Il est né le 20 juillet 1925 à Fort-de-France et est décédé, sous le nom d’Ibrahim Frantz Fanon, le 6 décembre 1961 à Bethesda dans un hôpital militaire de la banlieue de Washington aux États-Unis.

Diplômé de psychiatrie, il s’est impliqué dans la lutte pour l’indépendance de l’Algérie et dans un combat international tiers-mondiste. C’est certainement là, la raison qui fait que d’aucuns ont tendance à l’opposer à Aimé Césaire, ne retenant de ce dernier que « le moratoire »  au mot d’ordre  d’autonomie.
Les recherches de Fanon ont porté sur les conséquences psychologiques de la colonisation,  sur le colonisé et aussi le colon.  

En 1943, il s’engage aux côtés de son camarade Marcel Manville dans l’Armée française de la Libération après le ralliement des Antilles françaises au général de Gaulle. Il explique cette décision par le fait que « chaque fois que la liberté et la dignité de l’homme sont en question, nous sommes tous concernés, Blancs, Noirs ou jaunes ». 

Il est blessé au combat dans les Vosges, mais se rend compte de l’idéologie ambiante faite d’une certaine « discrimination ethnique », entre autres choses.

 Médaillé de l’armée, il obtient une bourse au titre d’ancien combattant et retourne faire des études de médecine en France,  il dirige le journal étudiant Tam-Tam et participe à des mobilisations anticolonialistes,  avec les Jeunesses communistes.
Il écrit alors «  Peau noire, masques blancs » et n’hésite plus,  dès lors,  à dénoncer le racisme et la « colonisation linguistique » persistant en Martinique. Et quant à pour la France, il dira : « le Sud américain est pour le nègre un doux pays à côté des cafés de Saint-Germain ».
En 1953, médecin-chef psychiatrique en Algérie il introduit des méthodes nouvelles adaptées  au contexte culturel des patients musulmans algériens. Il entreprend, une exploration des mythes et rites traditionnels de la culture algérienne et prend le contrepied de l’École algérienne de psychiatrie   qui décrivait l’algérien comme étant « Hâbleur, menteur, voleur et fainéant…un débile hystérique ;  sujet, de surcroît, à des impulsions homicides imprévisibles. » Pour Fanon, c’est la colonisation qui dépersonnalise, qui fait de l’homme colonisé un être « infantilisé, opprimé, rejeté, déshumanisé, acculturé, aliéné, propre à être pris en charge par l’autorité colonisatrice. »
« Pendant la colonisation, le colonisé n’arrête pas de se libérer entre neuf heures du soir et six heures du matin. Cette agressivité sédimentée dans ses muscles, le colonisé va d’abord la manifester contre les siens. C’est la période où les nègres se bouffent entre eux et où les policiers, les juges d’instruction ne savent plus où donner de la tête devant l’étonnante criminalité nord-africaine »
On évoque moins souvent  les découvertes psychiatriques révolutionnaires de Fanon
en milieu colonial pour privilégier son positionnement  politique aux côtés du FLN : en effet, dès le début de la guerre d’Algérie, en 1954, il s’engage auprès de la résistance nationaliste et noue des contacts avec certains officiers de l’Armée de libération nationale ainsi qu’avec la direction politique du FLN.

Finalement, Il remet sa démission de médecin-chef de l’hôpital de Blida-Joinville en novembre 1956 puis est expulsé d’Algérie en janvier 1957.
Dans  la foulée, Il rompt avec sa nationalité française optant pour celle d’algérien, rejoint le FLN à Tunis, où il collabore à l’organe central de presse du FLN, El Moudjahid comme spécialiste des problèmes de torture,  parce qu’il avait soigné plusieurs tortionnaires comme psychiatre à l’hôpital de Blida. En 1958, il se fait établir un passeport tunisien au nom d’Ibrahim Omar Fanon. En 1959, il fait partie de la délégation algérienne au congrès panafricain d’Accra ; il publie L’An V de la révolution algérienne publié par François Maspero. En mars 1960, il est nommé ambassadeur du Gouvernement provisoire de la République algérienne au Ghana. Il échappe durant cette période à plusieurs attentats au Maroc et en Italie.
Avant sa mort,  il demandera à être inhumé en Algérie.  Son corps sera inhumé par Chadli Bendjedid, futur président algérien, dans le cimetière de Sifana près de Sidi Trad. Sa dépouille sera transférée en 1965, et inhumée au cimetière des « Chouhadas » (cimetière des martyrs de la guerre),  près de la frontière algéro-tunisienne, dans la commune d’Aïn Kerma (wilaya d’El-Tarf).

Quant à l’opposition entretenue sur la pensée et la praxis politique des deux hommes, Frantz Fanon et Aimé Césaire, il convient de rappeler que de retour en Martinique, où il passe le baccalauréat, il avait soutenu  la candidature d’Aimé Césaire (qui avait été son professeur), aux élections législatives d’octobre 1945. Et que   Fort de France possède désormais une avenue à son nom bien que la proposition qu’en avait faite son maire, Aimé Césaire, depuis 1965 fut  rejetée pendant des années.  Deux héros dont l’    admiration  et le respect l’un pour l’autre n’est pas contestable. Gdc





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