâtiment, La Pinacothèque, qui est très approprié pour cela : un seul et grand espace, d’environ 550 m2, pour tout le monde ; ce qui donne une dynamique plus intéressante et qui se prête bien aux grands formats.

La première édition de ce Marché d’Art, l’an dernier, avait-elle bien fonctionné ?

D’un point de vue strictement commercial beaucoup d’artistes ont vendu des pièces, et pour cette nouvelle édition il y a déjà pas mal de demandes de personnes qui voudraient réserver telle ou telle oeuvre. Et en termes de fréquentation ça intéresse beaucoup : au-delà du marché ça reste une exposition, donc on n’est pas obligé d’acheter pour apprécier l’événement. Les artistes qui exposent dans ce marché sont déjà bien établis ; nous les suivons depuis longtemps, voire certains depuis le début comme Hector Charpentier et Habdaphaï, et nous les avons, pour la plupart, déjà exposés en individuel ou en collectif. D’ailleurs le public aime bien retrouver des artistes qu’il connaît déjà, via des pièces nouvelles.

« Tout est bien parti pour que cela se renouvelle régulièrement… » 

Est-ce un événement annuel désormais ?

On l’a fait l’an dernier, on le fait cette année, donc tout est bien parti pour que cela se renouvelle régulièrement.

Ce marché présente des artistes établi.e.s, mais qu’en est-il des artistes émergent.e.s ? Y-a-t-il de nouveaux talents qui exposeront peut-être lors de futures éditions ?

Oui, il y a toute une génération d’artistes, de moins de 45 ans, qui émerge. Et ce sont des artistes avec lesquel.le.s nous serons certainement amenés à travailler, d’abord en collectif.

Propos recueillis par Mike Irasque

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Gilles Eugène alias Goodÿ, un « boulimique de créations »

Artiste guadeloupéen, Gilles Eugène (alias Goodÿ) a fait de l’art sa profession depuis une vingtaine d’années et est désormais un familier de la Fondation Clément (c’est ainsi la quatrième fois que ses œuvres y sont exposées). « Ce marché est important parce qu’il faut qu’on structure le marché de l’art en Guadeloupe et Martinique », assure ce solide gaillard, « structurer c’est-à-dire qu’il y ait des espaces dédiés à l’art. Et un marché de l’art est important car c’est le lieu de rencontre entre un artiste et les acheteurs potentiels. C’est donc très important d’avoir ce type de lieu (la Fondation Clément, ndr) chez nous ; c’est à la dimension du territoire tout en étant grand, parce qu’on peut y faire de belles choses. » Et de poursuivre : « Il faut qu’on se mobilise afin que l’extérieur – USA, Canada, Europe, etc. – vienne chez nous pour acheter nos œuvres. Il faut qu’on ait des lieux pour que les gens qui apprécient l’art de par le monde, aient des références en Martinique et en Guadeloupe. La Fondation Clément fait déjà ce boulot mais il faut d’autres lieux. D’ailleurs je milite beaucoup auprès des entreprises, partout où je passe, en leur disant de monter des clubs, des fondations, et d’acheter de l’art : c’est ça qui permet à l’artiste de continuer de travailler. » Peinture mais aussi dessin, sculpture, travail d’anciennes pièces d’usine, performances, infographie etc., les supports et matériaux de création de Gilles Eugène sont pluriel. « Mes limites ce sont les moyens dont je dispose », précise-t-il, « je suis un boulimique de création(s) mais j’ai eu des problèmes de santé – tendinites, etc. – donc j’ai dû m’arrêter durant un an et demi, sinon c’était l’opération. » Puis d’ajouter, dans le même souffle : « J’apprends à ne pas travailler mais je peins tout le temps, parce que je peins dans ma tête (sourire), je prépare les oeuvres dans ma tête, ensuite je peins. » Et Goodÿ de conclure en partageant sa vision de la création artistique : « J’ai choisi d’être artiste-plasticien car je suis un boulimique de connaissances. Je n’excelle en rien mais je peux parler de tout (sourire). » De la curiosité (insatiable) comme ferment de création. (MI)

 

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