« Sainte-Lucie démontre que, face à la vie chère, des mesures pragmatiques et solidaires peuvent alléger le fardeau économique des citoyens. »
La hausse des prix de l’alimentation est une problématique qui touche l’ensemble des territoires de la Caraïbe, et la Martinique n’y échappe pas. Cependant, si nos voisins saint-luciens font face aux mêmes défis économiques, leur manière d’y répondre diffère sur plusieurs aspects. C’est cette approche, mêlant réalisme et anticipation, que Jean-Yves Bonnaire met en lumière dans son analyse, que nous partageons aujourd’hui car elle nous semble particulièrement juste et éclairante.
Contrairement aux tensions sociales que nous avons connues en Martinique, avec des grèves et des blocages marquants, Sainte-Lucie a adopté une réponse plus structurée, cherchant à agir sur les revenus des consommateurs et sur la fiscalité des importations pour contenir la flambée des prix.
L’instauration d’un salaire minimum en août 2024 et la mise en place de mesures fiscales ciblées illustrent cette volonté politique de protéger les populations les plus vulnérables, sans pour autant se laisser entraîner dans des conflits avec les acteurs économiques.
Le contraste avec la Martinique est frappant : alors que nous cherchons encore les leviers internes les plus efficaces pour maîtriser l’inflation, Sainte-Lucie tente d’anticiper les menaces économiques à venir, notamment l’impact des tensions mondiales sur les coûts des produits importés. Cette approche proactive se traduit notamment par la création d’une “task force” dédiée à cette problématique dès février 2025.
Cette analyse nous invite à réfléchir à nos propres choix en matière de lutte contre la vie chère. Devons-nous repenser nos stratégies en nous inspirant de nos voisins caribéens, qui privilégient la solidarité et l’anticipation ? Il est essentiel de tirer des enseignements de ces expériences régionales si nous souhaitons construire une Caraïbe économiquement plus résiliente et prospère.
Nous vous invitons à découvrir l’analyse complète de Jean-Yves Bonnaire ci-dessous.
LUTTE CONTRE LA VIE CHÈRE A SAINTE-LUCIE, LE GOUVERNEMENT NE RESTE PAS INACTIF
La question des revenus des consommateurs est au cœur de la réponse que les décideurs politiques Saint-luciens tentent d’apporter face une situation bien plus catastrophique que celle que nous connaissons à la Martinique. Un salaire minimum a été institué par le Gouvernement Saint-lucien le 1er août 2024 et il a été fixé à 1126 EC$ par mois soit environ 330 euros. C’est un progrès considérable pour Sainte-Lucie qui avant cette date permettait aux employeurs de fixer les salaires à des niveaux que nous trouverions indécents.
Comme la Collectivité Territoriale de Martinique l’a fait, le Gouvernement saint-lucien a pris des mesures courageuses sur la fiscalité des importations permettant de baisser les prix de certains aliments de base.
Je n’ai pas trouvé trace d’attaques qui auraient été conduites à l’encontre des acteurs économiques de la distribution alimentaire de Sainte-Lucie. Il m’a été signalé par mes connaissances locales la journée de boycott du 2 novembre 2023 à l’encontre des magasins du groupe Massy.
Le 5 février dernier, la ministre du commerce de Sainte-Lucie, Emma Hyppolite annonçait la création d’une “task force” pour trouver des solutions à la probable augmentation des prix de l’alimentation en lien avec les guerres économiques qui semblent accompagner le début de mandat du président Donald Trump. Pendant que certains recherchent par anticipation des solutions à des problématiques exogènes, nous continuons à rechercher prioritairement des solutions internes très incertaines.
Les choix que nous faisons à la Martinique interpellent nos voisins avec qui nous disons vouloir construire une Caraïbe plus prospère en multipliant les échanges commerciaux. Je ne dis pas que nos voisins ne s’adonnent pas aussi à des guerres intestines de temps en temps, mais ils ont depuis longtemps appris à se serrer les coudes face à des menaces extérieures bien réelles.
Notre capacité à intégrer les bases de la culture caribéenne dictera la vitesse à laquelle nous pouvons espérer rejoindre le train en marche. Pour le moment, je ne suis pas sûr que nous agissions exactement comme nos frères caribéens agissent dans la difficulté.
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La réponse qui est apportée me semble basée sur une forme de réalisme et le pragmatisme. Cette quête collective n’a pas, comme chez nous, entraîné de mouvements sociaux. Il y a eu des conflits sociaux liés à des revendications salariales dans certaines entreprises, mais rien de comparable à ce que nous avons vécu à la Martinique au cours du 4ème trimestre 2024.