…aider les associations ultramarines à mieux accompagner encore les familles »

Le Président Joël Jaouen accompagné d’une délégation de la direction de France Alzheimer était ce vendredi 14 à la Martinique au siège du Crédit AGricole. En plus d’un état des lieux de la prise en charge des malades, il souhaite construire avec les acteurs de la santé sur nos territoires, un véritable plaidoyer pour l’optimisation des mesures d’accompagnement des aidants familiaux. Vous trouverez ici interviews de Mr Jaouen puis de M. Michel Ponnamah, président de Alzheimer Martinique. Philippe Pied

Rencontre avec Joël Jaouen, président de l’association France Alzheimer

Joël Jaouen, le président de l’association France Alzheimer, lors de sa visite en Martinique nous parle de son engagement en tant qu’ancien aidant, de sa mission au sein de l’association et des avancées de la recherche sur la maladie d’Alzheimer. Il souligne l’importance d’adapter les actions de l’association aux spécificités de chaque territoire et insiste sur le rôle crucial de la recherche pour trouver des solutions à la maladie d’Alzheimer.

Pouvez-vous vous présenter ?

Je m’appelle Joël Jaouen, je suis breton et je suis avant tout un ancien aidant. Je me suis engagé bénévolement dans l’association France Alzheimer après le décès de mon père.

Quelle est votre mission ici en Martinique et quelles sont les actions de l’association France Alzheimer sur le territoire français et en Martinique ?

Je viens en immersion sur le terrain afin de connaître les problématiques et les besoins spécifiques de chaque territoire.

En nous rendant sur place en Guadeloupe, en Martinique et en Guyane, nous voulons savoir comment nous pouvons aider les associations ultramarines à mieux accompagner encore les familles, et comment nous pouvons mieux encore porter la voix de ces familles. Nous alertons depuis des années sur les insuffisances criantes dans ces territoires, en matière de prise en soins et d’accompagnement des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ou d’une maladie apparentée, ainsi que de leurs proches aidants. Les besoins des familles sont énormes. Les pouvoirs publics y répondent-ils aujourd’hui ? Ont-ils anticipé la situation de demain ? Pour nous, il s’agit d’un enjeu majeur de santé publique.”

L’association France Alzheimer poursuit son engagement en finançant la recherche et en soutenant les aidants et les patients sur tout le territoire français et dans les territoires d’outre-mer.

Quels sont les leviers financiers dont dispose l’association ?

Nous ne vivons que de dons et ne recevons de l’argent public que pour financer la formation des aidants, à hauteur de 80%. Nous finançons également la recherche sur la maladie d’Alzheimer et avons pour objectif de récolter entre un et deux millions d’euros chaque année.

Quelles sont les dernières avancées de la recherche ?

Aujourd’hui, la recherche cherche, mais la solution viendra de la recherche. Nous avons un conseil scientifique interne qui finance des jeunes chercheurs et nous travaillons sur la création d’un fonds de dotation pour créer une cohorte unique au monde, qui observera les conséquences de la maladie sur le malade, les proches et l’entourage.


Rencontre avec Michel Ponnamah, président de l’association Alzheimer Martinique

La formation des aidants et des aides ménagers est essentielle pour améliorer la prise en charge des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer à la Martinique. »

Lors de cette réunion, nous avons questionné Monsieur Michel Ponnamah, président de l’association Alzheimer Martinique qui compte environ 180 adhérents. Il nous parle de la création de l’association, de son fonctionnement et des défis spécifiques auxquels elle fait face sur l’île.

Depuis quand l’association Alzheimer Martinique existe-t-elle et quel est son rôle ?

L’association a été créée en novembre 2011 et a intégré l’union nationale en 2012. Notre mission est d’accompagner les aidants, de les former et de sensibiliser le grand public à la maladie d’Alzheimer. Nous travaillons en collaboration avec les municipalités ou des associations qui nous en font la demande.

Quels sont les avantages de faire partie d’un réseau national comme l’union Alzheimer France ?

Le réseau nous permet de bénéficier de l’expérience et des acquis de 101 associations départementales. Il nous offre également un soutien technique et financier, ainsi que des opportunités de formation pour notre personnel et notre équipe.

