La Semaine de l’Emploi Agroalimentaire a récemment connu sa deuxième édition sous nos cieux. Un événement qui fut officiellement lancé par la signature, à la distillerie des Rhums Clément au François, d’une convention partenariale entre l’Association Martiniquaise pour la Promotion des Industries (AMPI) et la direction régionale de Pôle Emploi. Les précisions respectives de Josiane Capron, la présidente de l’AMPI, et de Stéphane Bailly, le directeur régional de Pôle Emploi. Entretiens.

Josiane Capron : « L’état d’esprit de nos adhérents est au combat »

Antilla : L’AMPI est en Martinique la représentante de l’ANIA, l’Association Nationale des Industries Alimentaires, pouvez-vous nous en dire davantage ?

Josiane Capron : Cette association qui est aussi un syndicat s’occupe notamment de la relation producteurs-distributeurs, et veille à l’application correcte de la loi ‘’EGalim 2’ (loi Agriculture et Alimentation, ndr) qui donne un certain poids aux producteurs dans l’agroalimentaire. Et comme 40% des adhérents de l’AMPI sont dans l’agroalimentaire, il nous a semblé important d’adhérer à l’ANIA. Depuis un an nous sommes donc devenus ARIA, Agence Régionale pour l’Industrie Agroalimentaire à la Martinique. Et Pôle Emploi ayant décidé de consacrer une semaine spéciale à l’emploi dans l’industrie agroalimentaire, il (Pôle Emploi) s’est tout naturellement tourné vers nous et nous a proposé un partenariat, sous forme de signature de convention et avec pour enjeux principaux l’emploi dans les industries agroalimentaires, les types de postes que nos adhérents peuvent proposer, les métiers demandés, les savoirs-faires et expériences, etc.

Compte tenu notamment de la hausse des coûts de certaines matières premières, quel est dans les grandes lignes l’état de « santé » actuel des industries agroalimentaires de Martinique ?

Certains de nos produits faisant partie du BQP (Bouclier Qualité Prix) et bientôt du ‘’BQP +’’, nous sommes tenus à un gel sinon à une modération des prix, alors qu’effectivement nos coûts augmentent ; ce qui se traduit bien sûr par un effritement des marges. Nous espérons donc que la crise actuelle ne durera pas éternellement. Par exemple nous avons connu des hausses exponentielles dans le transport maritime, mais c’est actuellement en train de redescendre – il y a d’ailleurs un très léger infléchissement pour les marchés de certaines matières premières. Nous espérons donc que ce ‘’mouvement’’ va s’amplifier, car cette hausse de prix de toutes parts est complètement inédite et d’une brutalité à nulle autre pareille. Et je rappelle que nous ne pouvons pas répercuter l’intégralité des hausses que nous subissons vers les consommateurs : c’est impossible, les produits seraient invendables. Donc là nous cherchons à garder l’équilibre. J’ajoute et je souligne que l’état d’esprit de nos adhérents est au combat, car nous avons créé nos unités de production, nous avons investi, nous les avons développés, modernisés etc., donc il n’est pas question de se laisser abattre ; c’est là un élément fondamental pour l’autonomie alimentaire et la résilience d’un pays, il faut rester debout.

Dans ce contexte actuel quelle est la tendance globale de ce « patriotisme économique » historiquement prôné par l’AMPI ? Régression, état stationnaire ou possible augmentation des actes d’achat péyi ?

C’est relativement stationnaire, sauf pour les embouteilleurs d’eau par exemple. Nous sommes actuellement à la distillerie des Rhums Clément et le consommateur martiniquais reste relativement fidèle – il a raison de l’être – à ces produits dont la qualité est reconnue, notamment sur le marché international. Quand on se situe dans le moyen et le haut de gamme, on garde en effet une certaine stabilité au niveau des ventes.

Stéphane Bailly : « Le tissu des entreprises de la Martinique montre sa résilience et son optimisme » 

 

Antilla : Quel est dans les grandes lignes l’engagement de Pôle Emploi dans cette semaine dédiée ?

Stéphane Bailly : C’est d’abord la mobilisation de l’ensemble des équipes, donc des neuf agences de la Martinique, et ça se concrétise de plusieurs sortes, notamment par la découverte des métiers. En effet les métiers de l’industrie agroalimentaire ne sont pas assez connus, et ont parfois une image un peu vieillotte. Donc nous faisons tout un travail pour valoriser cette image et pour montrer les réalités du travail en industrie, travail qui est de moins en moins manuel et de plus en plus automatisé. Nous faisons aussi des présentations de formations ; nous faisons régulièrement des formations pour amener les demandeurs d’emploi(s) vers l’industrie. A titre d’exemple, nous avons travaillé avec le MEDEF* et l’AMPI sur un CAP (Certificat d’Aptitude Professionnelle) de technicien de maintenance industrielle. Et bien sûr nous faisons du job dating, car il y a des besoins.

De quelle ampleur sont ces besoins dans les secteurs alimentaire et agroalimentaire de Martinique ?

Ces besoins sont continuels et plutôt en augmentation. Et ces secteurs permettent à des personnes qui n’ont pas des niveaux importants de technicité ou de qualification(s) d’intégrer le monde du travail, avec une formation pouvant être financée notamment par Pôle Emploi.

Quels sont les enjeux majeurs de cette convention signée ce jour avec l’AMPI ?

C’est d’abord la concrétisation d’un partenariat déjà fort entre l’AMPI et Pôle Emploi ; c’est la première convention mais nous travaillons avec l’AMPI depuis des années et de façon très proche. C’est aussi cela qui fait que nous arrivons à répondre aux besoins des entreprises ; ce qui est le principal enjeu. Il s’agit d’arriver à anticiper (les besoins) et de répondre aux besoins de recrutement des entreprises, pour qu’elles puissent produire et créer de la valeur pour la Martinique. Juste après la ‘’crise Covid’’, il y a cette crise inflationniste liée à la guerre russo-ukrainienne, mais malgré tout le tissu des entreprises de la Martinique montre sa résilience et son optimisme à développer ce territoire. D’ailleurs je le vois au niveau de Pôle Emploi car nous avons battu nos records de dépôts d’offres. Il y a donc des besoins.

Y-aura-t-il une prochaine étape d’importance dans cette collaboration partenariale entre l’AMPI et Pôle Emploi ?

Il y aura d’autres événements pour montrer le dynamisme de l’industrie agroalimentaire, notamment la ‘’Semaine de l’Industrie’’ à la fin du mois. Et nous avons aussi à faire vivre cette convention, qui n’est pas un bout de papier mais vraiment une volonté de travailler au fil de l’eau et tout au long de l’année sur les besoins des entreprises.

Propos recueillis par Mike Irasque

*Medef : Mouvement des Entreprises de France.

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