Publié le 10 juin 2020

GOUVERNANCE D’ENTREPRISE

Elles représentent des secteurs divers comme le tourisme, la mode, l’aviation… Elles ont toutes fait faillite en plein Covid-19. Si la crise sanitaire leur a porté le coup de grâce, elle a surtout révélé la fragilité de leur modèle économique, basé sur une financiarisation à l’extrême et un endettement massif. Du géant de la location Hertz en passant par la compagnie aérienne Flybe jusqu’à l’enseigne JC Penney, tour d’horizon de ces faillites devenues des symboles. 

Le Covid-19 a mis en lumière les défaillances du modèle économique de ces entreprises et, parfois même de leur secteur.
@Hertz/JC Penney/Flybe

HERTZ, LE GÉANT DE LA LOCATION CRIBLÉ DE DETTE

C’est la deuxième compagnie américaine de location de voitures et elle vient de faire faillite. Le Covid-19 a porté le coup de grâce à Hertz, déjà très mal en point avant la crise sanitaire. L’entreprise est criblée de dettes avec un montant évalué à 19 milliards de dollars. Elle paye à la fois une mauvaise gouvernance avec une multiplication d’emprunts mais aussi une financiarisation extrême de son modèle. Si la faillite ne concerne pas, pour l’instant, ses filiales européennes, c’est le secteur du tourisme international qui est mis sous pression. La faillite du voyagiste Thomas Cook en septembre dernier avait déjà mis en avant les limites de ce secteur à bout de souffle. Pour sauver ce pan majeur de l’économie qui emploie 25 millions de personnes en Europe, le Commissaire européen en charge du marché intérieur, Thierry Breton, avait appelé à se tourner vers un tourisme “durable, innovant et résilient”.

CHESAPEAKE, LA COURSE À L’INVESTISSEMENT PERMANENT ET À LA DETTE

Il y a dix ans Chesapeake a explosé en devenant l’une des plus grandes entreprises productrices de gaz et de pétrole de schiste aux États-Unis. Pendant un temps, elle fut même le deuxième producteur domestique de gaz naturel juste derrière ExxonMobil. Sa capitalisation a alors explosé. Désormais, son action vaut moins d’un dollar. L’entreprise va être mise sous la protection du chapitre 11 sur les faillites. Le modèle d’investissement permanent dans des forages et des infrastructures n’a pas résisté au ralentissement de l’économie. Chesapeake porte presque 9 milliards de dollars de dette dont 300 millions arrivent à maturité cet été. Ne générant presque plus de cash, l’entreprise est dans l’impasse. Une vingtaine d’entreprises du schiste américain ont ou vont connaître ce destin, selon les experts.

JC PENNEY, LA MODE PLONGE

C’est l’hécatombe dans le secteur de la mode. Après JCrew, Neiman Marcus ou encore Stages Stores, la chaîne de vêtements JC Penney a annoncé mi-mai sa mise en faillite. Comme Hertz, l’entreprise était déjà mal en point avant le Covid 19 avec une chute des ventes, des licenciements à tour de bras et une énorme dette. Faute d’investissements, elle n’a pas su s’adapter aux nouveaux modes de consommation. Et elle n’est pas la seule à être en mauvaise santé. Les deux géants de la fast fashion Inditex, qui détient Zara, et H&M ont été ébranlés par la crise avec de fortes baisses des ventes à cause d’une chaîne d’approvisionnement éclatée et un modèle basé sur les prix bas et les gros volumes. Les enseignes aux chaines de production durables ont mieux résisté à la crise, prouvant leur résilience.

FLYBE, CLOUÉ AU SOL PAR LE COVID-19

Le 4 mars 2020, alors que le confinement n’était pas encore à l’ordre du jour – ni en France, ni au Royaume-Uni – la compagnie britannique Flybe stoppait tous ses vols. Et cela alors qu’à peine deux mois auparavant, Londres avait annoncé un grand plan de sauvetage à travers un prêt garanti d’État. Une lourde perte alors cette entreprise était la première compagnie régionale du pays. L’entreprise faisait face à un manque important de liquidités et misait sa survie sur une hausse du trafic, espoir que le Covid-19 a durablement douché alors que les grandes compagnies envisagent un retour à la “normale” en 2022. D’ailleurs, ces dernières ont largement souffert. Air France a dû bénéficier de l’aide de l’État, comme de nombreuses grandes compagnies nationales (Lufthansa, Alitalia…).

LE CLUB DE FOOT TIANJIN TIANHAI, PARTIE ÉMERGÉE DE L’ICEBERG

C’est un club de football qui évolue en première division chinoise. Le Tianjin Tianhai vient de déposer le bilan à cause de graves problèmes financiers et quitte la Chinese Super League. Si ce nom n’est pas évocateur pour le grand public, la faillite de ce club n’est que la partie émergée de l’iceberg. Selon le média allemand spécialisé Kicker, sur les 36 clubs de la Ligue allemande, 13 risqueraient la faillite à la fin du mois. En France, selon Mediapart, quatre clubs historiques du championnat de France seraient au bord du gouffre à cause de l’arrêt de la Ligue 1 : Marseille, Bordeaux, Saint-Etienne et Lille. En quelques semaines, en l’absence de droits TV, de billetterie, de sponsors, le show s’est arrêté entraînant les clubs dans une crise financière. Plusieurs voix se font entendre sur un après crise plus durable pour le football plus en prise avec “l’économie réelle”.

Ludovic Dupin, @LudovicDupin et Marina Fabre, @fabre_marina

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