Les dérives de la PAC font écho à l’affaire MADIVIAL en Martinique
Une vaste opération coordonnée entre le Parquet européen (EPPO) et la police grecque a conduit à l’arrestation de trente-sept personnes soupçonnées de participation à une fraude systématique aux subventions agricoles européennes. Les détournements, estimés à au moins 23 millions d’euros, auraient impliqué des criminels « aidés par des fonctionnaires et de hauts responsables », selon la procureure européenne en chef Laura Kövesi.
Un réseau structuré depuis 2018
Selon l’EPPO, le groupe opérait depuis au moins 2018 à travers une organisation hiérarchisée aux rôles clairement définis. Les suspects sont accusés d’avoir soumis de faux dossiers de demande d’aides dans le cadre de la Politique agricole commune (PAC), en exploitant les failles administratives de l’OPEKEPE, l’agence grecque chargée du versement des subventions. Les fraudeurs auraient déclaré des parcelles fictives, des cheptels inventés ou des rendements gonflés, pour capter des paiements européens indus.
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Ces manipulations rappellent, sous un autre climat, l’affaire MADIVIAL en Martinique, dans laquelle la Cour des comptes et la justice française ont relevé des irrégularités dans la gestion des aides agricoles européennes et nationales par une structure coopérative locale.
Un préjudice estimé à plus de 19 millions d’euros
L’enquête conjointe a identifié 324 bénéficiaires ayant perçu indûment des fonds, pour un préjudice global estimé à 19,6 millions d’euros. Près d’une quarantaine d’entre eux sont considérés comme membres actifs du réseau criminel, certains n’ayant aucun lien réel avec le secteur agricole.
En Martinique, bien que les montants en jeu dans le dossier MADIVIAL soient moindres, les mécanismes d’abus se rapprochent : dossiers de subventions mal instruits, détournements de financements européens, conflits d’intérêts au sein des structures gestionnaires.
Blanchiment et train de vie luxueux
En Grèce, les fonds détournés auraient été blanchis à travers des sociétés écrans, de fausses factures et plusieurs comptes bancaires, finançant voyages, véhicules et articles de luxe. Dans les Outre-mer, les investigations autour de MADIVIAL ont également mis en lumière des dérives de gouvernance et une confusion entre intérêt collectif et intérêts personnels.
Des conséquences politiques à Athènes… et des interrogations en Outre-mer
En Grèce, le scandale a entraîné la démission du directeur de l’OPEKEPE et de plusieurs responsables du ministère de l’Agriculture. Le gouvernement de Kyriakos Mitsotakis, déjà affaibli par d’autres affaires de corruption, subit de fortes pressions de Bruxelles sur la transparence dans la gestion des fonds européens. À l’autre bout de l’Union, l’affaire MADIVIAL continue de susciter des débats en Martinique sur la manière dont les fonds communautaires sont administrés et contrôlés.
Cadre légal et rappel de la présomption d’innocence
Le Parquet européen souligne que toutes les personnes mises en cause sont présumées innocentes jusqu’à preuve du contraire. De même, en Martinique, aucune condamnation définitive n’a été prononcée à ce jour dans le dossier MADIVIAL, ( l’affaire revient début novembre) mais le cas demeure un signal d’alerte pour la transparence et la gouvernance du monde agricole ultramarin.
| Éléments comparatifs | ||
| Nature des détournements | Faux dossiers PAC, cheptels fictifs, blanchiment | Mauvaise gestion des aides FEADER, conflits d’intérêts |
| Suites judiciaires | Enquête EPPO et justice grecque en cours | Procédures financières et administratives en cours |
| Conséquences politiques | Démissions au ministère grec de l’Agriculture | Avertissement de la CRC et débats locaux |
Sources : The Press Project ; Le Monde ; SocialNews ; EPPO.europa ; Blick ; Rapports CRC Antilles-Guyane ; La 1ère Martinique.
Mise en forme et analyse : Rédaction / Antilla






Cadre légal et rappel de la présomption d’innocence