Vu sur francetvinfo.fr-On parle de la dyslexie, positivement pour une fois, dans “Le billet sciences du weekend”. Les précisions de Mathilde Fontez sur les résultats publiés par une chercheuse de Cambridge. 

Mathilde Fontez, rédactrice en chef au magazine Epsiloon nous parle aujourd’hui d’un trouble qui touche 20% de la population. La dyslexie. Tout le monde connaît au moins une personne dyslexique, quand on ne l’est pas soi-même.

franceinfo : Des chercheurs nous disent aujourd’hui qu’il peut y avoir des avantages à être dyslexique ?   

Mathilde Fontez : Alors bien sûr, l’idée n’est pas de nier les difficultés, les souffrances ressenties par les personnes dyslexiques. Il n’y a pas de doute, c’est un trouble neuronal qui transforme l’apprentissage de la lecture et de l’écriture en enfer. Voire qui les rend impossible. Mais pas que : c’est ce que montre une chercheuse de l’université Cambridge, Helen Taylor : être dyslexique, c’est aussi avoir une autre manière de raisonner, une autre forme de cognition, qui peut avoir ses avantages.

Quels avantages ?

Une meilleure vision d’ensemble, de plus grandes capacités dans la résolution de problèmes ; dans l’anticipation des tendances à long terme ; dans l’invention de solutions originales. Parce que les dyslexiques ne sont pas capables d’acquérir des réflexes automatiques dans le traitement de certaines informations. C’est ce qui rend l’apprentissage de la lecture et de l’écriture très difficile.

Mais ça leur permet en quelque sorte de réinventer tout le temps un processus ; d’explorer de nouvelles stratégies, potentiellement meilleures. Ça se voit dans leur cerveau : quand ils réfléchissent, ils ne mobilisent pas les mêmes zones du cerveau. Les chercheurs ont aussi vu des différences au niveau de l’organisation des neurones, ils semblent moins connectés localement, mais plus connectés globalement.

Bref, les dyslexiques traitent les informations un peu différemment, de manière plus lente et laborieuse pour certaines tâches. Mais pas pour toutes. Leur cerveau les prédispose à l’exploration de l’inconnu.

Sauf que la lecture et l’écriture, c’est incontournable ? 

Oui, mais ce que montrent les chercheurs, c’est que si cet apprentissage difficile est géré, s’il est surmonté, les dyslexiques bénéficient d’une grande richesse. D’ailleurs, ils sont nombreux dans des domaines d’études ou de travail qui demandent une grande capacité d’exploration, comme les artistes, les designers, les ingénieurs, les entrepreneurs. Aux États-Unis, 35% des entrepreneurs sont dyslexiques.

Pourquoi est-ce qu’on ne découvre ça que maintenant ?

Ça fait longtemps qu’il y a des travaux en labo, et des témoignages de médecins qui mettaient en valeur des aptitudes cognitives améliorées chez les dyslexiques. Par exemple, on a découvert il y a 20 ans, qu’ils détectent bien plus vite que les autres les incohérences dans les images : comme des escaliers compliqués qui tournent dans tous les sens, et qui sont impossibles quand on les regarde bien. Mais il fallait faire le gros travail de rassembler ces travaux, et de les faire parler.

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