Zobda 1  MI

« Il sera extrêmement difficile de conduire le Conseil général avec une voix de majorité »

 

31 mars, « Bâtir le pays Martinique » entre dans la lumière. Deux de ses cadres à la tête du Conseil général, pas mal pour une formation politique jusque-là exclusivement associée par beaucoup à la ville du Lamentin – et dans l’ombre de la « trinité » MIM-PPM-RDM ? On a encore en mémoire le suspense, jusqu’au bout, de l’élection à la présidence : sera-t-il aisé de diriger avec une voix de majorité ? Sur ce point, et bien d’autres (Alfred Sinosa, collectivité unique), la parole au 1er vice-président : David Zobda.

 

Avant – et peut-être pendant – la campagne des cantonales, des élus du MIM parlaient de vous comme étant en tractations avec le PPM, quant à une candidature à la présidence du Département. Qu’en avez-vous pensé ?

David Zobda : Ce sont des arguments politiques utilisés contre moi et ma candidature au Lamentin. Rien de tout cela n’a eu lieu. Ces rumeurs étaient de nature à montrer que David Zobda, ou plus largement Bâtir, était un parti constitué d’hommes qui allaient négocier des postes. Donc qu’on était achetables. Ce n’est pas du tout la nature de notre combat. Je me suis présenté aux cantonales, car j’avais le sentiment qu’il fallait que la ville du Lamentin soit défendue sur le canton 2. Le MIM a l’ambition de prendre la ville du Lamentin, au même titre que ce qu’il avait tenté de faire sur Fort-de-France au moment où Aimé Césaire passait le flambeau. C’est dans ce contexte-là que ma candidature est arrivée. Le jeu politique visait à me montrer sous un jour pas très favorable, à faire de moi quelqu’un d’intrigant, voire à la recherche de poste. Ce n’est absolument pas le cas.

 

A partir de quand s’est opéré le rapprochement de Bâtir avec « Ensemble pour une Martinique nouvelle » et le PPM ? Au moment de l’entre-deux tours des régionales 2010, où Bâtir avait appelé les électeurs lamentinois à porter leurs suffrages sur la liste menée par Serge Letchimy ?

Il faut remettre les choses dans leur contexte et leur historicité. Nous appartenions à la majorité du Conseil général depuis très longtemps. Claude Lise était président du Conseil général et membre du PPM. Il avait constitué une majorité très large, qui dépassait le cadre même du PPM : des divers gauche et des hommes et femmes de Bâtir. Est arrivée la scission, en 2005, entre Claude Lise et le PPM, puis la création du RDM. Bâtir a gardé une neutralité la plus totale entre PPM et RDM. Nous sommes restés dans la majorité de gestion avec Claude Lise, mais nous participions aussi à une majorité de gestion à la CACEM, avec le PPM. Nous avons gardé cette neutralité très longtemps. Jusqu’en 2008. Là est arrivée l’élection municipale. Sur cette élection nous avons eu une candidature d’opposition, celle du MIM, avec Daniel Marie-Sainte. La fracture est arrivée à ce moment-là. Car on ne peut pas considérer que nous avons contre nous un mouvement indépendantiste, et que ce dernier soit l’allié de Claude Lise. Cette alliance-là a continué et s’est renforcée. En suivant l’évolution de cette force montante, MIM-RDM, il était évident que cela ne devait pas se faire au détriment du Lamentin. Et que personne ne peut décemment comprendre que le Lamentin soit l’allié d’un groupe venant s’opposer. Donc il fallait, de manière très claire, que nous puissions montrer notre opposition très ferme. Après l’élimination de notre liste aux régionales, nous avons pris position. Pierre Samot l’a indiqué clairement : il fallait soutenir la liste menée par Serge Letchimy. Pourquoi ? Car il (Letchimy, ndr) portait des idées proches de celles que nous portions ; il avait un programme qui rejoignait le notre, mais surtout, sur le plan politique, il n’était absolument pas question d’appeler à soutenir notre opposition au Lamentin. Nous avions une autre démarche, stratégique pour l’avenir, que nous allons expliquer en temps utile. Il nous semblait important que nous puissions nous positionner très clairement, dès le lendemain du 1er tour des régionales. Il y a eu un pacte entre le RDM et le MIM : sur les cantonales, il n’y avait pas de candidats du MIM là où il y avait des candidats RDM, et réciproquement. Nous n’étions pas candidats parce que nous venions contre Claude Lise, mais parce que nous étions légitimement titulaires du canton. Et depuis des années. Claire Tunorfé a souhaité ne pas se représenter ; Bâtir a désigné David Zobda. C’est un parti majeur, qui se détermine en fonction de ses intérêts et de ceux de la ville du Lamentin, et au-delà, du pays Martinique. Claude Lise appelant à soutenir Daniel Marie-Sainte contre David Zobda, nous ne pouvions appartenir à sa nouvelle majorité. C’était absolument impossible.

 

Si jamais Claude Lise n’avait pas appelé publiquement à soutenir Daniel Marie-Sainte, votre décision aurait-elle changé, ou était-ce déjà trop tard ?

Déjà bien trop tard. On ne varie pas du jour au lendemain. Nous avons l’habitude de travailler dans la réflexion, et dans la planification. Tous les observateurs ont bien mesuré qu’à partir de ces cantonales vont se dessiner les contours de la Martinique politique à venir. L’assemblée unique va arriver, avec son impact très fort. Car on sait très bien que les modalités d’élection auront deux conséquences majeures : favoriser les grosses communes, mais au-delà, faire qu’on ait une élection stratégique, avec de grands blocs. Personne ne pourra tout seul se présenter comme ça. On aura forcément des blocs. Un bloc indépendantiste, peut-être un bloc de droite, et peut-être un bloc autonomiste. Il faut commencer à se positionner, se rassembler autour de gens qui partagent un socle commun. C’est dans cet esprit qu’il faut penser la stratégie politique de demain.

 

Vous pouvez lire la suite de cet article dans l’hebdomadaire de cette semaine.

L’interview réalisée fait 5 pages.

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