Intervention de Claude LISE,
Président de l’Assemblée de Martinique
à l’ouverture de l’Assemblée plénière du 9 avril 2020
convoquée en procédure d’urgence

(Organisée en Visio-conférence durant la période de confinement mise en place pour faire face à l’épidémie de Covid-19
dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire)


​Mes chers collègues,

​Notre réunion se tient, est t-il besoin de le souligner, dans des conditions tout à fait exceptionnelles.

​En effet, la Martinique n’a pas été épargnée par la pandémie au Covid-19 qui, partie de Chine, s’est étendue sur pratiquement toute la planète. Elle est donc confrontée à une crise sanitaire sans précédent.

​Nous comptons déjà 154 cas avérés de contamination dont 19 hospitalisés en réanimation et 6 décès. Mais nous savons que le nombre de personnes contaminées est en fait nettement sous estimé vue la politique très restrictive menée en matière de dépistage.

​Pour lutter contre cette épidémie, nous disposons d’un personnel soignant de grande qualité, particulièrement compétent et dévoué. Mais celui-ci travaille -tant dans le secteur public que dans le secteur privé- dans des conditions bien difficiles, avec notamment des moyens de protection encore rationnés malgré les efforts en cours.

​Notre CHU, dont on connait les problèmes structurels, s’est rapidement organisé pour décupler ses capacités de prises en charge, mais il manque toujours singulièrement de moyens, tout comme les autres établissements hospitaliers qui se préparent à lui venir en appui. Sans renforts en personnels et en moyens matériels adéquats, il pourra difficilement faire face à l’arrivée considérée comme probable et proche d’un pic épidémique.

​Une grande partie de la population est, depuis plus de 3 semaines, contrainte à demeurer confinée à domicile, avec tous les problèmes que cela pose. Celles et ceux qui doivent se rendre sur leurs lieux de travail, pour y exercer des professions dont la poursuite de l’activité est indispensable, se plaignent dans beaucoup de cas d’une insuffisance de moyens de protection, notamment de masques.

​Un grand nombre d’entreprises, dans pratiquement tous les secteurs économiques, ont dû suspendre leurs activités et sont confrontées à des difficultés qui, dans certains cas, mettent en jeu leur survie même.

​Les services sociaux des collectivités territoriales, notamment de la CTM, sont confrontés à une demande sociale qui revêt une acuité maximale, alors même que notre tissu associatif, lui aussi en grande difficulté, a du mal à apporter son précieux concours au niveau habituel.

​Les conditions de vie d’un grand nombre de personnes. -surtout de personnes âgées, handicapées ou en situation de précarité- ne cessent de se dégrader.

​La situation est donc extrêmement préoccupante et l’on comprend que puisse croitre dans l’opinion un sentiment d’inquiétude voire d’angoisse. Que puisse s’exprimer aussi un véritable mécontentement, alors que l’on assiste à des controverses entre spécialistes et que la communication des autorités de l’Etat n’est pas toujours cohérente et ne parvient pas à lever le doute qui plane sur la pertinence de la politique menée, depuis le début, face à l’épidémie.

​C’est dire, par conséquent, l’importance de notre réunion d’aujourd’hui.

​Certes, elle se déroule dans des conditions inhabituelles qui vont nous demander à tous un effort d’adaptation à la formule visioconférence qui comporte évidemment des contraintes d’ordre technique. Et je peux vous dire que celles-ci rendent ma tâche, dans la conduite de cette plénière, beaucoup plus difficile que d’habitude.

​Mais, nous n’avions pas le choix ! Nous ne pouvions attendre davantage.

​Les Martiniquaises et les Martiniquais que nous représentons ne comprendraient pas que nous ne nous exprimions pas dans le cadre d’une crise d’une telle ampleur. Mais surtout, cette réunion s’imposait pour permettre au Président du Conseil Exécutif de nous présenter un bilan des importantes initiatives qu’il a prises depuis le début de l’épidémie. Elle s’imposait aussi pour que nous puissions nous prononcer sur des mesures déjà mises en oeuvre ou proposées par l’Exécutif et qui nécessitent des délibérations de l’Assemblée. Mais cette réunion s’imposait aussi pour nous permettre de débattre de certaines propositions émanant de notre Assemblée.

​Mes Chers collègues, avant de terminer mon propos, je veux vous appeler solennellement à faire en sorte que notre réunion se déroule dans les meilleures conditions possibles, malgré les contraintes qui nous sont imposées.

​Les membres du Bureau et moi, nous n’avons pas voulu que cette plénière soit l’occasion d’entamer un débat politique sur la gestion de l’épidémie par les autorités de l’Etat. Le moment d’un tel débat viendra. Pour l’heure, nous avons considéré que nos compatriotes attendaient avant tout de nous que nous apportions des réponses concrètes à toute une série de problèmes qui se posent, dans le cadre, bien sûr, des compétences qui nous sont dévolues et à la mesure des moyens dont nous disposons. Et c’est ce point de vue, partagé avec le Président du Conseil Exécutif, qui se traduit dans l’ordre du jour qui vous est présenté.

​Nous devons nous inscrire dans le grand mouvement de mobilisation qui se développe depuis quelques jours. Une mobilisation dans laquelle nous voyons se multiplier les initiatives originales, dans un élan de solidarité qui exprime bien ce que notre peuple a su tirer de meilleur dans son Histoire singulière.

​Je souhaite vraiment, par conséquent, que nous ayons tous à coeur de participer à cette réunion dans un esprit particulièrement constructif. Que nous nous attachions à prouver que lorsque notre Martinique est en danger, que lorsque notre Martinique traverse un moment dramatique, nous sommes capables de nous rassembler au-delà de nos différences et de nos divergences, sans rien perdre de nos convictions respectives, mais en n’ayant qu’une boussole : l’intérêt supérieur de la Martinique et des Martiniquais

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