Après l’appel de centaines d’entreprises et d’investisseurs à relever l’ambition climatique européenne, la Présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a défendu ce mercredi 16 septembre un objectif de réduction des émissions d’ici 2030 devant les eurodéputés. C’est bien au-delà des 40 % prévus actuellement, mais les ONG estiment qu’il faut aller plus loin. En outre, le vote du Parlement en faveur du maintien du gaz dans le Fonds de transition juste remet en cause la crédibilité de l’exécutif européen.

Ursula von der Leyen au Parlement européen, ce mercredi 16 septembre.
@CE

Dans son discours sur l’État de l’Union, le premier depuis qu’elle est Présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen a proposé de relever l’ambition climatique. Elle défend un objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 55 % d’ici 2030 par rapport à 1990, contre 40 % actuellement. Une annonce très attendue en amont de la prochaine COP26 sur le climat à laquelle les États du monde entier devront arriver avec de nouvelles promesses à la hausse. Des ONG préconisaient d’aller jusqu’à une réduction de 65 %.

“Je reconnais que cette augmentation c’est peut-être trop pour certains et pas assez pour d’autres, mais l’étude d’impact montre que notre industrie peut y arriver. Et elle souhaite y arriver. Atteindre ce nouvel objectif nous permettra d’être sur la trajectoire de neutralité climatique d’ici 2050 et de respecter les accords de Paris. Cela envoie un signal fort au monde car même si certains de nos partenaires en sont loin, nous devons être en premier ligne et montrer l’exemple”, a déclaré l’Allemande.

30 % d’obligations vertes

Pour atteindre cet objectif, 37 % des dépenses du plan de relance seront consacrées au Pacte vert européen et un tiers des 750 milliards d’euros seront levés grâce à des obligations vertes. “Les projets à fort impact tels que l’hydrogène et la rénovation énergétique des bâtiments seront privilégiés”, a également précisé Ursula von der Leyen. “Nous allons réduire notre dépendance aux importations énergétiques, diviser la pollution atmosphérique par deux et créer des emplois. D’ici l’été prochain, nous allons nous pencher sur notre législation climatique et énergétique pour être en accord avec ce nouvel objectif”.

Dans un vaste “plan d’actions climat” non encore rendu public, mais dont l’AFP a obtenu copie, la Commission précise ses objectifs : elle propose de doubler la part d’électricité issue des renouvelables par rapport au niveau actuel – “à 65% ou plus” – et de doubler le rythme de rénovation énergétique des bâtiments. Quant à l’industrie, elle serait sommée de réduire ses émissions de 25 % par rapport à 2015. Enfin, la part d’énergies renouvelables dans les transports devrait s’élever à “environ 24 %” d’ici 2030, soit un triplement de l’ambition par rapport à 2015. Les transports maritime et aérien se verraient donc imposer des normes de pollution plus strictes, tout comme l’industrie automobile.

Le Parlement européen s’est quant à lui prononcé la semaine dernière en commission Environnement pour une réduction de 60 % des émissions de gaz à effet de serre à 2030. Le Conseil européen aura le dernier mot et pourrait statuer en octobre après des débats qui promettent d’être houleux. Plusieurs pays soutiennent un objectif 2030 d’au moins 55 % comme la France, l’Espagne, le Danemark, la Suède, et les Pays-Bas. Sans surprise la Pologne et la République tchèque comptent parmi les plus réticents.

Le gaz continue d’être soutenu

Et d’ores et déjà, un vote sur le Fonds de transition juste est venu ternir l’annonce de la Commission. Les députés européens ont confirmé en plénière mercredi 16 septembre que les projets de gaz naturel pourraient être soutenus dans certains cas particuliers pour des régions dépendant d’énergies encore plus polluantes (charbon, lignite, schiste bitumineux ou tourbe) et engagées dans la neutralité carbone (tous sauf la Pologne).

“Sous ces conditions on ne parle que de quelques projets gaziers susceptibles d’être éligibles dans la quinzaine de régions, sur 280 en Europe, qui entrent dans la catégorie ‘fortement dépendantes du charbon”, a souligné Pascal Canfin, qui a voté pour l’inclusion du gaz. “Les députés européens viennent d’accepter que l’argent des contribuables puisse être utilisé pour payer le gaz fossile, au risque de nous enfermer dans des actifs immobilisés et la pollution climatique, et d’augmenter les coûts de la transition”, a réagi le WWF Europe.

Concepcion Alvarez @conce1

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