Samedi 27 juillet 2024 s’est tenue la première édition de « La Maison du Bonheur », instituée par le parti politique « La Martinique Ensemble ». C’est un rendez-vous mensuel où la population est amenée à se réunir et débattre autour d’un thème spécifique qui touche son quotidien. Des spécialistes et des techniciens sont  intervenus pour donner des clés de compréhension au public, mais aussi des outils pour faire face à ces préoccupations. Cette session inaugurale a concerné le thème des « aidants familiaux » et s’est déroulée sous la présidence d’honneur de Mme Jenny Stéphanie Victoire, présidente de l’AMAF (Association Martiniquaise des Aidants familiaux). Durant la matinée, des experts en tout genre (gériatre, juriste, notaire, directeur d’EPHAD,…) ont tenu des conférences sur les différents aspects des problématiques mises en jeux. L’après-midi, intitulée « le temps d’une pause » était consacrée à l’animation d’ateliers bien-être à destination des aidants et les aidés.

Photo de couverture : Catherine Conconne et Marie Frantz Tinot de “La Martinique Ensemble”

Pourquoi avoir créé cette maison du bonheur ?

« En 2021, lorsque nous sommes allés aux élections de Collectivité Territoriale, nous avions un slogan, un fil conducteur qui était le droit au bonheur de nos populations » – Catherine Conconne

Cette initiative vient d’un constat simple : sur le terrain des campagnes électorales, les membres et militants du parti se sont retrouvés face à une souffrance de la population martiniquaise.

« On s’est demandé de manière humble et concrète, comment nous, parti politique, hors des périodes électorales, hors des moments où on appelle les gens à voter, nous pourrions contribuer à apaiser cette souffrance grandissante qu’on observait au contact de la population. On s’est demandé comment aider, à notre niveau, ces gens-là . C’est comme cela qu’est né le concept de la maison du bonheur ». 

Catherine Conconne, Secrétaire Générale du parti « Martinique Ensemble « 

L’idée, c’est accueillir, pendant une journée, les personnes touchées par une problématique de vie particulière. Le public est mis en contact avec un collège d’experts qui répond à ses questions. Ces spécialistes donnent des informations, et portent à la connaissance de tous, les dispositifs peu ou pas connus du public. Des outils sont présentés afin de répondre concrètement aux différents problèmes rencontrés par les martiniquais. Il était question, en réalité, de faciliter les échanges entre spécialistes de la question des aidants et le public concerné.

atelier massage

Des conférences autour de la problématique des aidants familiaux

Dans la matinée, six conférences, d’une demi-heure chacune, se sont succédé autour de thématiques variées sur la question des « aidants familiaux ». Des experts sont venus apporter des informations au public. Il a par exemple été question de  « l’aide à la détresse des aidants ». Comment prévenir la dépression des aidants ? Comment gérer une tutelle ou une curatelle ? Ce sont autant de questions qui ont été discutées. Des concepts, tel le baluchonnage, ont été expliqués. Les nouveaux moyens d’aides à domicile et les nouveaux lieux d’accueil pour personnes âgées ont été présentés. Des solutions novatrices sont possibles, que cela soit en EHPAD ou chez soi, avec des nouvelles technologies liées à la domotique, l’habitat inclusif…En somme, c’est tout un éventail de ce qui se fait de mieux pour les aidants familiaux, afin de leur faciliter la vie, qui a été proposé.

 « Ce matin on a eu une vision globale de toutes les problématiques rencontrées par les aidants familiaux. Et puis dans un département vieillissant, il a  été intéressant de découvrir que les personnes âgées pouvaient restez chez elle, finir leurs jours chez elles et pas forcément dans des EHPAD. Et si elles doivent aller en EHPAD, que cela peut-être fait dans des conditions convenables. Une autre information m’a semblée essentielle : c’est que nous nous battons pour que les aidants, dont je fais parti, puissent avoir des moments de répit, des pauses. Des journées, des rencontres, comme des croisières sont organisées à cet effet »

Viviane, retraité, bénévole d’une association d’aidants et sympathisante du parti politique « La Martinique Ensemble ».

« On ne peut pas laisser autant de gens souffrir face à leurs parents malades, face à leurs enfants en difficulté alors qu’il y a des dispositifs qui existent . Diffuser et vulgariser ces dispositifs semble essentiel »,

conclue Mme Conconne ».

Des ateliers de bien-être à destination des aidants et des aidés

Atelier Yoga

Le public a pu bénéficier de cercles d’écoute avec un psychologue. Il s’agissait de libérer la parole des aidants en souffrance. Cela a constitué un moment d’échange et de partage où les aidants ont pu se rendre compte qu’ils n’étaient pas isolés, seuls à connaître  ces difficultés. Deux assistantes sociales ont tenu une permanence durant toute l’après-midi. Des ateliers de réflexologie plantaire, de Yoga actif étaient également proposés. Un socio coiffeur a expliqué aux participant.e.s comment utiliser le « Care », donc la socio-esthétique pour aller mieux. Il s’agissait là d’apprendre à reprendre confiance en soi, à se reprendre en main, à ne pas se laisser-aller. Des séances de Qui-Gong portaient sur la respiration afin de mieux gérer son stress. On apprenait à se détendre face à un quotidien stressant. Un atelier de détoxination aidait à l’élimination des toxines dans le corps.

