LE « COMPLOTISME »,
UNE RÉGRESSION DE LA PENSÉE
On sait bien, l‘histoire humaine est évidemment jalonnée de multitudes de complots. Par définition, assassinats de dirigeant-e-s révolutionnaires ou de tyrans, massacres terroristes ou autres, sont les fruits de machinations savamment élaborées. ces véritables conspirations sont aptes à conforter l’idée qu’il existe des puissances plus ou moins cachées, pilotant irrésistiblement le destin des peuples et de l’humanité.
Pourtant, il a fallu beaucoup de temps, de polémiques et d’expériences vécues, de sacrifices de combattants pour faire comprendre aux populistes russes de la fin du 19ème siècle, que l’exécution de tsars ne supprimait pas le tsarisme. Les voix les plus autorisées s’élèvent encore pour dénoncer les exécutions aveugles et indistinctes de personnes accablées par le sort. Cela n’a pas empêché les adeptes de la conception policière de l’histoire de proclamer que la révolution russe était le fruit d’un « complot judéo-marxiste ». Aujourd’hui, leurs descendants jettent à toute occasion l’anathème sur la brumeuse mouvance islamo-gauchiste supposée prendre une revanche sur Charles Martel.
Or, Marx lui-même avait pris soin de commencer son texte le plus connu par une phrase qui n’a rien perdu de sa pertinence : « L’histoire de toute société jusqu’à nos jours n’a été que l’histoire des luttes de classes. »
À cet égard, il est navrant de voir combien de militantes et militants, parfois ayant fréquenté telle ou telle école du marxisme, remplacer la notion de lutte des classes comme moteur fondamental de l’histoire, par celle des complots obscurs comme explication systématique des mouvements des sociétés humaines ! Tantôt, les « Juifs », tantôt les « Francs-maçons », tantôt tel ou tel personnage puissant et maléfique, sont présentés comme protagonistes de la marche du monde.
Alimentées par de tragiques avatars, avérés et hyper-médiatisés, ces visions « complotistes » de l’histoire, fleurissant sur le terreau d’un recul de la pensée marxiste, conduisent hélas à l’impasse. Car si la grande majorité des scientifiques, des hauts fonctionnaires, des militantEs politiques et syndicaux ou associatifs ne sont que les jouets manipulés ou corrompus de quelques sectes, groupuscules ou grands capitalistes, alors la bataille est perdue d’avance. Les confrontations idéologiques, les débats doctrinaux, la pédagogie politique, deviendraient sans intérêt, et il n’y aurait plus de place que pour les vains anathèmes, les détestations impuissantes… et les complots contre les comploteurs.
Celles et ceux qui cèdent à ces facilités, donnant à leur colère légitime la forme bien pauvre de la stigmatisation vengeresse, méritée ou pas, de tel ou tel individu ou groupement, oublient que la pensée critique évolue elle aussi en fonction des avancées et des reculs de la lutte des classes opprimées. Ces dernières ayant tout intérêt à la lucidité sur les enjeux, les méthodes et les stratégies.
À bon entendeur, salut !
LEUR SEULE RÉPONSE : LA RÉPRESSION !
Après les tribunaux et la prison ferme pour des militants ayant manifesté sur la place publique, voici les convocations, les gardes à vue pour des militants s’étant rassemblés en soutien au mouvement de l’intersyndicale de la santé. Il s’agirait de punir des « outrages » et d’interdire à certains de se rendre sur les lieux des manifestations contestataires. Visiblement, le pouvoir, sa police et son appareil judiciaire veulent habituer la population à une répression permanente et transformer le militantisme ici, en gestionnaire d’une chronique permanente de la répression.
Cette politique n’arrive pas à masquer l’échec à faire face à la crise, à proposer des solutions, à prendre en compte les évolutions de la situation, à diminuer la détestation qui le frappe, à convaincre ! L’obstination sur certaines obligations est accompagnéed’un yoyo de moins en moins compréhensible de mesures d’ouvertures et de fermetures, en France et dans les colonies.
En Martinique, il y a une majorité contre l’obligation et le « passe » vaccinaux, une majorité contre la suspension des personnels refusant le vaccin, une majorité pour la liberté de choix et entre autres le choix entre les types de vaccins. Cela devrait permettre un mouvement victorieux en surmontant l’obstacle principal, celui d’une division qui fait le jeu du pouvoir. Cela n’est pas seulement possible ; c‘est nécessaire pour l’immédiat et pour la suite.
SYSTÈMES ÉLECTORAUX ET DÉMOCRATIE
Les théories de la bourgeoisie traditionnelles font des élections l’alpha et l’oméga de la démocratie. Il n’empêche que leurs systèmes électoraux sont tout, sauf des modèles de démocraties.
Nous ne parlerons même pas ici de la fausse égalité entre les candidat-e-s, inégalité criante de moyens, inégalité de l’accès aux médias, inégalité dans les complicités au sein des institutions etc. En parlant simplement des conditions de la participation ou de la répartition des élu-e-s en fonction du nombre de voix, on nage le plus souvent dans l’inégalité caricaturale.
Le prochain président de la France (Au féminin si l’on veut !) n’aura certainement pas le tiers des votants du 1er tour !
En Martinique, barre contre les petits et prime pour le plus gros, aboutissent au même résultat.
Le système des parrainages par 500 élu-e-s comme condition de participation aux présidentielles ne vise pas à présélectionner des candidat-e-s ayant une représentativité dans l’opinion (si c’était le but, on aurait choisi un parrainage citoyen par un nombre donné de personnes) mais à barrer la route aux candidat-e-s non installé-e-s dans les institutions. L’énergie mise par les candidat-e-s anticapitalistes et anticolonialistes à obtenir 500 signatures de maires, parlementaires, conseillers territoriaux méritent d’autant plus d’être soutenue, au nom de la démocratie la plus élémentaire.
À cet égard, le GRS soutient totalement les énormes efforts consentis par le candidat Philippe Poutou et son parti, le NPA, et est solidaire des démarches similaires des candidats progressistes et prolétariens