GRS (Groupe Révolution Socialiste.)

Il y a 150 ans, la Commune de Paris a constitué un événement marquant pourl’émancipation de la classe ouvrière. Elle reste un des socles pour appréhender l’auto-organisation populaire.  

UNE INSURRECTION : C’EST TOUT UN PEUPLE RASSEMBLÉ !

Humiliée par la défaite de Napoléon III du 4 septembre 1870, éprouvée par le siège qui durait depuis 5 mois, la population parisienne qui s’était farouchement battue contre l’occupation, assiste impuissante en février 1871, au défilé des Champs-Élysées célébrant la victoire des armées prussiennes. Cela déclenche une rage qui se répand dans les quartiers populaires de Montmartre, de Belleville et de la Villette. Replié sur Versailles, le gouvernement en fait monarchiste de Thierssoutenu par des républicains « du lendemain » décide le 18 mars 1871 de retirer les armes aux ParisienEs. La tentative de désarmement des citoyenEs parisiens et de la Garde nationale a été vécue comme le prélude à un coup d’État monarchiste. Le peuple déclare alors, par l’insurrection, son droit à prendre en mains ses affaires et sa volonté d’instaurer un gouvernement autonome de Paris. Dans notre histoire martiniquaise ce fut le cas en juin 1943, lorsque l’amiral Robert en s’en prenant aux militaires du contingent de Balata partisans de la dissidence, fit se soulever le peuple de Fort de France.

UNE DÉMOCRATIE : C’EST LE POUVOIR TOTALEMENT DÉTENU PAR LES CITOYEN.NE.S.  

L’une des premières actions entreprises par les communards a été l’organisation des élections, le 24 mars 1871 dans le cadre desquelles les électeurs ont plébiscité les listes soutenues par le Comité central des 20 arrondissements (né au début du siège de la ville) ou par la première Internationale. Les 66 membres de la Commune constituaient donc un organisme révolutionnaire élu démocratiquement ! Dès le 15 septembre 1870, l’Affiche rouge, rédigée par le Comité central des 20 arrondissements, envisageait une transformation du système politique, économique et social : d’où abolition de la police et de la bureaucratie, élection de tous les fonctionnaires, expropriation des exploiteurs des denrées alimentaires, rationnement égalitaire, distribution des armes et mobilisation de toute la population !

REFAIRE LA COMMUNE :

LA CLASSE OUVRIÈRE DYNAMISE LES AUTRES COUCHES SOCIALES EXPLOITÉES.

La proclamation de la Commune a aussi été interprétée comme une revanche des quartiers ouvriers et un acte de réappropriation de la ville, à travers des débats concernant la justice sociale et démocratique, les formes de délégation et le rapport du citoyen aux institutions. Il s’agit de prendre en main leur lutte, leur combat, de mettre en place  la démocratie directe et de se mobiliser.

Pendant la Commune de 1871, il y avait beaucoup d’ouvriers et aussi des petits boutiquiers, des petits magasins, des artisans. Chez nous en Martinique de 2009, ça dépassait largement les couches sociales du syndicalisme ouvrier. Il y a donc aussi des points de ressemblance et des leçons à tirer pour prendre en compte des couches sociales qui subissent d’une manière très difficile la crise et puis l’austérité. »

RICHESSES SOCIALISÉES ET AUTO-ORGANISATION.

Pour les communards, la poursuite de la guerre était associée à l’émergence d’une République démocratique et sociale longtemps attendue. L’égalité des conditions sociales et économiques était considérée un préalable pour l’exercice et la réalisation de la démocratie. Les formes horizontales d’organisation politique (commissions, révocabilité des élus, assemblées de quartier, clubs…) accompagnaient les mesures d’annulation des dettes pour les foyers pauvres et les actions visant à reprendre en main l’économie et les ateliers. Les mêmes choses se posent aujourd’hui, quand on pense à la sécurité sociale, par exemple : façon de socialiser les richesses et de socialiser le travail; on voit que cet héritage de lutte est en danger.

QUE NOS LUTTES UNITAIRES FASSENT VIVRE LA COMMUNE.

La Commune n’a pas une seule signification, elle ne correspond pas à un seul courant politique ni d’ailleurs à un seul programme. Alors, comme aujourd’hui, et comme chez nous, elle cristallise des mouvements et des aspirations anciennes ou toutes nouvelles : libertaires, africanistes, rastafariennes communalistes, démocratiques, républicaines, socialistes, révolutionnaires. Mais si nous ramenons cette histoire à l’essentiel, nous pouvons écouter ce même cri pour l’affirmation du droit du peuple à s’auto-gouverner.

 

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