Charles Dorail : Le mouvement de terrain de Morne Calebasse est un glissement qu’on qualifie de grande ampleur. Il intéresse un peu plus de deux hectares. C’est un mouvement qui s’est déclenché suite aux pluies diluviennes de fin avril. Les premiers effets les plus importants se sont fait sentir début mai. Le terrain a vraiment commencé à se déstructurer les 4 et 5 mai derniers.

Charles Dorail, directeur général adjoint chargé des services techniques, de l’aménagement et de la planification, à la mairie de Fort-de-France.

Y a-t-il toujours une période de « latence » entre pluies et mouvements de sol ?
Par rapport aux études que nous avons menées, et le terrain n’étant pas homogène, la couche qui provoque le glissement est une couche d’argile, située entre 10 et 14 mètres de profondeur à certains endroits. Dans la partie haute du lotissement, au pied de la route départementale 48, cette couche se situe à des profondeurs relativement importantes. C’est pour cela qu’un certain nombre d’études ont été lancées dès le déclenchement du phénomène, en mai. Il s’agissait dans un premier temps de suivre son évolution : étude topographique, étude géotechnique, avec un suivi fait sur le bâti. L’objectif était de déceler l’apparition de nouvelles fissures sur les ouvrages et d’en faire un suivi. Une série de sondages a été effectuée afin de connaître la consistance des sols, le niveau auquel se situait l’eau, mais les couches intéressées étaient localisées à une certaine profondeur. Nous avons lancé une étude hydrogéologique. Les deux études nous permettront de dimensionner des éléments de soutènement, et de mettre en place des drains nous permettant de diminuer la teneur en eau des sols.
Le phénomène de mai dernier a-t’il été causé principalement par le ruissellement des eaux de pluies ?
Une vue de la catastrophe

Le glissement est affecté par des eaux superficielles, de ruissellement, et des eaux cheminant à une certaine profondeur. Des travaux ont été réalisés afin de capter les eaux en fonction de leur provenance. Pour les eaux provenant de la RD, située en amont, des canalisations aériennes ont été posées. Les eaux des canalisations encore intactes ont été dévoyées dans la partie basse, vers le réseau d’eau pluviale du quartier. Les eaux de pluie pénètrent dans le terrain, qui est relativement déstructuré. Nous avons décidé de créer des tranchées drainantes. Il s’agit de tranchées de dimensions importantes, avec un drain en partie basse et des matériaux drainants en partie supérieure, permettant, sur une hauteur de 3m-3m 50, de récupérer les eaux qui viendraient de manière superficielle. Ces premiers travaux permettront d’éliminer une partie des eaux du glissement. Enfin, ce que nous projetons de faire le plus rapidement possible – en fonction du temps -, c’est de capter les eaux de la partie la plus profonde du glissement, au niveau de la couche d’argile. Pour cela, nous réaliserons des puits dans lesquels seront immergés des pompes spéciales. L’idée est de ‘rabattre’ la nappe.
Sait-on ce qui a provoqué la coulée de boue du 1er août ?
Cette coulée de boue intéresse plusieurs milliers de m3 de terre. Ces venues d’eau en partie inférieure des terrains, pour lesquelles nous avons lancé cette étude hydrogéologique, ont imprégné les terres. Les quantités d’eau tombées sur le site depuis le 1er phénomène, disloquent un peu les réseaux dans la zone ; les eaux n’ont plus les mêmes circulations. Le terrain situé au-dessus de la masse d’argile est de très médiocre qualité. Compte tenu de la hauteur du talus, une masse de terre relativement importante s’est décrochée. Dès les premiers jours, nous avons récupéré les eaux des réseaux du lotissement et des ouvrages situés en amont, pendant que nous observions le site et que nous lancions les premières études. Puis les travaux des tranchées drainantes ont débuté. Il est très difficile d’intervenir dans la zone, les pluies sont quasi-quotidiennes et les engins s’enlisent. Les travaux de réalisation d’une tranchée de 3 m à 3m50 de hauteur sont difficiles à exécuter dans de tels terrains. Il faut éviter qu’elles ne s’effondrent, donc réaliser des tranchées plus larges, nécessitant un volume important de matériaux drainants, etc. Ces propos recueillis par Mike IRASQUE se retrouvent en totalité dans Antilla de cette semaine…

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