L’association Alzheimer Martinique vise à convaincre les partenaires publics de mettre en place des politiques de soutien adaptées pour réduire la souffrance des personnes atteintes de la maladie et de leurs aidants. »

Quelle est la problématique spécifique à la Martinique en ce qui concerne la maladie d’Alzheimer ?

Il y a environ 8 700 à 9 000 personnes atteintes de la maladie sur l’île. La plupart d’entre elles sont prises en charge par leurs familles, souvent par un parent qui a d’autres responsabilités. Notre objectif est d’aider ces personnes et de convaincre les partenaires publics de mettre en place des politiques de soutien adaptées.

Êtes-vous financièrement soutenu par des organismes locaux comme l’ARS, la Sécurité sociale Martinique, la CAF ou la CTM ?

Nos ressources proviennent principalement de l’union nationale, qui est elle-même financée par la Caisse nationale de solidarité. Nous avons aussi des ressources provenant des cotisations, des dons ou des actions que nous menons. Certaines de nos actions sont financées sous forme de subventions, notamment par la CTM.

Quelles sont vos principales actions localement ?

Nos actions principales sont :

  • L’écoute interactive à travers des groupes de parole dans cinq communes (Lamentin, Le François, La trinité, Le Lorrain, St Pierre )
  • Le soutien psychologique, une permanence d’écoute au siège de l’association
  • La formation d’aidants familiaux afin de prévenir l’épuisement et rompre l’isolement,
  • Une veille documentaire,
  • Des réunions d’information, des conférences en partenariat avec des associations, des ccas ; de établissements scolaires, des clubs services et entreprises. Elle a recours aux expertises de médecins, psychologues, diététiciennes…
  • Un forum annuel à l’occasion de la journée internationale du 21 septembre consacrée à la lutte contre la maladie d’Alzheimer et apparentées.
  • Des actions d’animation en partenariat avec particulièrement les villes du Lamentin, le François, Le Gros Morne, St Pierre, Ducos, Bellefontaine, le Robert, signataires de la Charte ville-aidante–alzheimer.

Pensez-vous que la formation des aidants et des aides ménagers est importante dans la prise en charge des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ?

Oui, la formation des aidants est cruciale compte tenu du nombre de personnes confrontées au problème de la prise en charge du malade. Il est également important de former les aides ménagers et les aides-réactions, car la prise en charge de la personne nécessite une connaissance approfondie de ses comportements et de ses besoins.


Le vieillissement rapide de la population dans ces territoires forme une des préoccupations de l’association, l’âge étant le premier facteur de risque de la maladie d’Alzheimer ou d’une maladie apparentée. Le nombre de personnes dépendantes devrait ainsi doubler aux Antilles, d’après l’Agence nationale de la cohésion des territoires. Selon un rapport sénatorial datant de 2020, la part de la population des 60 ans et plus sera de 36% en Martinique et de 34 % en Guadeloupe en 2030, alors que la France hexagonale n’atteindra le taux de 33 % qu’en 2050. 

Autre élément inquiétant : la grande précarité, qui peut aggraver l’état de santé des personnes âgées. Selon les dernières données de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), 52,9% des habitants de Guyane, 34,5% de Guadeloupe et 27,4% de Martinique vivent sous le seuil de pauvreté, alors que la moyenne nationale est de 14,6%.

Ensuite, concernant les infrastructures, si la Martinique et la Guadeloupe ont une capacité et une activité hospitalières comparables à celles de la métropole, ce n’est pas le cas de la Guyane. S’agissant par exemple des soins de suite et de réadaptation (SSR, moyen séjour), la Guadeloupe et la Martinique disposent respectivement de 17 et 14 lits pour 10 000 habitants (16 en France métropolitaine), contre 5 pour la Guyane.

Les Drom-Com sont aussi touchés par la problématique des déserts médicaux. Selon un rapport de la Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques (Drees) sur la période 2015-2018, quand 5,7% de la France entière vivait en zone de sous-densité médicale, c’était le cas pour 17,5% des Guadeloupéens, 18% des Martiniquais et 44,2% des Guyanais.

L’association France alzheimer Martinique affiliée à l’Union France Alzheimer a été créée en novembre 2011 et poursuit les mêmes objectifs que  la centaine d’associations de l’Hexagone et des autres DROM : Accompagner les aidants  familiaux  de personnes atteintes de la maladie ;rendre plus inclusives.


 

 

 

Partager.

Laissez votre commentaireAnnuler la réponse.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Exit mobile version