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Reconstitution de l’homme de Tautavel dans son environnement en train de chasser il y a 450 000 ans. Diorama du musée de préhistoire de Tautavel
Crédit : Jean-Pierre Dalbéra / Flickr – Licence : CC BY

L’évolution du cerveau humain remonte à plusieurs millions d’années et serait lié à l’extinction des animaux de grande taille. Pourquoi le cerveau humain a-t-il plus que doublé de volume ?

En effet, dans un article réalisé par le Docteur Miki Ben-Dor et le Professeur Ran Barkai du Département d’Archéologie Jacob M.Alkow de l’Université de Tel Aviv, les deux chercheurs reviennent sur l‘évolution physiologique, comportementale et culturelle de l’espèce humaine en y apportant un nouvel éclaircissement.

La base de leurs conclusions repose sur le lien étroit entre l’évolution des humains et l’extinction des animaux de grande taille. D’après eux, les humains se sont développés à travers la chasse de grands animaux dont ils ont, par la suite, provoqué l’extinction.

Par exemple, en Afrique, il y a 2.6 millions d’années, à l’arrivée des premiers humains, le poids moyen des mammifères terrestres était proche des 500 kg. Les choses ont rapidement changé… Entre le Pléistocène – époque géologique qui précède l’Holocène, période géologique actuelle – et l’arrivée de l’agriculture – il y a environ 10 500 ans -, le poids moyen des animaux a chuté de 90%.

Face à ce changement radical, les êtres humains ont dû faire preuve d‘adaptabilité. Ils ont alors commencé à chasser des proies plus petites de taille, mais plus difficiles à atteindre…

Corrélation entre la chasse au petit gibier et l’évolution du cerveau humain

L’extinction progressive des grandes proies n’a pas laissé d’autres choix aux humains que de s’adapter et de trouver une solution viable. Logiquement, ils se sont attaqués au petit gibier mais ces proies sont beaucoup plus vives et rapides. Pour cela, ils n’ont pas eu d’autres choix que de développer des capacités cognitives plus élevées.

En effet, face à la nouveauté et à la difficulté de la tâche, ils ont été dans l’obligation de faire preuve de ruse et d’audace pour réussir à chasser les petits gibiers. Pour cela, ils se sont intéressés au comportement animalier et ils ont réussi à développer un langage leur permettant d’échanger des informations essentielles lors de la chasse. C’est la raison pour laquelle, le volume du cerveau humain a clairement augmenté, passant de 650 cm3 à 1500 cm3.

“Nous corrélons l’augmentation du volume du cerveau humain avec la nécessité de devenir des chasseurs plus intelligents”, a expliqué le Dr Ben-Dor, tout en ajoutant que : “Par exemple, la nécessité de chasser des dizaines de gazelles au lieu d’un éléphant a généré une pression prolongée de l’évolution sur les fonctions cérébrales des humains. Celles-ci devaient utiliser beaucoup plus d’énergie dans le processus de mouvement et de pensée. La chasse aux petits animaux, constamment menacés par les prédateurs et donc très rapides à s’échapper, nécessite une physiologie adaptée à la chasse ainsi que des outils plus sophistiqués. L’activité cognitive augmente également car le suivi rapide nécessite une prise de décision rapide, basée sur une connaissance extraordinaire du comportement des animaux – des informations qui doivent être stockées dans une mémoire plus grande.”

Par conséquent, aussi bien sur le plan physique qu’intellectuel, les humains se sont adaptés à la situation en développant de nouvelles facultés.“Alors que le cerveau du chimpanzé, par exemple, est resté stable pendant 7 millions d’années, le cerveau humain a triplé, atteignant sa plus grande taille il y a environ 300 000 ans. Outre le volume cérébral, la pression évolutive a poussé les humains à utiliser le langage, le feu et des outils sophistiqués tels que l’arc et la flèche, à adapter leurs bras et leurs épaules aux lancers ainsi que leur corps à la poursuite. Ils améliorent leurs outils de pierre, ils domestiquent les chiens et finalement ils domestiquent le gibier lui-même puis ils finissent par se tourner vers l’agriculture”, a indiqué le Professeur Ran Barkai.

La plus ancienne preuve de l’utilisation de l’arc remonte à environ 12 000 ans : des flèches associés à des fragments d’arcs fabriqués en bois de pin avec des pointes de quartz ont été mis à jour dans un ancien campement de chasseurs de rennes dans les tourbières de Stellmoor en Allemagne. Outre la chasse, les arcs seront utilisés dans les conflits ouverts et meurtriers entre communautés humaines qui ont débuté il y a environ 13 700 ans (M. Azéma, L. Brasier ; La fabuleuse histoire de nos origines – DUNOD, 2020)

Le passage à l’agriculture

Au tout début de l’évolution, les premiers humains étaient considérés comme des “superprédateurs”, spécialistes de la chasse au gros gibier. En effet, riche en graisse, le gros gibier était une véritable source d’énergie pour les humains. Au contraire, le petit gibier demande beaucoup d’énergie pour le chasser et n’en offre pas autant en retour… “Vers la fin de l’âge de pierre, alors que les animaux devenaient encore plus petits, les humains ont dû consacrer plus d’énergie à la chasse qu’ils ne pouvaient en récupérer”, a expliqué clairement le Dr. Ben Dor, à l’origine de cette étude.

C’est la raison pour laquelle, les humains ont fini par devenir agriculteurs… Le passage à l’agriculture a été un moment clé dans l’évolution humaine et a provoqué une légère baisse du volume du cerveau. “Lorsque les humains ont emménagé dans des établissements permanents et sont devenus agriculteurs, la taille de leur cerveau a diminué pour atteindre son volume actuel de 1300-1400 cm3. Cela s’est produit car les plantes et les animaux domestiqués ne peuvent s’échapper, alors il n’était plus nécessaire d’attribuer des capacités cognitives exceptionnelles à la tâche de chasse”, a-t-il conclu.

Ce qui est certain, c’est qu’au cours de l’Histoire de l’évolution, les humains ont provoqué des extinctions massives d’animaux de grande taille dont les fameux mammouths et rhinocéros laineux. Cependant, alors que d’autres espèces, telles que l’Homme de Néandertal, n’ont pas réussi à perdurer, l’Homo Sapiens, lui, s’est appuyé sur l’agriculture pour continuer à vivre.

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