« Ma participation à l’atelier massage s’est très bien passée. Je me sens actuellement très bien. Cela détend. On respire, on se relaxe. Vous voyez, j’ai deux patchs sur le visage, c’est pour le stress. Je dois garder cela jusqu’à demain matin et je dois appuyer de temps en temps dessus pour faire évacuer le stress »

explique Georgette Alcindor, aidante, participante aux ateliers.

Un peu plus de 100 personnes ont été présentes sur toute la journée.

Contourner les freins institutionnels et mieux évaluer les politiques publiques

Atelier bien-être zen

Une CTM à la gouvernance problématique

« J’ai militée pour cette forme de gouvernance avec un Conseil exécutif, une assemblée élue à la proportionnelle . Aujourd’hui, je dis  que nous nous sommes trompés. On a cassé le lien qui existait lors du Conseil Général. C’était 45 cantons avec des gens identifiés sur le territoire. Moi j’ai été Conseillère Générale d’un canton qui comprenait Volga Plage, Dillon, Eaux Découpées. Les gens me connaissaient : lorsqu’ils avaient un problème, ils m’appelaient. Aujourd’hui on est noyé dans une masse. Vous avez une découpe qui a été faite sur le modèle des législatives. On sait très bien que les législatives n’ont rien à voir avec la proximité. »

En effet, l’élection législative, qui sert de calque à l’élection de la Collectivité Territoriale de la Martinique, n’est pas considérée comme un scrutin de proximité : les députés sont des élus qui paraissent comme des entités lointaines, aux yeux des administrés.  Il faudrait revenir, selon la Secrétaire Générale du parti Martinique Ensemble, à une formule avec laquelle les gens sont davantage identifiés dans leur territoire. Il s’agirait de veiller encore à avoir des institutions qui ressemblent à notre culture. « Nous sommes dans une culture de la proximité, ici on aime parler, on aime s’adresser aux gens. Les maires croulent sous les audiences. », ajoute madame Conconne. La cheffe de file du parti « Martinique Ensemble » rajoute

«  si vous prenez la liste des gens qui sont inscrits sur la circonscription Nord, elle va de Schœlcher à Sainte-Marie, en passant par Morne-vert. Comment quelqu’un peut-il raisonnablement s’y retrouver ? On n’arrive même pas à un élu par commune. Le fonctionnement est aberrant ».

Selon l’élue Catherine Conconne, le système tel qu’il existe est  « un mauvais système. C’est une proportionnelle intégrale déguisée qui éloigne l’électeur de ses élus ». La femme politique conclut qu’il faudrait donc revenir à une formule telle que l’avait proposée Rodolphe Désiré ou Camille Darsières. Ils auraient préféré une reproduction de ce qui se faisait avec le Conseil Général. En d’autres termes, Catherine Conconne laisse entendre que la réforme institutionnelle est loin d’être aboutie.

La nécessité d’évaluer les politiques publiques

Un autre point, qui fait si une politique publique est efficace ou non, est sa capacité à s’actualiser aux réalité du pays, sa capacité à être évaluée. Gouverner c’est aussi avoir du bon sens, écouter les gens, rentrer dans leur quotidien, aller voir si les dispositifs mis en place sont pertinents. Une telle initiative comme la Maison du bonheur est une façon d’effectuer ce retour d’expérience qu’ont tendance à négliger les politiques au pays.

«  On doit s’adapter au quotidien des gens et pas simplement mettre en place des politiques publiques dans lesquelles on se fait plaisir, on est un peu dans l’idéologie, on glane des concepts inadaptés qui font que sur le terrain cela ne marche pas »,

précise Catherine Conconne.

Selon l’élue, il faut évaluer en permanence les politiques publiques. « Nous ne sommes que 345 000 Martiniquais, l’exercice est facile » insiste Catherine Conconne. Il y a des outils d’évaluation de politiques publiques, il existe des spécialistes dédiés à ces fonctions. Il faudrait les invoquer plus systématiquement que cela n’est fait actuellement. Il n’existe pas de véritable culture de l’évaluation en Martinique, continue l’élue. « Il n’y a pas que l’argent qui compte. Ici, quand on vous parle d’évaluation, on nous dit « ah oui, on a mis X millions dans telle politique. Mais l’argent ne fait pas le bonheur, l’argent ne fait pas la pertinence. On peut avoir mis beaucoup d’argent dans une politique publique qui n’a aucun effet. On dépense, mais il n’y a pas d’impact sur le quotidien des gens ».

Si la Maison du Bonheur n’a pas la prétention de résoudre tous les malfonctionnements structurels de l’île, elle aurait au moins pour objet la considération des véritables problèmes rencontrés par la société martiniquaise, dans une approche simple et empiriques des choses. Elle considère l’action publique comme l’affaire de tous pour tous dans une démarche citoyenne participative.

« Trop souvent on résume l’action politique à l’élection, les clameurs, les effets de voix, les affrontements, les débats, mais il n’y a pas que cela. L’action politique doit se dérouler toute l’année et nous devons mieux évaluer les politiques publiques » ,

Secrétaire Générale de Martinique Ensemble, Catherine Conconne.

Leïla Gonier

 

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